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Le S.I.A

5hdu matin étant une bonne heure pour voir le lever du soleil, je sors de ma tente précipitamment pour me retrouver au dessus des nuages. Toute la vallée est dans la brume et moi et le soleil sommes perchés au dessus de cette mer blanche. Je ne peux pas rester perché toute la journée, je commence alors ma descente vers le monde des simples mortels. J’ai 6km à faire, avec un pause tous les 2km, car mon sac est vraiment lourd.
Au fur et à mesure, je rattrape les nuages et me trouve la tête dedans, pour de nouveau les quitter pour les voir au dessus de moi cette fois-ci. Après un peu moins de 3h dans les bois, je retrouve la 132, je pratique alors mon pouce. 5 minutes suffisent pour que Marie-Hélène et Sylvain, s’arrêtent avec leur camping-car. Ils sont en retraite et bougent pas mal de fois avec leur véhicule pour se faire des aventures de quelques jours. Aujourd’hui, ils vont au Nouveau-Brunwick. Parfait, cela m’avance de 70km.
Sur la route on s’arrête, car ils n’ont pas encore déjeuné, à côté du restaurant, il y a un magasin, on convient alors de se rejoindre après. Je vais donc faire mes courses et au retour, ils sont prêts peu longtemps après moi. Ils sont déjà allés plusieurs fois en Europe, mais préfèrent la Gaspésie, « il y a trop de monde, trop de touristes en Europe. »
Nous arrivons à Pointe à Croix, mais ils me déposent plus loin à Lusujeg, une réserve, où ils font le plein, vu que l’essence est moins cher. Me voilà de nouveau avec mes sacs, sur la route, avec mon pouce tendu.

Rapidement, une voiture s’arrête, David, s’arrête, une blonde, 3 enfants et un vélo dans le coffre. Il va à Amqui, pour faire des descentes sur les pistes de ski avec des amis. Amqui est à 90km, autrement dit ça m’avance bien. Mais je pense m’arrêter à Matapédié, car je voudrais me faire une partie du S.I.A, le sentier international des Appalaches, un sentier de 1000km dans le Québec, traversant les Appalaches du Nouveau-Brunswick à la Pointe de Forillon.
Je pense faire une partie, un 50km pendant 2-3 jours. Mais tout bien réfléchi, je laisse tomber pour continuer à Amqui, car il commence à pleuvoir et je ne suis pas sur de supporter 50km avec ma charge et mes vieilles chaussures de courses. Non c’est plus sage de continuer, vu que je peux avancer jusque Amqui.

Nous passons la vallée de la Matapédia, une des trois rivières qui alimente le début de la Baie des Chaleurs. Dommage, que je ne suis pas en vélo, il y a des belles haltes à faire et puis c’est relativement plat, vu que l’on suit le cours d’eau. Après une bonne heure, on arrive à Amqui, David me dépose à côté du pont couvert de la ville. De là commence une autre partie du S.I.A.
J’ai déjà fait plus de 160km en 2h30. Si je continue, je serai à Montréal ce soir. Il faut que je profite de mes derniers jours, je passe donc le pont et marche pour faire le S.I.A. Le sentier fait la rive Nord du Lac sur 20km, puis monte vers les montagnes.
Je pense alors faire 20km aujourd’hui et faire le reste du lac, demain par un chemin de terre indiqué sur la carte, pour rejoindre Sayabec. La différence avec Matapédia, c’était 50km de forêt sans route, donc pas de voiture en cas de problème de portage de sac.
Le sentier débute par une route asphaltée, pendant 5km. On arrive à la forêt, où les moustiques sont en meute. Je m’asperge de produit et retrouve la paix. Une fois dans la forêt, le sentier varie entre piste forestière et route de terre. Ce n’est pas l’idée que je me faisais d’un sentier. Je pensais avoir des petits passages en forêt comme en randonnée de montagne, au lieu de ces autoroutes.
En avançant, on arrive à un camp de vacances, où l’on voit enfin le lac. Des canots sont sur la plage, je me vois déjà sur le lac, pagayant tels les indiens d’autrefois. Ils sont tous attachés, l’idée d’en prendre un me torture l’esprit. Prêt à scier le cadenas avec mon couteau suisse et pagayer avec une planche de bois. Mais ma raison me revient et je reprends ma marche pour ne plus penser à mes pulsions de vol de canot.
Pour me rafraichir les idées, il commence à pleuvoir. La pluie devient de plus en plus forte, je mets le poncho, car je suis à découvert dans ces grands chemins de forêt. Dés que je trouve un endroit sec, je m’arrête reposer mon dos. J’arrive à un sentier qui ressemble plus à un sentier de randonnée, je suis un peu plus à l’abri et c’est plus agréable. J’en ai marre des rigoles laissées par les engins des routes forestières, où tu n’as pas d’endroits secs où marcher et où tu risques de perdre ta chaussure qui s’enfonce à chaque nouveau pas.
Le temps me paraît long, il me restait 8km depuis les canots et là, je ne suis toujours pas arrivé à la fin du S.I.A. C’est vrai que je m’arrête souvent avec le sac mais je ne pense pas faire du 2km/h.
Il suffit que je pense à ça pour que j’arrive, à une villégiature, je cherche alors un terrain, où la maison ne semble pas occupée en ce moment, pour installer ma tente sur celui-ci
Je trouve une place à côté d’un arbre, qui me permette de tendre mon poncho avec de la ficelle, pour faire un préau improvisé, me permettant de faire sécher mon linge sur un fil en dessous.
La pluie ne cessant pas, je m’enferme dans ma tente, et j’attends en mangeant du nutella, que le sommeil vienne me prendre

Carleton - Amqui 155 km (24 km de marche)

Vue de ma tente au réveil

Sylvain et Marie-Héléne

Amqui

Lac Matapédia

Le barachois

J’ai du m’endormir, tant pis pour mon tour en bateau avec Tony, c’est fatiguant de ne rien faire, 4h que je traine sur la plage. J’ai eu le temps d’essayer toutes les balançoires, faire le fou avec mon vélo cassé, écrire, manger,… J’avais tout fait et à 19h, il faisait frais alors je me suis mis dans le sac de couchage et le sommeil est arrivé, pas beaucoup plus tard.
La pluie m’empêche de dormir depuis déjà un bout de temps. Je me réveille, sans penser aux kilomètres. J’ai une semaine pour faire 220km, je me laisse donc porter tranquillement par le temps. A la moindre accalmie, je plie bagage et m’abrite sous le préau du quai, où je fais mon sac.
Ça va être lourd, il n’y a pas de doute, toutes mes affaires réunies, je dois bien porter un 25kg.
J’arrive à la 132, à la cinquième voiture à qui j’offre mon pouce, je suis pris. Colette me prend et me dépose à l’entrée de New Richmond. Elle travaille à la zone industrielle.
Je continue la route st prend un chemin dans les bois, qui me mènera surement à la ville. Exact, j’arrive dans le centre-ville et en descendant le boulevard Cyr, j’arrive à un magasin, il ouvre à 8h, dans dix minutes. Parfait, je vais me faire des provisions, pour ne pas être dépendant de la bouffe, selon où l’on me déposera en voiture. Comme si, je n’étais pas déjà assez chargé, me voilà avec du poids en plus. Je vais prés de l’église et trouve une descente à une plage. Je me régale avec mon bol de céréales et la vue de la mer argentée devant moi. Rompu, je digère en marchant sur la plage et remonte dans un jardin, pour ne pas surprendre les habitants en pyjamas, j’avance dans les bois pour rejoindre la route.

Maintenant que je suis fourni en nourriture, je peux avancer. Le problème est que je suis désormais sur une petite route, où il n’y a pas beaucoup de passage. Pris par ma charge, je m’arrête souvent. Finalement Stan, un jeune conducteur, s’arrête, allant à Cacaspédia, il m’avance jusque la 132 et lui continue sur la 299. Je continue mon petit bonhomme de chemin et fait bien 2km sans que personne, ne me prennne, le sac est vraiment lourd, j’ai du mal à le porter, toutes les 30 minutes, je fais une pause. Je commence à me dire qu’heureusement, j’ai le bus en cas de dernier recours pour le retour, car je ne vais pas avancer si c’est tout le temps comme ça.
Rudy et Tom,son chien, s’arrêtent à ma hauteur et m’embarquent. D’origine de Gaspé, Rudy bosse depuis deux ans au restaurant de sushi de Maria et vit sur Carleton. On s’arrête un petit moment à Maria car il doit faire des photocopies et repart vers Carleton. Je me trouve sur la place de l’église de Carleton, dix minutes plus-tard.
Après m’être informé sur l’histoire du clocher, je descends sur le chenal, au bord du barachois, la vue est superbe, surtout que le temps est au ciel bleu. Je vois enfin la Baie des Chaleurs en bleu.

Arrivé aux tables de repos, Eric, m’interpelle, un gars de Montréal, Rimouski et de Carleton depuis peu, de partout ailleurs un peu. Un gars qui depuis qu’il a 18ans, bouge de ville en ville selon ses envies, cela fait maintenant 15 ans qu’il fait ça, dans la quête de trouver la terre où il arrivera à se poser. Connaisseur de l’histoire du Québec et des cultures autochtones, parlant même l’Algonquin, il me narre des histoires du Québec et les secrets des fonds de tiroirs du pays. Rassasié de culture, je le quitte pour me poster sur la tour d’observation, plus loin à la pointe. Une fois là bas, je me restaure, perché comme le corbeau dégustant son fromage avant que des renards me privent de cette tranquillité. L’on voit toute la ville, les côtes du Nouveau-Brunswick et le Mont St Joseph, que je regarde avec convoitise, en me disant que vu l’heure, si je m’arrête toutes les ½ heures, je serais bien posté pour camper pour la nuit avec encore une meilleure vue que sur la tour.

Je m’en vais, un homme est garé au bas de la tour, je lui dis bonjour et l’interroge sur les sentiers possibles vers le mont. Peu après me voilà embarqué avec Pierre, qui m’invite chez lui, pour faire un arrêt mise d’huile dans la carrette en prévision de monter le mont. On jase un peu de spiritualité et il m’invite à prendre une douche, le temps de me laver, l’huile est mise et nous grimpons.
De la haut, on a vue sur une bonne partie de la baie, en voyant les monts Chic Choc de l’autre côté.
Postés là haut, on jase encore et devant redescendre, Pierre me laisse et m’indique un poste au bord de la descente pour camper.
Je descends et prenant sur la gauche, je tombe sur un à pic avec vue écœurante, je fais demi-tour et vais mettre ma tente plus loin et retourne avec tout ce qu’il me faut avant de me coucher pour m’installer sur les roches au bord de la falaise.
J’attends ainsi le coucher de soleil en regardant les petits hommes qui s’agitent en bas dans le stress de la vie quotidienne. Après mangé, je remonte au mont pour avoir un point de vue général sur la fin de journée. Les montagnes deviennent vaporeuses dans le déclin de la luminosité. Avant qu’il ne fasse noir, je retrouve ma tente.

Caplan - Carleton 53km (13km de marche)

Carleton

Le barachois de Carleton

Admirez mon bronzage

Changement de programme

Les pêcheurs sont au pied de ma tente, quand je me réveille. J’avais repéré des flotteurs hier, en me disant que je serai bien posté pour regarder les pêcheurs en action au matin, ça ne manque pas.
Ils doivent être en train de pêcher du homard ou des crabes car ils remontent des cagettes. J’ai repris mon habitude de rouler dés 6h-7h du matin, je préfère me la couler douce sur la route et prendre mon petit déjeuner, après avoir déjà avancé un peu, plutôt que me rouler les pouces sous la tente et devoir rouler plus vite pour arriver à mes escales.
De nouveau les villages se suivent et se ressemblent, j’ai l’impression d’entendre toujours en bruit de fond, des aboiements et des tondeuses, je regarde dans les maisons et vois des gens sur le fauteuil devant leur télévision, est-ce que la vie ordinaire se rythme ainsi? Tondeuse, télé, dodo. Je suis bien mieux sur ma selle.
La pluie refait son apparition, il a déjà plu la nuit, mais ça ne suffit pas sans doute. A Paspébiac, je m’arrête à un abri et fait encore des lettres, les dernières avant mon retour. Paspébiac veut dire « point d’arrêt » en Mic Mac, c’est donc le meilleur endroit pour ma pause.
En arrivant à Bonaventure, je vois un panneau de la route verte, cela fait longtemps que je n’en ai pas pris, je m’y engage, à mon plus grand regret. Pour faire le détour de la ville, ils nous engagent dans des routes mal entretenues. Mon bagage arrière se fait bien secouer. On arrive à la rivière Bonaventure de l’autre côté de la baie, l’eau est magnifique, bleu turquoise et transparente à souhait.
La route verte retourne sur la grosse route, mais je me fais avoir une nouvelle fois, ce n’est pas la 132, mais une route secondaire menant à St Elzéar, dans les terres. J’en ai marre de ces faux plans de la route verte, ça termine tout le temps avec des détours et des routes merdiques, si encore le décor était beau, mais non. Dés que je peux je redescends sur la 132.
Il est 14 h et je suis affamé, je pensais me faire des frites dans une cantine donc je n’ai rien de prévu, bien tombé, je n’en trouve pas. Il faut faire encore plus de 5km avant que j’en trouve une.
Cela fait du bien, du bon gras d’hamburger et des frites, même si la qualité n’est pas celle des friteries du Nord.
Il reste 20km pour arriver, où je pense m’arrêter. Voulant me faire une pause fessier et goûter, je vais descendre à un quai. La municipalité a cru malin de poser un ralentisseur gros comme une bordure en fin de pente. J’arrive donc à pleine vitesse dessus ce qui fait tomber quelque chose de mon vélo, sans doute un bagage. Gagné, c’est bien mes bagages, avec le porte bagage et la selle en prime. Je me trouve maintenant sans selle. Heureusement, que je n’étais pas assis pendant la descente, sinon j’aurais pu me retrouver avec un gros problème de fessier. Je sors les outils pour voir si j’arrive à enlever le bout restant dans le cadre, rien à faire.
Il est temps de faire le point. Soit je m’acharne et arrive peut-être à enlever le bout, il me reste alors à trouver une autre selle. Soit, je laisse le vélo et en trouve un autre quitte à en piquer un devant une école. Soit, je fais le tri dans mes affaires et je finis le parcours, en pouce et à pied avec tout mon barda sur mes épaules. J’essaye un peu les trois et finalement, je finis par décider le pouce et la marche. Il ne me reste que 250km, jusque St Flavie pour finir ma boucle. Je peux me faire de la marche sur certains endroits, où je sais qu’il y a des sentiers pédestres et faire du pouce pour me rendre de l’un à l’autre, comme ça n’ayant plus mon vélo, je pourrais découvrir les sentiers et me faire une partie du sentier des Appalaches du côté de Matapédia.
Changement de programme donc, j’arrête ici mon massacre de vélo et repose mon fessier pour abimer ma voute plantaire et alourdir la charge sur mon dos.
Je pose ma tente dans la halte à côté du quai. Après ma séance d’écriture, une voiture suivie d’un bateau arrive. Je vais voir et parle un peu avec Tony. Il s’en va à la pêche avec un ami. Si il ne fait pas nuit quand il rentre, il me propose de faire un tour sur la baie. En attendant je me prépare mon souper.

Port Daniel-Gascons - Caplan 81 km

Shigawake

Cormoran

New Carlisle

Ma selle

La dure séparation du confort.

C’est décidé je pars aujourd’hui, je profite des derniers instants du lit pour bien démarrer ma dernière semaine d’aventure. On s’habitue vite au confort, j’ai du mal à me motiver à partir, surtout avec le temps qu’il fait, il pleut. En attendant que la pluie cesse, je me prépare déjà. Denis part au boulot, on se dit alors au revoir et moi je m’en vais écrire une lettre à une amie. Une fois terminé, la pluie a fini elle aussi.
Je me décide enfin à prendre la route. Les jambes sont lourdes, mon coup de pédales, moins soutenu et ma motivation légère. Il me reste 400kmà faire pour conclure la boucle. Après ça , retour à Montréal en pouce.
Je suis ailleurs, mon séjour au Québec touche à sa fin, je réalise enfin. Le paysage défile devant moi, mais je ne fais pas attention. De toute manière avec la brume, je ne vois rien. C’est juste arrivé à Ste Thérése, que je m’arrête au port et que le déclic se fait avec quelques photos.
De retour sur la route, je suis plus éveillé à ce qui m’entoure. En arrivant à Chandler, je passe par le chenal et m’arrête au bord de la baie de Grand Pabos, pour manger et regarder les oiseaux. En continuant sur le chenal, j’arrive à un cul de sac, seul le chemin de fer à droit à un pont traversant l’eau, qu’à cela ne tienne, je passe avec mon vélo sur le pont et traverse. De l’autre bord, je sors de suite de la voie ferré et reprends une route. Une belle plage au bord de celle-ci attire mon œil et je fais une escale. En coupant ainsi par le chenal, j’ai gagné un bon 5km et je me trouve alors rapidement à Newport, je m’arrête là aussi sur une plage.
Depuis ce matin la côte est une succession d’anses aux roches rouge, comme le veut la région. La 132 n’est pas agréable, les villages sont trop rapprochés, on a l’impression de toujours rouler en ville, avec tout le temps des maisons au bord de route. Je la quitte au niveau de Gascons pour aller au bord de l’eau, de là j’ai vue sur la baie du Port Daniel et de la pointe du Sud Ouest, là où je pense m’arrêter pour la nuit.
La route est barrée mais je passe qu’en même, finalement, il n’y a rien. Je retourne sur la 132, pour m’arrêter à la poste, déposer mes lettres et prendre la route pour la pointe. La route passe dans les bois, je hume les essences de la forêt mouillée et me trouve devant l’entrée d’un motel. Ce dernier occupe tout le bout de pointe. Je m’installe donc dans les bois devant et profite de la plage avant de retrouver rapidement mon duvet pour me réchauffer et sombrer dans le sommeil.

Percé - Port Daniel-Gacons 82 km

Chandler

Newport

Port Daniel-Gascons

Le Mont Brumeux

Percé me plaît bien, je reste donc encore une journée ici. Il me reste à voir les monts St-Anne et mont Blanc. Au réveil, le brouillard est bien présent et la pluie est prévue au programme. Je profite d’une matinée tranquille sans bagages à faire.
A 10h, je quitte la maison pour me balader, avec un arrêt à la boulangerie pour un bon pain et un arrêt au phare pour du bon air. Rue de l’église, le sentier commence ici. La brume ne s’est pas dissipée au loin mais je ne désespère pas. Je vais d’abord voir « la grotte » qui est une gorge avec formation surprenante géologique. La roche forme comme des boulets avec une chute creusant le nombril.
Je rebrousse chemin et monte maintenant vers le mont St-Anne. Sur la route 5 belvédères, le premier est dégagé, du moins partiellement. Le deuxième quant a lui est un point de vue sur un voile blanc. Les suivants sont identiques sauf que le voile blanc s’enroule autour de nous de plus en plus serré avec l’altitude. En haut, on ne voit pas plus loin qu’à 3m devant soi. Je monte tout de même au sommet en passant par les falaises, là un courant d’air longeant la paroi, s’empare de mon chapeau. Je dois alors me frayer un chemin dans les bois pour le reprendre 5m plus loin.
Je suis au sommet, heureusement, il y a un abri, car il fait fort froid. Je mange et redescends aussi vite. Dommage j’aurais bien voulu voir le point de vue et la crevasse du côté du mont Blanc. Je redescends en ville et rentre au chaud chez Denis.
Étant au boulot, il est docteur, je fais la vaisselle et profite de la rhubarbe du jardin pour faire une tarte. Mon obligation de fée du logis étant finie, je m’en vais sur la toile. Quand Denis rentre, il part chez ses parents, mais rentre pour manger avec moi. Je me fais ma lessive et du courrier en écoutant de la musique et le voilà de retour. Je me remets au fourneau pour faire des pâtes aux saumons fumées et aux crabes.

Percé

La grotte

Ils sont fous ces Bassan.

Malgré mon matelas et la chaleur de mes draps, je me réveille aussi tôt qu’en tente, je laisse aller la télévision pour avoir de la musique et me préparer à quitter ma chambre, pour aller à l’île Bonaventure. Le temps de me faire rembourser de ma deuxième nuitée et de rendre les clés et je suis prêt.
Premier départ à 9h, je suis déjà sur les quais. Avant de nous déposer sur l’île le bateau fait un tour du Rocher Percé et de l’île pour que l’on puisse admirer les colonies d’oiseaux sur les parois rocheuses. C’est impressionnant la roche n’est plus rouge mais blanche, par le nombre d’individus ailés, mouettes, goélands, petits pingouins et fous de Bassan. L’île abrite la plus grosse colonie de fous de Bassan au monde. Ces oiseaux sont blancs, avec une tête jaune et des yeux bleus maquillés de noir. Ils portent leurs noms par les pêcheurs étonnés de leur capacités à plonger à pleine vitesse dans la mer, pour aller chercher des poissons, pouvant plonger à 5-6m de profondeur.

Nous voilà sur l’île, elle fait partie de la Sépaq, les parcs provinciaux du Québec. L’ouverture était tout juste avant hier, et avec le fort vent qu’il y a eu ces derniers temps, il y a du déblayage à faire sur les sentiers. C’est pour cela que seul celui menant à la colonie est ouvert.
Dans un sens ça n’est pas grave, vu que c’est la principale raison de venir des gens. Le sentier avance dans la forêt pendant 2km, pour nous mener de l’autre côté de l’île. On peut commencer à voir des oiseaux voler au dessus des arbres, encore quelques mètres et j’arrive à la colonie.
C’est impressionnant des centaines d’oiseaux sont postés là, tous des fous de Bassan. Les oiseaux sont juste à portée de main, ils sont là à couver leurs œufs. Le mâle et la femelle se relaient toutes les 3h, pendant que l’un couve, l’autre part à la pêche et revient continuellement pour nourrir l’autre. Un flot d’aller et venue d’oiseaux se déroule sans arrêt. La notion de couple est forte et à chaque retour de l’autre, ils se donnent des caresses de bec, pour se rassurer.
L’oiseau est très nerveux et des prises de bec avec ses voisins ne sont pas rares. Avant son envol, le fou de Bassan lève la tête au ciel pour remplir ses poches d’air pour plonger après en mer.

Je reste là plus de 3h à les observer, c’est fascinant de voir leurs comportements d’aussi prêt et en si grand nombre. Au bout d’un moment, l’emprise du froid l’emporte sur ma fascination et je redescends donc au quai.
Le bateau est à 16h, je dois donc attendre une heure en écrivant et en dormant.

De retour sur Percé, deux français étant sur l’île au même moment que moi, m’aborde à cause de mon accent. Eux aussi sont en voyage, mais en voiture, ils viennent de Tadoussac et partent pour les chutes du Niagara. Trop de kilométrages à mon goût.
Je reprends la route, vers chez Denis, mon hébergeur. Je passe à la galerie d’Art du village et bloque sur les peintures de Flynn. Il y a bien 3km pour aller à la maison de Denis depuis la sortie de Percé, je marche donc le long de la route en espérant retrouver la maison, ne l’ayant vu qu’une fois de nuit pour l’instant. Une voiture s’arrête devant moi, ceux sont les français qui me proposent de me déposer. Nous sommes à la recherche de la maison, en roulant doucement nous arrivons à la trouver. Je descends et souhaite bonne route aux Frenchy. Denis n’est pas encore rentré, je fais un tour du jardin et il arrive au même moment, accompagné de deux femelles, qui ont du pinçant, ce soir au menu, homards. Décidément, je m’adapte bien en Gaspésie, crevettes, lasagnes aux fruits de mer, homards et crabes.
La soirée se déroule avec nos deux crustacés entre décorticage et bavardage. L’heure est à la fatigue, il est temps de retrouver mon lit confortable.

Petit pingouin

Goëland

Fou de Bassan

Ile Bonaventure

Chez Denis

Deux femelles avec du pinçant

Percé

Mon épaule me fait encore mal, c’est donc douloureusement que je prends la route vers Gaspé. Le vent est contre moi, je suis content d’avoir réussi à avancer le plus loin possible hier, car il ne me reste pas loin pour arriver au pont traversant la baie de Gaspé. Une fois le pont traversé, le vent est maintenant avec moi, je m’envole donc jusque Gaspé. Je me fais pas mal de pause pour reposer mon épaule, quelques instants. En revoyant sur l’autre rive la péninsule de Forillon, je comprends pourquoi j’ai mis autant de temps à en sortir. Elle est étendue sur des kilomètres. J’arrive tout de même à Gaspé rapidement, il ne me restait plus qu’une vingtaine de kilomètres du lieu où j’ai dormi.
La ville n’est pas grande et je ne trouve pas le charme caractéristique des villages de la région. Je ne prends même pas le temps de faire une halte, que je ressors déjà par un autre pont.
A partir d’ici, il me reste une grosse soixantaine de Percé. Je croise un bout de la route verte, que je prends et où je déjeune avec la péninsule en face de moi. Pour l’instant tout va bien, le vent me porte encore et j’écrase la distance plus facilement que je ne le pensais, malgré ma douleur à l’épaule. Tout va bien jusqu’au moment où j’arrive au bout de la baie de Gaspé et que je dois prendre la courbe pour me retrouver de nouveau face au vent pendant un bon 10km. Avec la fatigue et le paysage inintéressant du secteur, je ne trouve pas de motivation et me traine lentement en pestant comme un fou contre les forces de la nature qui freinent mon avancée. Il faut que j’arrive à Percé, aujourd’hui, je veux me poser à un hôtel et profiter d’une journée de repos.
Avec quelques plomb en moins dans ma caboche, j’arrive au moment où je peux virer de bord et ravoir le vent de dos, jusqu’à la baie de Percé. Le vent m’aide, mais mon épaule se réveille de plus en plus rapidement. Je n’ai plus beaucoup de batterie à mon appareil reflex et mon compact est déjà vide, je n’ai donc plus de moyen de savoir l’heure et je commence à avoir peur sur mes capacités à faire la distance prévue.
Je me pose autant qu’il le faut en profitant du paysage et de la facilité de rouler vent dans le dos. J’arrive tout de même à la pointe, me voilà à la baie de Percé, je profite une dernière fois de la péninsule de Forillon.
Je franchis le tournant et tombe nez à nez avec un point de vue de toute beauté, le point de vue que j’attendais, celui ci symbolise mon repos. Devant moi voilà, l’île Bonaventure, le Rocher Percé, Percé et les montagnes qui les précèdent. Pour l’heure les montagnes ne me dérangent pas plus que ça, ce qui m’ennuie c’est plutôt les 20 km qui arrivent avant que je n’arrive au bout de la baie. 20 kilomètres avec le vent de face, je me prépare depuis un moment déjà mentalement à la situation, en prenant des grandes inspirations, pour maintenir mon taux de zénitude assez haut. Quand l’envie me viens de jurer et de commencer la descente vers la folie, je me ressource en jetant un œil aux paysages qui m’attendent. Je pense bien que c’est le secteur le plus beau de la Gaspésie.
Trois pesages de sac plus tard me voici au bout de la baie, je fais une pause repas et une petite sieste, car je ne suis plus qu’à 15 kilomètres de l’hôtel.
Je suis prêt à gravir les monts qui me séparent de ma douche chaude. Le vent est de nouveau avec moi donc c’est plus facile. Je m’avance dans la vallée, quittant les bords de la baie pour m’avancer dans les terres quand là, la première montée arrive. Un virage, puis un autre et en voilà une de finie, le manège continue ainsi jusqu’à deux autres montées, puis une troisième, où je m’arrête. Ce n’est pas que je sois fatigué, le vent me donne des ailes donc ca va, mais c’est juste le temps de faire une photo de la dernière pente avant la grande descente de Percé. Je m’élance et arrive à grimper sans passer au petit pignon, un panneau indique une pente à 17%, j’y suis, bienvenue à Percé.
La vue est à couper le souffle, je pense prendre une photo mais mon vélo est emballé par la descente et c’est 100m plus loin que j’arrive à me stopper. Un havre de paix, le rocher, l’île, les falaises et le village paisible, tout y est.
Le Macareux, chambre 9, douche chaude, c’est mon décor depuis quelques instants. Il est seulement 15h , je sors pour faire une visite de la ville et faire des courses. Il est tant aussi de tenir au courant l’entourage de mon avancement, je m’installe au centre touristique pour avoir internet.
Pas mal de choses sont fermées, la saison n’est pas encore commencée, il y a seulement trois restaurants ouverts sur le nombre imposanst d’enseignes. J’en repère un, mais il est trop tôt, je retourne donc à ma chambre.
J’ai le choix entre Star Wars épisode 3 et une émission spéciale sur U2 avec diffusion de leurs clips. Les deux sont en anglais, mais écouter U2 me paraît plus simple, que de devoir comprendre Yoda parlant anglais.
19H, je pars au restaurant, où je m’acclimate à l’univers maritime de la région en prenant des lasagnes aux fruits de mer et en prenant aussi un journal du coin. Ne voyant pas de nouvelles des Canadiens, l’équipe de hockey de Montréal, je demande à un gars à la table d’à côté, si ils sont encore en course, il m’annonce leur défaite contre les Flyers. Débité, nous parlons d’autre chose de plus plaisant, c’est à dire de moi. Il me propose de m’héberger suite à mon histoire. Mince j’ai déjà payé mes deux nuits à l’hôtel. Tant pis, nous convenons que j’annule l’hôtel pour demain et dors chez lui à ce moment là. Nous allons alors à l’hôtel chercher mon vélo et d’autres affaires inutiles pour ma journée de demain et allons les déposer chez lui, en dégustant un bon vin, avant de me ramener à l’hôtel. Là, je comate sur Star Wars, le Retour du Jedi, avant de m’endormir.

Rose Bridge - Percé 89 km

Gaspé

Percé

Rocher Percé

Denis

Le parc Forillon

Une longue journée m’attend encore, je lève le camp rapidement n’ayant rien pour tremper mes céréales. Je suis à une quinzaine de kilomètres de la prochaine ville.
Départ sur les chapeaux de roues, avec côtes en montagne, en pleine forêts, qui m’amène à l’Anse à Valleau. Comme pas de chance, c’est l’un des seuls patelins, sans dépanneur, il faudra encore attendre avant de me restaurer. Je descends néanmoins au port pour me préparer psychologiquement à la côte qui précède le village.
Une fois à Petit-Cap, je trouve enfin de quoi pour mon petit déjeuner. Je suis arrivé à la pointe de la péninsule, tous les petits villages sont rattachés à Gaspé qui est pourtant à encore 60 km. Le secteur est bordé de falaises.
Prochaine escale Rivière au Renard, principal port de Gaspé. Je fais le tour des quais et tombe sur le déchargement d’un bateau de crevettes, je m’intègre aux déchargeurs et apprends davantage sur la pèche du coin, en ayant droit à une dégustation de crevettes fraiches. Après une bonne demi-heure avec eux, je repars avec un sac de crevettes. Les déchargeurs sont natifs de Anse au Griffon et de Cap des Rosiers, les prochains villages que je traverse. A Cap des Rosiers, je m’arrête pour manger à côté du phare perché sur le bord de la falaise, avec vue sur les oiseaux marins.
Cap des Rosiers est la pointe de la péninsule habitée, à partir de là pour continuer, il faut traverser l’autre versant de la montagne, ou alors continuer jusque la pointe, Cap Gaspé. Pour y accéder il faut rentrer dans par le Forillon. Depuis déjà 30 km je suis la limite du parc, mais à partir d’ici, la pointe de la péninsule est exclusive au parc est donc devient payante.
Me voilà parti pour la pointe, je passe le poste frontière et vais jusqu’au Cap Bon-Ami nous sommes au pied des falaises et la route asphaltée s’arrête ici. Si je veux continuer, il faut pousser mon vélo sur 2 km en chemin pentu, pour arriver sur l’autre rive et pouvoir de nouveau rouler sur mon bicycle. Le chemin de montagne est assez facile, du moins quand on n’a pas de vélo à tirer, lesté de bagages. Par endroit je dois même le porter car il n’avance pas dans les rochers. La descente n’est pas plus reposante, car je dois le freiner, pour qu’il ne soit pas emporté par le poids. Après maints efforts, j’arrive sur la route qui me rend à un autre chemin de cailloux, mais praticable en vélo.
Me voici à la pointe de la Gaspésie, la zone la plus retirée de mon périple. Il me reste à profiter du phare, des crêtes, de la baie de Gaspé et de la mer à perte de vue. Au milieu de cette immensité un rocher percé à sa base, avec une île à son côté. C’est le Rocher Percé et l’île Bonaventure, ma destination, pour demain.

Pour aujourd’hui, la journée n’est pas finie, il me reste à descendre et sortir du parc. Durant cette partie, je rencontre un porc épic qui se met devant moi dans la grosse descente, des phoques, un rorqual aux abords des côtes et un ours. Bon l’ours était loin, mais je peux dire au moins que j’en ai vu un pendant mon séjour.
Je suis rendu à Cap aux Os, là où je reprends la 132, une dame sirote son vin sur son perron, je m’arrête l’air malheureux et demande de l’eau. C’est tout ce que j’aurai, elle ne me proposera pas le gîte malgré mes yeux de biche et les traits de mon visage trahissant ma fatigue. Il est passé 18h et je n’ai pas de lieu de campement en vu, car tant que je serai dans les limites du parc, je ne peux pas me poser n’importe où. Je continue inexorablement en m’approchant de plus en plus de Gaspé. Tous les terrains sont privés, les maisons étant juste à côté, je ne tente pas de m’installer.
Quand enfin à Rose Bridge, après 20 km parcourus depuis ma buveuse de vin, je descends dans un terrain menant aux bords de la baie de Gaspé. Il est 20h est de tout manière, je quitte le camp avant 7h, donc je ne pense pas gêner.
Mon épaule gauche me fait mal comme jamais, je me masse avec une pommade chauffante et m’endors lourdement en espérant que la douleur sera atténuée demain.

Grand Etang - Rose Bridge 102 km

L'Anse à Valleau

Petit-Cap

Rivière au Renard

L'Anse au Griffon

Cap des Rosiers

Cap Bon-Ami

Cap Gaspé

Les côtes de Gaspé

Réveil aux aurores, je m’installe sur la table à côté du phare, pour prendre mon petit déjeuner de tartines au nutella. Je fais mes hommages au phare et pars pour ma journée.
Le décor est plat le long de la berge, sauf pour arriver au village, mais dans le fond rien de bien insurmontable. Je roule alors à ma plus haute vitesse et les distances se réduisent à tout allure.
J’arrive à Mont St-Pierre en 2h, avec mon arrêt à Rivière -Claude et mes ralentissement pour regarder les chutes et les reliefs des pierres. Je dois bien faire du 25-30km/h.
A Rivière-Claude, Dominique promenant son chien, qui reste à ma table de pique-nique pendant que je mange mon pamplemousse, me propose de remplir mes gourdes chez lui, car elles sont toutes les trois vides.
Je continue ma course folle, jusqu’à des travaux qui me bloquent à Saint-Maxime. J’ai rencontré plusieurs chantiers et à chaque fois les gars me laissent passer sans attendre mon tour de passage. Cette fois-ci, je tombe sur un couillon qui me bloque la route, j’ai beau lui expliquer que c’est idiot de devoir attendre car de toute manière le temps que je traverse, il y aura de nouveau de la circulation en contre-sens de moi, donc autant que je passe n’importe quand. Mais bon rien à faire la logique ne le marque pas et il me fait attendre devant son panneau arrêt pendant un bon 5 minutes. J’attends alors debout à côté du bicycle et le sac à dos parterre.
Je peux enfin repartir et j’arrive à 13h à St Madeleine. Ici nous ne sommes plus sur les berges du fleuve. Les montées se font plus présentes et cassent ma belle allure. Plus loin, je m’installe au cap à côté du phare. Il y a des fers à cheval et des tiges, je m’amuse alors un temps au lancer de fer. Je n’ai pas loupé ma carrière de lanceur de fer internationale en tout cas, car mes résultats sont déplorables.
Pendant que je mangeais, j’observe où la route s’insinue dans le décor et ce que je vois me fait peur. Il m’attend une méchante côte pour digérer.
C’est parti je prends mon élan et me rends vers Grandes Vallées, distance 18 kilomètres. Descendant au village, la sortie monte un peu et s’enfonce dans les bois, quand après un virage, une pente vertigineuse s’impose devant moi, voilà la côte que je voyais en partie du phare. Je prends de la vitesse, mais rien à faire dans la pente, je suis obligé de descendre à la plus petite vitesse. J’avance donc lentement mais surement vers le haut, la pente est si dure, que je me mets en danseuse et même sur la plus petite vitesse, j’ai de la résistance. Je fixe la ligne blanche pour ne pas regarder le bout et me décourager. Cette pente est interminable, j’arrive au virage et ça continue encore et encore. Mes cuisses me brûlent, je me rassis mais là ceux sont les épaules qui trinquent, tout le poids va en arrière. Je me relève alors et prends mon mal en patience en ne regardant que ma roue et la ligne blanche. Je vois perler une à une les gouttes de mon front laissant derrière moi une trainée comme un escargot. Je relève la tête et vois le bout, mes bras sont luisants comme si j’avais mis de l’huile. J’y suis, je l’ai fait, je me réhydrate et pose un pied sur le sol.
La route descends pour se perdre dans un virage. Étant à bout, je ne pédale pas du tout pendant la descente et en arrivant en bas de celle-ci mes jambes sont sciées en voyant une autre montée se prononcer devant. Découragé, je monte cette dernière à pied, n’arrivant pas à tirer mon vélo. A la suite de ça d’autres montées au nombre de 4, s’enchainent. Ceux sont les 20 kilomètres les plus longs depuis le début, ce ne sont plus mes jambes qui me portent, mais la rage et mon obstination, car en voyant les pentes se succéder, ma raison me perd, mes muscles me tirent de partout, mais je pédale machinalement, en pestant le village Grande-Vallée qui se veut aussi impénétrable. C’est une fois plus une goutte à suer et les genoux craquants, que j’arrive enfin à un panneau indiquant « Bienvenue à Grande-Vallée ». Il faut dire que j’ai déjà connu meilleur accueil.
Dans la descente d’arrivée au village, une aire de repos, je m’y repose alors et vois sur le panneau d’information que c’est à ce village que se trouve le fameux rocher du « Gisant ». Il suffit de descendre de l’aire du repos, à la plage. Je cache mon vélo et prends juste mon appareil et mon sac et commence la descente par le sentier. Celui-ci mène à des escaliers, 233 marches et nous voilà sur la plage, plus que quelques mètres pour arriver à un rocher baigné dans les flots. Malheureusement pour moi, le profil du Gisant, qui se trouve être une pierre représentant un visage, se voit du côté de la mer en marée basse. Je remonte donc bredouille à mon vélo, après avoir profité de la plage de galets.
Je suis fin prêt à descendre au village et passe au pont couvert de la ville, cela fera le deuxième de mon parcours. A la sortie du village, je croise Réjean, profitant de sa terrasse. Je lui demande de l’eau et il m’invite chez lui prendre du thé. Il me montre ses créations, Réjean est sculpteur artisan, autodidacte. Mal entendant, il a toujours eu du mal depuis la naissance dans les études, mais c’est réfugié dans la sculpture. L’étage de sa maison est rempli de ses œuvres, il me fait cadeau d’un bateau. Il me propose l’hébergement, mais je décidede continuer encore car il est tôt.
Si j’avais su, je me serais posé là car en sortant, je retombe sur des côtes, mais je me rends tout de même une vingtaine de kilomètres plus loin, après Cloridorme, au grand étang.
Je m’arrête dans une halte routière fermée, où je profite de cette étendue d’eau douce pour me laver abondamment et rapidement, vu la fraicheur des eaux. Dommage de pas être en été, je pourrais profiter davantage des plans d’eau, mais au moins maintenant, je ne suis pas gêné par le touriste.
Pour me redonner des forces, je me prépare une plâtrée de pâtes aux champignons, sauce tomate, que je recommande aux routards, surtout après plus de 100km.

La Martre - Grand Etang 120 km

La Martre

L'Anse Pleureuse

Phare de Rivière la Madeleine

Grande-Vallée

Réjean Bernier

La platrée du guerrier

Au pied du phare.

Ce matin, c’est plus cool, j’ai de quoi manger et je ne dois pas quitter les lieux avant l’arrivée des propriétaires. Je me fais donc le petit déjeuner au lit, séance express de lavage dans le Fleuve glacial et je prends la route.
Les Méchins, premier arrêt, le village n’a rien de touristique, mais ma curiosité y trouve tout de même une entreprise de remise à neuf des bateaux, j’observe alors les gars repeindre la coque et au bout d’un moment reprends mes montées.
C’est sûr dans la Haute Gaspésie, les pentes n’ont rien à envier aux pentes des Cantons de l’Est, au lieu d’avoir vue sur des lacs, on a vue sur des anses magnifiques.
Puis nous arrivons après ça à Cap-Chats, village étendu sur plusieurs communes. On y trouve l’un des plus grands parcs éoliens au monde et la plus grande éolienne à axe vertical au monde (110m). L’avantage d’être en hors saison, c’est que j’ai axé à certaine chose gratuitement, l’inconvénient c’est que les accès sont limités par les barrières et cadenas. Je ne peux donc pas être au pied de la plus haute.
En descendant au centre-ville, j’arrive à la rivière Cap-Chat, où l’on a vue sur le Parc National de la Gaspésie, où certaines hauteurs sont encore saupoudrées de neige. Il n’y a pas de baraque à frites proprement dite, mais l’on retrouve souvent en bordure de route des cantines, petit mobile-home, où l’on peut de se faire une petite bouffe.
Sainte Anne des Monts, là où je devrais sans doute voir le gars, d’hier. Je suis à l’église juste devant le port, il devrait être dans le coin, d’après ce qu’il me disait hier. Mais avant toutes choses, je dois faire de la lessive, je demande donc à deux dames où je pourrais trouver une laverie, elles me renvoient deux rues plus loin. Parfait, j’ai de quoi faire mon linge. Étant donné que je dois attendre que la lessive se fasse, je pars me chercher une pizza à côté. Je prends une 16 pouces à emporter, en ouvrant la boite, je suis à la fois ravi et horrifié par la grosseur de la pizza.
Je retourne à la buanderie et m’installe devant pour manger ma pizza au soleil. Le temps de m’enfiler la moitié, la lessive est finie, je mets au sèche-linge et retourne à la pizza. Il reste ¼ et me dit que je le finirai ce soir, mais la boite est trop grande pour mon porte bagage, je me gave et mange tout le reste.
De Sainte Anne, je pouvais aller faire une randonnée aux Monts Chics Chocs, mais avec mon vélo, je me dis que ça ne serait pas pratique ne pouvant pas porter toutes mes affaires sur moi. Donc tant pis, je remballe mon linge et continue au bord du fleuve.
Pour aller à Tourelle, il faut grimper et avec mon chargement stomacal, je dois dire que ça balance pas mal. On arrive aux pieds des montagnes de la réserve faunique Chics Chocs. Montagnes qui se jettent dans le fleuve offrant des points de vues splendides à chaque virage de la côte et montrant aussi la découpe de la roche appalachienne. On peut voir les différentes couches de sédimentation. Les chutes tombent au bord de la route et c’est aux chutes du voile de la mariée, que l’on arrive à La Martre, mon point de chute de la journée. Le phare se dresse devant moi, tel un mont infranchissable, n’ayant pas de drapeaux, je plante ma tente, une fois que je l’ai rejoint. Installé, je fais un tour du village et tombe sur un sentier découverte, sur les fouilles archéologiques du secteur. En continuant plus loin dans la forêt, j’entends des coups de feu au loin, mais j’entends aussi les fourrés bouger à côté d’où je suis.
Un ours se cache derrière un tronc m’observant pour voir quelle menace, je peux être, j’avance et les bruits me suivent, je tombe et regarde plus attentivement. Ça approche, je l’entends mieux, plus prêt, ils sont deux maintenant, je vois quelque chose bouger. Ça y est je les reconnais, c’est deux perdrix pas farouches, qui s’approchent et traversent le chemin.
Il est l’heure de rentrer à la tente, mettre sur feuille mon récit de ce jour et profiter du coucher de soleil. Ce soir au menu, juste un pamplemousse car je suis encore plein de ma pizza.

Les Méchins - La Martre 75 km

Les Méchins

Cap-Chat

Ste Anne des Monts

Tourelle

Le voile de la mariée

La Martre

Perdrix