5hdu matin étant une bonne heure pour voir le lever du soleil, je sors de ma tente précipitamment pour me retrouver au dessus des nuages. Toute la vallée est dans la brume et moi et le soleil sommes perchés au dessus de cette mer blanche. Je ne peux pas rester perché toute la journée, je commence alors ma descente vers le monde des simples mortels. J’ai 6km à faire, avec un pause tous les 2km, car mon sac est vraiment lourd.
Au fur et à mesure, je rattrape les nuages et me trouve la tête dedans, pour de nouveau les quitter pour les voir au dessus de moi cette fois-ci. Après un peu moins de 3h dans les bois, je retrouve la 132, je pratique alors mon pouce. 5 minutes suffisent pour que Marie-Hélène et Sylvain, s’arrêtent avec leur camping-car. Ils sont en retraite et bougent pas mal de fois avec leur véhicule pour se faire des aventures de quelques jours. Aujourd’hui, ils vont au Nouveau-Brunwick. Parfait, cela m’avance de 70km.
Sur la route on s’arrête, car ils n’ont pas encore déjeuné, à côté du restaurant, il y a un magasin, on convient alors de se rejoindre après. Je vais donc faire mes courses et au retour, ils sont prêts peu longtemps après moi. Ils sont déjà allés plusieurs fois en Europe, mais préfèrent la Gaspésie, « il y a trop de monde, trop de touristes en Europe. »
Nous arrivons à Pointe à Croix, mais ils me déposent plus loin à Lusujeg, une réserve, où ils font le plein, vu que l’essence est moins cher. Me voilà de nouveau avec mes sacs, sur la route, avec mon pouce tendu.
Rapidement, une voiture s’arrête, David, s’arrête, une blonde, 3 enfants et un vélo dans le coffre. Il va à Amqui, pour faire des descentes sur les pistes de ski avec des amis. Amqui est à 90km, autrement dit ça m’avance bien. Mais je pense m’arrêter à Matapédié, car je voudrais me faire une partie du S.I.A, le sentier international des Appalaches, un sentier de 1000km dans le Québec, traversant les Appalaches du Nouveau-Brunswick à la Pointe de Forillon.
Je pense faire une partie, un 50km pendant 2-3 jours. Mais tout bien réfléchi, je laisse tomber pour continuer à Amqui, car il commence à pleuvoir et je ne suis pas sur de supporter 50km avec ma charge et mes vieilles chaussures de courses. Non c’est plus sage de continuer, vu que je peux avancer jusque Amqui.
Nous passons la vallée de la Matapédia, une des trois rivières qui alimente le début de la Baie des Chaleurs. Dommage, que je ne suis pas en vélo, il y a des belles haltes à faire et puis c’est relativement plat, vu que l’on suit le cours d’eau. Après une bonne heure, on arrive à Amqui, David me dépose à côté du pont couvert de la ville. De là commence une autre partie du S.I.A.
J’ai déjà fait plus de 160km en 2h30. Si je continue, je serai à Montréal ce soir. Il faut que je profite de mes derniers jours, je passe donc le pont et marche pour faire le S.I.A. Le sentier fait la rive Nord du Lac sur 20km, puis monte vers les montagnes.
Je pense alors faire 20km aujourd’hui et faire le reste du lac, demain par un chemin de terre indiqué sur la carte, pour rejoindre Sayabec. La différence avec Matapédia, c’était 50km de forêt sans route, donc pas de voiture en cas de problème de portage de sac.
Le sentier débute par une route asphaltée, pendant 5km. On arrive à la forêt, où les moustiques sont en meute. Je m’asperge de produit et retrouve la paix. Une fois dans la forêt, le sentier varie entre piste forestière et route de terre. Ce n’est pas l’idée que je me faisais d’un sentier. Je pensais avoir des petits passages en forêt comme en randonnée de montagne, au lieu de ces autoroutes.
En avançant, on arrive à un camp de vacances, où l’on voit enfin le lac. Des canots sont sur la plage, je me vois déjà sur le lac, pagayant tels les indiens d’autrefois. Ils sont tous attachés, l’idée d’en prendre un me torture l’esprit. Prêt à scier le cadenas avec mon couteau suisse et pagayer avec une planche de bois. Mais ma raison me revient et je reprends ma marche pour ne plus penser à mes pulsions de vol de canot.
Pour me rafraichir les idées, il commence à pleuvoir. La pluie devient de plus en plus forte, je mets le poncho, car je suis à découvert dans ces grands chemins de forêt. Dés que je trouve un endroit sec, je m’arrête reposer mon dos. J’arrive à un sentier qui ressemble plus à un sentier de randonnée, je suis un peu plus à l’abri et c’est plus agréable. J’en ai marre des rigoles laissées par les engins des routes forestières, où tu n’as pas d’endroits secs où marcher et où tu risques de perdre ta chaussure qui s’enfonce à chaque nouveau pas.
Le temps me paraît long, il me restait 8km depuis les canots et là, je ne suis toujours pas arrivé à la fin du S.I.A. C’est vrai que je m’arrête souvent avec le sac mais je ne pense pas faire du 2km/h.
Il suffit que je pense à ça pour que j’arrive, à une villégiature, je cherche alors un terrain, où la maison ne semble pas occupée en ce moment, pour installer ma tente sur celui-ci
Je trouve une place à côté d’un arbre, qui me permette de tendre mon poncho avec de la ficelle, pour faire un préau improvisé, me permettant de faire sécher mon linge sur un fil en dessous.
La pluie ne cessant pas, je m’enferme dans ma tente, et j’attends en mangeant du nutella, que le sommeil vienne me prendre