Archives mensuelles : Mai 2010

Ils sont fous ces Bassan.

Malgré mon matelas et la chaleur de mes draps, je me réveille aussi tôt qu’en tente, je laisse aller la télévision pour avoir de la musique et me préparer à quitter ma chambre, pour aller à l’île Bonaventure. Le temps de me faire rembourser de ma deuxième nuitée et de rendre les clés et je suis prêt.
Premier départ à 9h, je suis déjà sur les quais. Avant de nous déposer sur l’île le bateau fait un tour du Rocher Percé et de l’île pour que l’on puisse admirer les colonies d’oiseaux sur les parois rocheuses. C’est impressionnant la roche n’est plus rouge mais blanche, par le nombre d’individus ailés, mouettes, goélands, petits pingouins et fous de Bassan. L’île abrite la plus grosse colonie de fous de Bassan au monde. Ces oiseaux sont blancs, avec une tête jaune et des yeux bleus maquillés de noir. Ils portent leurs noms par les pêcheurs étonnés de leur capacités à plonger à pleine vitesse dans la mer, pour aller chercher des poissons, pouvant plonger à 5-6m de profondeur.

Nous voilà sur l’île, elle fait partie de la Sépaq, les parcs provinciaux du Québec. L’ouverture était tout juste avant hier, et avec le fort vent qu’il y a eu ces derniers temps, il y a du déblayage à faire sur les sentiers. C’est pour cela que seul celui menant à la colonie est ouvert.
Dans un sens ça n’est pas grave, vu que c’est la principale raison de venir des gens. Le sentier avance dans la forêt pendant 2km, pour nous mener de l’autre côté de l’île. On peut commencer à voir des oiseaux voler au dessus des arbres, encore quelques mètres et j’arrive à la colonie.
C’est impressionnant des centaines d’oiseaux sont postés là, tous des fous de Bassan. Les oiseaux sont juste à portée de main, ils sont là à couver leurs œufs. Le mâle et la femelle se relaient toutes les 3h, pendant que l’un couve, l’autre part à la pêche et revient continuellement pour nourrir l’autre. Un flot d’aller et venue d’oiseaux se déroule sans arrêt. La notion de couple est forte et à chaque retour de l’autre, ils se donnent des caresses de bec, pour se rassurer.
L’oiseau est très nerveux et des prises de bec avec ses voisins ne sont pas rares. Avant son envol, le fou de Bassan lève la tête au ciel pour remplir ses poches d’air pour plonger après en mer.

Je reste là plus de 3h à les observer, c’est fascinant de voir leurs comportements d’aussi prêt et en si grand nombre. Au bout d’un moment, l’emprise du froid l’emporte sur ma fascination et je redescends donc au quai.
Le bateau est à 16h, je dois donc attendre une heure en écrivant et en dormant.

De retour sur Percé, deux français étant sur l’île au même moment que moi, m’aborde à cause de mon accent. Eux aussi sont en voyage, mais en voiture, ils viennent de Tadoussac et partent pour les chutes du Niagara. Trop de kilométrages à mon goût.
Je reprends la route, vers chez Denis, mon hébergeur. Je passe à la galerie d’Art du village et bloque sur les peintures de Flynn. Il y a bien 3km pour aller à la maison de Denis depuis la sortie de Percé, je marche donc le long de la route en espérant retrouver la maison, ne l’ayant vu qu’une fois de nuit pour l’instant. Une voiture s’arrête devant moi, ceux sont les français qui me proposent de me déposer. Nous sommes à la recherche de la maison, en roulant doucement nous arrivons à la trouver. Je descends et souhaite bonne route aux Frenchy. Denis n’est pas encore rentré, je fais un tour du jardin et il arrive au même moment, accompagné de deux femelles, qui ont du pinçant, ce soir au menu, homards. Décidément, je m’adapte bien en Gaspésie, crevettes, lasagnes aux fruits de mer, homards et crabes.
La soirée se déroule avec nos deux crustacés entre décorticage et bavardage. L’heure est à la fatigue, il est temps de retrouver mon lit confortable.

Petit pingouin

Goëland

Fou de Bassan

Ile Bonaventure

Chez Denis

Deux femelles avec du pinçant

Percé

Mon épaule me fait encore mal, c’est donc douloureusement que je prends la route vers Gaspé. Le vent est contre moi, je suis content d’avoir réussi à avancer le plus loin possible hier, car il ne me reste pas loin pour arriver au pont traversant la baie de Gaspé. Une fois le pont traversé, le vent est maintenant avec moi, je m’envole donc jusque Gaspé. Je me fais pas mal de pause pour reposer mon épaule, quelques instants. En revoyant sur l’autre rive la péninsule de Forillon, je comprends pourquoi j’ai mis autant de temps à en sortir. Elle est étendue sur des kilomètres. J’arrive tout de même à Gaspé rapidement, il ne me restait plus qu’une vingtaine de kilomètres du lieu où j’ai dormi.
La ville n’est pas grande et je ne trouve pas le charme caractéristique des villages de la région. Je ne prends même pas le temps de faire une halte, que je ressors déjà par un autre pont.
A partir d’ici, il me reste une grosse soixantaine de Percé. Je croise un bout de la route verte, que je prends et où je déjeune avec la péninsule en face de moi. Pour l’instant tout va bien, le vent me porte encore et j’écrase la distance plus facilement que je ne le pensais, malgré ma douleur à l’épaule. Tout va bien jusqu’au moment où j’arrive au bout de la baie de Gaspé et que je dois prendre la courbe pour me retrouver de nouveau face au vent pendant un bon 10km. Avec la fatigue et le paysage inintéressant du secteur, je ne trouve pas de motivation et me traine lentement en pestant comme un fou contre les forces de la nature qui freinent mon avancée. Il faut que j’arrive à Percé, aujourd’hui, je veux me poser à un hôtel et profiter d’une journée de repos.
Avec quelques plomb en moins dans ma caboche, j’arrive au moment où je peux virer de bord et ravoir le vent de dos, jusqu’à la baie de Percé. Le vent m’aide, mais mon épaule se réveille de plus en plus rapidement. Je n’ai plus beaucoup de batterie à mon appareil reflex et mon compact est déjà vide, je n’ai donc plus de moyen de savoir l’heure et je commence à avoir peur sur mes capacités à faire la distance prévue.
Je me pose autant qu’il le faut en profitant du paysage et de la facilité de rouler vent dans le dos. J’arrive tout de même à la pointe, me voilà à la baie de Percé, je profite une dernière fois de la péninsule de Forillon.
Je franchis le tournant et tombe nez à nez avec un point de vue de toute beauté, le point de vue que j’attendais, celui ci symbolise mon repos. Devant moi voilà, l’île Bonaventure, le Rocher Percé, Percé et les montagnes qui les précèdent. Pour l’heure les montagnes ne me dérangent pas plus que ça, ce qui m’ennuie c’est plutôt les 20 km qui arrivent avant que je n’arrive au bout de la baie. 20 kilomètres avec le vent de face, je me prépare depuis un moment déjà mentalement à la situation, en prenant des grandes inspirations, pour maintenir mon taux de zénitude assez haut. Quand l’envie me viens de jurer et de commencer la descente vers la folie, je me ressource en jetant un œil aux paysages qui m’attendent. Je pense bien que c’est le secteur le plus beau de la Gaspésie.
Trois pesages de sac plus tard me voici au bout de la baie, je fais une pause repas et une petite sieste, car je ne suis plus qu’à 15 kilomètres de l’hôtel.
Je suis prêt à gravir les monts qui me séparent de ma douche chaude. Le vent est de nouveau avec moi donc c’est plus facile. Je m’avance dans la vallée, quittant les bords de la baie pour m’avancer dans les terres quand là, la première montée arrive. Un virage, puis un autre et en voilà une de finie, le manège continue ainsi jusqu’à deux autres montées, puis une troisième, où je m’arrête. Ce n’est pas que je sois fatigué, le vent me donne des ailes donc ca va, mais c’est juste le temps de faire une photo de la dernière pente avant la grande descente de Percé. Je m’élance et arrive à grimper sans passer au petit pignon, un panneau indique une pente à 17%, j’y suis, bienvenue à Percé.
La vue est à couper le souffle, je pense prendre une photo mais mon vélo est emballé par la descente et c’est 100m plus loin que j’arrive à me stopper. Un havre de paix, le rocher, l’île, les falaises et le village paisible, tout y est.
Le Macareux, chambre 9, douche chaude, c’est mon décor depuis quelques instants. Il est seulement 15h , je sors pour faire une visite de la ville et faire des courses. Il est tant aussi de tenir au courant l’entourage de mon avancement, je m’installe au centre touristique pour avoir internet.
Pas mal de choses sont fermées, la saison n’est pas encore commencée, il y a seulement trois restaurants ouverts sur le nombre imposanst d’enseignes. J’en repère un, mais il est trop tôt, je retourne donc à ma chambre.
J’ai le choix entre Star Wars épisode 3 et une émission spéciale sur U2 avec diffusion de leurs clips. Les deux sont en anglais, mais écouter U2 me paraît plus simple, que de devoir comprendre Yoda parlant anglais.
19H, je pars au restaurant, où je m’acclimate à l’univers maritime de la région en prenant des lasagnes aux fruits de mer et en prenant aussi un journal du coin. Ne voyant pas de nouvelles des Canadiens, l’équipe de hockey de Montréal, je demande à un gars à la table d’à côté, si ils sont encore en course, il m’annonce leur défaite contre les Flyers. Débité, nous parlons d’autre chose de plus plaisant, c’est à dire de moi. Il me propose de m’héberger suite à mon histoire. Mince j’ai déjà payé mes deux nuits à l’hôtel. Tant pis, nous convenons que j’annule l’hôtel pour demain et dors chez lui à ce moment là. Nous allons alors à l’hôtel chercher mon vélo et d’autres affaires inutiles pour ma journée de demain et allons les déposer chez lui, en dégustant un bon vin, avant de me ramener à l’hôtel. Là, je comate sur Star Wars, le Retour du Jedi, avant de m’endormir.

Rose Bridge - Percé 89 km

Gaspé

Percé

Rocher Percé

Denis

Le parc Forillon

Une longue journée m’attend encore, je lève le camp rapidement n’ayant rien pour tremper mes céréales. Je suis à une quinzaine de kilomètres de la prochaine ville.
Départ sur les chapeaux de roues, avec côtes en montagne, en pleine forêts, qui m’amène à l’Anse à Valleau. Comme pas de chance, c’est l’un des seuls patelins, sans dépanneur, il faudra encore attendre avant de me restaurer. Je descends néanmoins au port pour me préparer psychologiquement à la côte qui précède le village.
Une fois à Petit-Cap, je trouve enfin de quoi pour mon petit déjeuner. Je suis arrivé à la pointe de la péninsule, tous les petits villages sont rattachés à Gaspé qui est pourtant à encore 60 km. Le secteur est bordé de falaises.
Prochaine escale Rivière au Renard, principal port de Gaspé. Je fais le tour des quais et tombe sur le déchargement d’un bateau de crevettes, je m’intègre aux déchargeurs et apprends davantage sur la pèche du coin, en ayant droit à une dégustation de crevettes fraiches. Après une bonne demi-heure avec eux, je repars avec un sac de crevettes. Les déchargeurs sont natifs de Anse au Griffon et de Cap des Rosiers, les prochains villages que je traverse. A Cap des Rosiers, je m’arrête pour manger à côté du phare perché sur le bord de la falaise, avec vue sur les oiseaux marins.
Cap des Rosiers est la pointe de la péninsule habitée, à partir de là pour continuer, il faut traverser l’autre versant de la montagne, ou alors continuer jusque la pointe, Cap Gaspé. Pour y accéder il faut rentrer dans par le Forillon. Depuis déjà 30 km je suis la limite du parc, mais à partir d’ici, la pointe de la péninsule est exclusive au parc est donc devient payante.
Me voilà parti pour la pointe, je passe le poste frontière et vais jusqu’au Cap Bon-Ami nous sommes au pied des falaises et la route asphaltée s’arrête ici. Si je veux continuer, il faut pousser mon vélo sur 2 km en chemin pentu, pour arriver sur l’autre rive et pouvoir de nouveau rouler sur mon bicycle. Le chemin de montagne est assez facile, du moins quand on n’a pas de vélo à tirer, lesté de bagages. Par endroit je dois même le porter car il n’avance pas dans les rochers. La descente n’est pas plus reposante, car je dois le freiner, pour qu’il ne soit pas emporté par le poids. Après maints efforts, j’arrive sur la route qui me rend à un autre chemin de cailloux, mais praticable en vélo.
Me voici à la pointe de la Gaspésie, la zone la plus retirée de mon périple. Il me reste à profiter du phare, des crêtes, de la baie de Gaspé et de la mer à perte de vue. Au milieu de cette immensité un rocher percé à sa base, avec une île à son côté. C’est le Rocher Percé et l’île Bonaventure, ma destination, pour demain.

Pour aujourd’hui, la journée n’est pas finie, il me reste à descendre et sortir du parc. Durant cette partie, je rencontre un porc épic qui se met devant moi dans la grosse descente, des phoques, un rorqual aux abords des côtes et un ours. Bon l’ours était loin, mais je peux dire au moins que j’en ai vu un pendant mon séjour.
Je suis rendu à Cap aux Os, là où je reprends la 132, une dame sirote son vin sur son perron, je m’arrête l’air malheureux et demande de l’eau. C’est tout ce que j’aurai, elle ne me proposera pas le gîte malgré mes yeux de biche et les traits de mon visage trahissant ma fatigue. Il est passé 18h et je n’ai pas de lieu de campement en vu, car tant que je serai dans les limites du parc, je ne peux pas me poser n’importe où. Je continue inexorablement en m’approchant de plus en plus de Gaspé. Tous les terrains sont privés, les maisons étant juste à côté, je ne tente pas de m’installer.
Quand enfin à Rose Bridge, après 20 km parcourus depuis ma buveuse de vin, je descends dans un terrain menant aux bords de la baie de Gaspé. Il est 20h est de tout manière, je quitte le camp avant 7h, donc je ne pense pas gêner.
Mon épaule gauche me fait mal comme jamais, je me masse avec une pommade chauffante et m’endors lourdement en espérant que la douleur sera atténuée demain.

Grand Etang - Rose Bridge 102 km

L'Anse à Valleau

Petit-Cap

Rivière au Renard

L'Anse au Griffon

Cap des Rosiers

Cap Bon-Ami

Cap Gaspé

Les côtes de Gaspé

Réveil aux aurores, je m’installe sur la table à côté du phare, pour prendre mon petit déjeuner de tartines au nutella. Je fais mes hommages au phare et pars pour ma journée.
Le décor est plat le long de la berge, sauf pour arriver au village, mais dans le fond rien de bien insurmontable. Je roule alors à ma plus haute vitesse et les distances se réduisent à tout allure.
J’arrive à Mont St-Pierre en 2h, avec mon arrêt à Rivière -Claude et mes ralentissement pour regarder les chutes et les reliefs des pierres. Je dois bien faire du 25-30km/h.
A Rivière-Claude, Dominique promenant son chien, qui reste à ma table de pique-nique pendant que je mange mon pamplemousse, me propose de remplir mes gourdes chez lui, car elles sont toutes les trois vides.
Je continue ma course folle, jusqu’à des travaux qui me bloquent à Saint-Maxime. J’ai rencontré plusieurs chantiers et à chaque fois les gars me laissent passer sans attendre mon tour de passage. Cette fois-ci, je tombe sur un couillon qui me bloque la route, j’ai beau lui expliquer que c’est idiot de devoir attendre car de toute manière le temps que je traverse, il y aura de nouveau de la circulation en contre-sens de moi, donc autant que je passe n’importe quand. Mais bon rien à faire la logique ne le marque pas et il me fait attendre devant son panneau arrêt pendant un bon 5 minutes. J’attends alors debout à côté du bicycle et le sac à dos parterre.
Je peux enfin repartir et j’arrive à 13h à St Madeleine. Ici nous ne sommes plus sur les berges du fleuve. Les montées se font plus présentes et cassent ma belle allure. Plus loin, je m’installe au cap à côté du phare. Il y a des fers à cheval et des tiges, je m’amuse alors un temps au lancer de fer. Je n’ai pas loupé ma carrière de lanceur de fer internationale en tout cas, car mes résultats sont déplorables.
Pendant que je mangeais, j’observe où la route s’insinue dans le décor et ce que je vois me fait peur. Il m’attend une méchante côte pour digérer.
C’est parti je prends mon élan et me rends vers Grandes Vallées, distance 18 kilomètres. Descendant au village, la sortie monte un peu et s’enfonce dans les bois, quand après un virage, une pente vertigineuse s’impose devant moi, voilà la côte que je voyais en partie du phare. Je prends de la vitesse, mais rien à faire dans la pente, je suis obligé de descendre à la plus petite vitesse. J’avance donc lentement mais surement vers le haut, la pente est si dure, que je me mets en danseuse et même sur la plus petite vitesse, j’ai de la résistance. Je fixe la ligne blanche pour ne pas regarder le bout et me décourager. Cette pente est interminable, j’arrive au virage et ça continue encore et encore. Mes cuisses me brûlent, je me rassis mais là ceux sont les épaules qui trinquent, tout le poids va en arrière. Je me relève alors et prends mon mal en patience en ne regardant que ma roue et la ligne blanche. Je vois perler une à une les gouttes de mon front laissant derrière moi une trainée comme un escargot. Je relève la tête et vois le bout, mes bras sont luisants comme si j’avais mis de l’huile. J’y suis, je l’ai fait, je me réhydrate et pose un pied sur le sol.
La route descends pour se perdre dans un virage. Étant à bout, je ne pédale pas du tout pendant la descente et en arrivant en bas de celle-ci mes jambes sont sciées en voyant une autre montée se prononcer devant. Découragé, je monte cette dernière à pied, n’arrivant pas à tirer mon vélo. A la suite de ça d’autres montées au nombre de 4, s’enchainent. Ceux sont les 20 kilomètres les plus longs depuis le début, ce ne sont plus mes jambes qui me portent, mais la rage et mon obstination, car en voyant les pentes se succéder, ma raison me perd, mes muscles me tirent de partout, mais je pédale machinalement, en pestant le village Grande-Vallée qui se veut aussi impénétrable. C’est une fois plus une goutte à suer et les genoux craquants, que j’arrive enfin à un panneau indiquant « Bienvenue à Grande-Vallée ». Il faut dire que j’ai déjà connu meilleur accueil.
Dans la descente d’arrivée au village, une aire de repos, je m’y repose alors et vois sur le panneau d’information que c’est à ce village que se trouve le fameux rocher du « Gisant ». Il suffit de descendre de l’aire du repos, à la plage. Je cache mon vélo et prends juste mon appareil et mon sac et commence la descente par le sentier. Celui-ci mène à des escaliers, 233 marches et nous voilà sur la plage, plus que quelques mètres pour arriver à un rocher baigné dans les flots. Malheureusement pour moi, le profil du Gisant, qui se trouve être une pierre représentant un visage, se voit du côté de la mer en marée basse. Je remonte donc bredouille à mon vélo, après avoir profité de la plage de galets.
Je suis fin prêt à descendre au village et passe au pont couvert de la ville, cela fera le deuxième de mon parcours. A la sortie du village, je croise Réjean, profitant de sa terrasse. Je lui demande de l’eau et il m’invite chez lui prendre du thé. Il me montre ses créations, Réjean est sculpteur artisan, autodidacte. Mal entendant, il a toujours eu du mal depuis la naissance dans les études, mais c’est réfugié dans la sculpture. L’étage de sa maison est rempli de ses œuvres, il me fait cadeau d’un bateau. Il me propose l’hébergement, mais je décidede continuer encore car il est tôt.
Si j’avais su, je me serais posé là car en sortant, je retombe sur des côtes, mais je me rends tout de même une vingtaine de kilomètres plus loin, après Cloridorme, au grand étang.
Je m’arrête dans une halte routière fermée, où je profite de cette étendue d’eau douce pour me laver abondamment et rapidement, vu la fraicheur des eaux. Dommage de pas être en été, je pourrais profiter davantage des plans d’eau, mais au moins maintenant, je ne suis pas gêné par le touriste.
Pour me redonner des forces, je me prépare une plâtrée de pâtes aux champignons, sauce tomate, que je recommande aux routards, surtout après plus de 100km.

La Martre - Grand Etang 120 km

La Martre

L'Anse Pleureuse

Phare de Rivière la Madeleine

Grande-Vallée

Réjean Bernier

La platrée du guerrier

Au pied du phare.

Ce matin, c’est plus cool, j’ai de quoi manger et je ne dois pas quitter les lieux avant l’arrivée des propriétaires. Je me fais donc le petit déjeuner au lit, séance express de lavage dans le Fleuve glacial et je prends la route.
Les Méchins, premier arrêt, le village n’a rien de touristique, mais ma curiosité y trouve tout de même une entreprise de remise à neuf des bateaux, j’observe alors les gars repeindre la coque et au bout d’un moment reprends mes montées.
C’est sûr dans la Haute Gaspésie, les pentes n’ont rien à envier aux pentes des Cantons de l’Est, au lieu d’avoir vue sur des lacs, on a vue sur des anses magnifiques.
Puis nous arrivons après ça à Cap-Chats, village étendu sur plusieurs communes. On y trouve l’un des plus grands parcs éoliens au monde et la plus grande éolienne à axe vertical au monde (110m). L’avantage d’être en hors saison, c’est que j’ai axé à certaine chose gratuitement, l’inconvénient c’est que les accès sont limités par les barrières et cadenas. Je ne peux donc pas être au pied de la plus haute.
En descendant au centre-ville, j’arrive à la rivière Cap-Chat, où l’on a vue sur le Parc National de la Gaspésie, où certaines hauteurs sont encore saupoudrées de neige. Il n’y a pas de baraque à frites proprement dite, mais l’on retrouve souvent en bordure de route des cantines, petit mobile-home, où l’on peut de se faire une petite bouffe.
Sainte Anne des Monts, là où je devrais sans doute voir le gars, d’hier. Je suis à l’église juste devant le port, il devrait être dans le coin, d’après ce qu’il me disait hier. Mais avant toutes choses, je dois faire de la lessive, je demande donc à deux dames où je pourrais trouver une laverie, elles me renvoient deux rues plus loin. Parfait, j’ai de quoi faire mon linge. Étant donné que je dois attendre que la lessive se fasse, je pars me chercher une pizza à côté. Je prends une 16 pouces à emporter, en ouvrant la boite, je suis à la fois ravi et horrifié par la grosseur de la pizza.
Je retourne à la buanderie et m’installe devant pour manger ma pizza au soleil. Le temps de m’enfiler la moitié, la lessive est finie, je mets au sèche-linge et retourne à la pizza. Il reste ¼ et me dit que je le finirai ce soir, mais la boite est trop grande pour mon porte bagage, je me gave et mange tout le reste.
De Sainte Anne, je pouvais aller faire une randonnée aux Monts Chics Chocs, mais avec mon vélo, je me dis que ça ne serait pas pratique ne pouvant pas porter toutes mes affaires sur moi. Donc tant pis, je remballe mon linge et continue au bord du fleuve.
Pour aller à Tourelle, il faut grimper et avec mon chargement stomacal, je dois dire que ça balance pas mal. On arrive aux pieds des montagnes de la réserve faunique Chics Chocs. Montagnes qui se jettent dans le fleuve offrant des points de vues splendides à chaque virage de la côte et montrant aussi la découpe de la roche appalachienne. On peut voir les différentes couches de sédimentation. Les chutes tombent au bord de la route et c’est aux chutes du voile de la mariée, que l’on arrive à La Martre, mon point de chute de la journée. Le phare se dresse devant moi, tel un mont infranchissable, n’ayant pas de drapeaux, je plante ma tente, une fois que je l’ai rejoint. Installé, je fais un tour du village et tombe sur un sentier découverte, sur les fouilles archéologiques du secteur. En continuant plus loin dans la forêt, j’entends des coups de feu au loin, mais j’entends aussi les fourrés bouger à côté d’où je suis.
Un ours se cache derrière un tronc m’observant pour voir quelle menace, je peux être, j’avance et les bruits me suivent, je tombe et regarde plus attentivement. Ça approche, je l’entends mieux, plus prêt, ils sont deux maintenant, je vois quelque chose bouger. Ça y est je les reconnais, c’est deux perdrix pas farouches, qui s’approchent et traversent le chemin.
Il est l’heure de rentrer à la tente, mettre sur feuille mon récit de ce jour et profiter du coucher de soleil. Ce soir au menu, juste un pamplemousse car je suis encore plein de ma pizza.

Les Méchins - La Martre 75 km

Les Méchins

Cap-Chat

Ste Anne des Monts

Tourelle

Le voile de la mariée

La Martre

Perdrix

Contre vents et marées.

Ce matin, je me réveille avec l’impression d’avoir dormi dans un grand magasin, un parc pour moi tout seul. Je me fais une petite descente à l’anse et prépare mon départ, il est 6h quand je pars. Ce soir à minuit, j’ai entendu qu’il pleuvait fort, je suis content d’avoir eu mon abri.
Il mouille encore un peu, mais c’est surtout à cause de la brume, ce n’est pas encore ce matin, que je verrai la Gaspésie au soleil. Le littoral est bordé d’oiseaux, je scrute le large en espérant des phoques, mais en vain.
Je traverse Métis-sur-Mer, en apprenant beaucoup de choses, grâce aux panneaux en bordure de route: les espèces des oiseaux courants, le métier de gardien de phare, les naufrages causés par les difficultés de navigation du St Laurent,… Je n’ai pas encore pu déjeuner, j’ai tué mes réserves hier, mais en passant à la Baie des Sables, je trouve enfin un dépanneur ouvert. C’est bien beau de partir tôt, pour se permettre de trainer un peu plus en vélo, mais il n’y a rien d’ouvert avant 8h. C’est aussi seulement en arrivant à St-Ulric, que je trouve une poste ouverte et une supérette, où je renfloue mon stock et dépose les lettres écrites hier. En sortant le soleil a réussi à percer et les nuages qui se faisaient chasser, depuis une heure, ont laissé place au grand ciel bleu.
Rentrant à Matane, je découvre les bateaux de pêche à la crevette sur les quais, l’équipage décharge leurs cargaisons et répare les filets. Les crevettes de Matane sont réputées, mais vu que la saison n’est pas encore ouverte, je ne trouve pas de restaurant, il ne propose que du homard. Tant pis, je m’arrête au pied du phare pour me faire mon diner, fait de sandwichs.

Le vent commence à se lever et en repartant, la conduite est plus pénible. J’ai aussi pris trop de chose à la supérette, mes épaules fatiguent vite, je me repose tous les dix kilomètres. C’est fatigué que je m’arrête à Ste-Félicité, anciennement appelé la Pointe aux Massacres, car pendant l’installation des premiers villageois, on retrouvait beaucoup d’ossements sur les plages. Ce n’était pas un massacre finalement, mais certainement les restes des naufragés des navires anglais échoués, lors des premières tentatives de prise de Québec.
Continuant à Grosse Roche, la route commence à être plus vallonnée, je ne me plains pas, me mettre en danseuse pour grimper, laisse souffler mes fesses tassées depuis trop longtemps aujourd’hui. En chemin, je rencontre un auto-stoppeur de Québec, qui se rend à St Anne des Monts, pour pêcher. Il fait ça deux, trois fois par été, chaque année. Je le reverrai sûrement demain car je passerai dans cette ville.

A partir de maintenant, je suis en mode repérage d’un site de campement, je roule à contre-sens pour voir, si il y a un accès aux plages que je vois en bas. Quand soudain en traversant un pont, je vois une place à côté de la plage avec vue sur une anse. Je descends par un chemin à la fin du pont et me voici installé pour la nuit après une journée de 12h.

Grand Métis - Les Méchins 92 km

Matane

Grosses Roches

Les portes de la Gaspésie.

Des gouttes s’écoulent sur ma tente, il a plu pendant la nuit, les arbres s’égouttent sur ma toile.
Ayant de l’eau en abondance, ce matin, je pars aux toilettes me faire chauffer du chocolat chaud en poudre. Ce n’est pas ce que je préfère du chocolat à l’eau mais bon ça réchauffe.
En sortant, il pleut à grosses gouttes, le temps de traverser le parc, je suis trempé. Je m’engouffre dans ma tente, pour déjeuner avec mes bagels et mon nutella.
La pluie ne s’arrête pas, je reste donc dans ma tente jusque 10h, je profite d’une accalmie pour plier ma tente et partir. Vingt minutes plus tard, il retombe une averse heureusement, un préau au bord de l’eau m’abrite.
C’est marrant le pouvoir d’attraction de la mer, elle est toujours la même au fil des kilomètres, égale à elle même sur sa ligne d’horizon et malgré ça, je la fixe toujours comme si elle allait disparaître.
Mes coups de pédales mènent le rythme et c’est ainsi que sous la pluie, j’arrive aux portes de la Gaspésie. Voilà 11 jours que je suis parti et j’arrive ce matin à ma destination finale et en même temps, il me reste autant de kilomètres pour y venir, que pour y faire le tour.
Ste-Flavie, le premier village de la côte Gaspésienne. Là où je devrais revenir pour quitter cette terre car la boucle est ici à la place de l’église. Carrefour où la 132 Est coupe la 132 Ouest et où les deux chemins mènent à Percé pour à peu prêt la même distance. Je reste au bord de l’eau, me réservant la vallée de la Matépédia pour la fin.

Des hommes sortent de la mer, pour se rassembler et aller dans un même chemin. Nous voilà à l’auberge, restaurant, galerie d’art de Marcel Gagnon, qui à fait une œuvre, d’un ensemble de sculptures, grandeur nature, sortant des eaux pour venir sur les terres. Cette œuvre s’appelle « le rassemblement », sculpteur, peintre et écrivain, Marcel Gagnon est habitant de la ville, c’est un de ses fils qui a bâti, l’auberge, pour exposer les œuvres de la famille. Famille, où une grande partie sont peintres.

Il pleut de plus belle, il me reste 9km pour l’autre ville, quand en chemin, je m’arrête au parc de Métis, en me disant que je trouverai un abri. Le parc est ouvert, car des ouvriers préparent l’exposition qui ouvrira la saison. Le parc ouvre seulement à partir du 19 Juin, mail ils m’autorisent à faire un tour et à m’installer dans le parc si je veux en attendant la fin de la pluie. Je laisse mes affaires sous un préau et m’en vais faire mon tour du parc sous la pluie, avec mon poncho. En revenant, je m’installe pour manger, à l’abri où j’ai laissé mes affaires. La pluie ne s’arrêtant pas, je reste là à écrire.
15H20, la première fois de mon séjour, je suis à jour dans mon carnet de bord. Je pourrais désormais écrire au fil du temps. N’ayant plus rien à écrire, je pars faire un tour sur le littoral, en pensant rester ici pour la nuit.
C’est époustouflant, en sortant de la forêt, on tombe sur une baie, avec le brouillard le lieu est magique. Des tas d’oiseaux se trouvent là, en marchant, j’observe des mouettes, des canards, des pics,…

Avant de revenir, là où se trouvent mes affaires, je m’approprie un peu plus les lieux et me balade dans la forêt, où les écorces et les mousses mouillées donnent des couleurs éclatantes. De retour à mon abri, je sors du papier pour faire des lettres. Je viens d’écrire aux hermétiques à internet et ai placé ma tente après le départ des ouvriers, me voilà seul dans le parc.
Je me prépare un thé pour réchauffer mes entrailles et vais encore me balader dans mon nouveau chez moi. Une fois, mon inspection finie, je fais chauffer mes raviolis et vais déjà me coucher, n’ayant plus rien à faire et qu’il fait froid.

St Luce - Grand Métis 24 km

Le rassemblement

Une journée chaude d’été.

Je me réveille à 6h comme d’habitude, la maison est vide, je m’installe donc à la table de cuisine pour écrire. Quand finalement les autres se réveillent à leur tour, Isabelle, puis les deux étudiantes anglaises, qu’elle héberge.
Trois Pistoles organise un échange avec des étudiants de l’Ontario, pour apprendre le français dans des familles d’accueil.
Isabelle me conseille un itinéraire pour éviter la 132 qui sert encore de remplacement à la 20 jusque Rimouski. C’est donc sur cet itinéraire que je pars une fois prêt. Je quitte les abords du fleuve pour monter sur les plateaux et prends le 2ème rang, de là on peut voir Trois-Pistoles avec le fleuve en contre bas. Je change de rang et me balade au milieu de champs, à une ferme je trouve même des épaves de Renault 5. Le 3ème rang suit le lac St-Mathieu, étroit mais étendu.
Il est tôt mais déjà la température est pénible, je profite du bord de l’eau pour me rafraichir un peu, puis repars vers St-Fabien. A chaque côte, je perds des litres, mon short va bientôt glisser tout seul de mes hanches si j’élimine autant tous les jours.
A St-Fabien, je fais des courses et en partant, en ayant mal chargé mon porte bagage, tout tombe sur la route, 50m plus loin. Je remets bien ça, mais à ce moment là, j’ai du perdre mon antivol, car le soir, je me suis rendu compte, ne plus l’avoir.
La route secondaire est finie je dois retourner sur la 132. On arrive au parc du Bic, un massif au bord du fleuve, avec plusieurs iles découpées de la côte. Nous sommes donc isolés de la brise du large et c’est une vraie torture pour moi ne supportant pas la chaleur, le sac me paraît plus pesant avec la fatigue et je cherche mon souffle pendant les montées, il fait 30° et nous sommes un 24 Mai.
La route est pénible, d’autant plus qu’il n’y a rien à voir. Jusqu’au moment où en rentrant dans Rimouski, je vois la rue de la gare, qui à l’air de descendre au fleuve. Délivrance, de la fraîcheur, de l’air, j’arrive à une plage et la chaleur disparait. Le vent souffle et apporte l’air frais, je revis.
Au bout du chemin, un cul de sac, car un parc commence, avec une partie piétonne et cycliste. Je me retrouve à faire celle piétonne car la piste cyclable est loin du bord et nous ne voyons rien des belvédères le long du parcours.
Le parc arrête au centre-ville, où la piste suit la promenade. Dans un autre parc plus loin, des gars font du skate-surf. Le coin est réputé pour son vent, si bien qu’à l’ombre, je commence à avoir froid. Je contine et arrive à Pointe au Père, où je fais un tour dans la marina et regarde partir le ferry menant à l’autre rive, à Forestville.
Depuis un peu plus d’un an, la ville est populaire, pour le sous-marin « Onondaga », ancien sous marin Canadien, exposé sur le quai, à côté du phare et du musée sur le naufrage de l’Empress of Ireland (paquebot faisant la liaison Québec-Irlande, qui fit naufrage dans l’estuaire du fleuve St-Laurent, suite à la collision avec un charbonnier norvégien par temps de brouillard, le 29 mai 1914, faisant 1012 victimes.)
Je fatigue déjà et pense me poser là, mais le parc est fort fréquenté, alors je roule encore au bord de l’eau à la recherche d’une place. J’arrive à l’entrée de St-Luce et passe devant un parc, avec toilette, c’est décidé, je m’arrête ici pour ce soir.
Il est 18h et je finis de mettre ma tente dans les fourrés à l’abri du vent. Ayant du riz à cuire, je me séquestre dans les toilettes pour faire chauffer mon eau, à l’abri des bourrasques. Quand j’ai fini, le soleil se couche, mais il se cache derrière la brume qui se lève. Au loin des lueurs éclairent le ciel.
Un tonnerre se faire entendre.

 

Trois Pistoles - Saint Luce 83 km

 

St Mathieu

St Fabien

 

Parc du Bic

Rimouski

 

Pointe au Pére

 

St Luce

 

 

 

Trois Pistoles

Incroyable, je pensais avoir froid en bordure du fleuve et au final c’est la nuit la plus chaude que j’ai eu. Au réveil, les montagnes au loin sont dans un voile, cela présage une journée chaude. En quittant le village, je retourne dans la campagne et arrive au croisement de la route des navigateurs, que je suis, et de la route des frontières, route qui longe le Maine et le Nouveau-Brunswick. Je reste avec les navigateurs et rentre dans Notre-Dame du Portage. Village au passé de résidences de vacances, le village fut aussi le point de passage de la route du portage, lieu de liaison entre le fleuve, la rive nord et sud, jusqu’aux rivières menant au Nouveau-Brunswick.

C’est marrant on a l’impression de se trouver dans un village côtier maritime, alors que nous sommes encore au fleuve. Pratiquement toutes les maisons ont un nom, comme on en donnerait à son bateau.
Après ça, j’arrive à Rivière du Loup, la vieille ville est en haut, mais ne voyant aucune indication, je ne m’y rends pas, je reste sur la 132. Au croisement avec la 185, je me pose encore la question, si je laisse tomber le Nouveau-Brunswick, ou si je m’y rends qu’en même. Je louche sur le panneau indiquant Edmundston, ville frontière Québec/Nouveau-Brunswick. Je me résigne à continuer sur la 132, pour profiter pleinement de la Gaspésie sans courir.
J’arrive à la pointe menant aux traversées, le vent souffle comme en pleine tempête, je retrouve un panneau de la route verte, mais le perds rapidement, me trouvant pris dans une course à pied organisée dans la ville. Cela m’amène à faire des détours pour retrouver la 132.

Cacouna, lieu de villégiature anglophone et lieu de mon arrêt vaisselle. En descendant à la crique, il y a un parc avec toilettes, vu que je n’ai pas de quoi graisser mes plats, ma cuisine d’hier avec les saucisses était un peu accrocheuse, je profite donc du lavabo pour faire ma vaisselle, à l’eau froide et au savon.
Dans les kilomètres suivant la 132, accueille, les voitures de la 20, qui s’arrêtent ici, il y a plus de circulation, mais la voie à droite est bien large pour moi rouler sans crainte. Porté par le vent, je fuse, si bien que mes pédales ne suivent plus, je dois faire du 40km/h au moins. Je fais alors 10km sans m’en rendre compte et même si je roule vite, la route est pénible à cause de la chaleur. Il est prévu 28°, aujourd’hui.
Dés que je vois la route verte partant en forêt, je m’y engage, cela devrait me rafraichir. Mais le chemin monte sec et ce qui devrait me rafraichir, devient encore plus pénible. Il me restait seulement 9km et je les fais en 1 heure.
En arrivant à Isle Verte, je ne reprends pas la route verte, car elle me ralentit et retourne sur la 132 pour avancer plus vite. C’est alors rapidement que j’arrive à Trois Pistoles, je traverse le pont de la rivière du même nom du patelin et tourne à droite pour grimper un peu et aller voir la chute et les rapides, une fois la haut, je profite de la fraicheur de l’eau, car je dégouline. Et dire qu’il est prévu encore plus chaud demain.
Dans la descente, je croise de nouveau la route verte, appelée ici, littoral basque, vu que la 132 remonte dans les terres, je reste donc au bord de l’eau. Plus loin je trouve une gréve avec toilette et lavabo, je pense installer ma tente, mais comme il est assez tôt, je décide de continuer encore.
C’est comme ça que j’arrive à un chemin m’amenant à un fronton de pelote basque, étonné d’en trouver ici, je m’y arrête, d’autant plus qu’il y a un bar. Je prends une mousse fraiche et m’installe à une table avec des habitants qui m’invitent. J’en apprends alors beaucoup sur l’histoire des Basques et de l’île aux Basques, qui se trouve au large sur le fleuve à niveau de la ville.

Les Basques, bien avant la venue de Jacques-Cartier, connaissaient déjà les lieux et venaient chasser la baleine et commercer avec les indiens. Ils ne rentraient pas sur les terres respectant les pactes avec les indiens, mais l’île aux Basques, leur servait de port d’attache pour dépecer les baleines, faire fondre la graisse et vendre aux indiens, avant de rentrer chez eux.
On prétend même que Jacques-Cartier a connu le chemin des terres Canadiennes en commençant comme matelot sur des navires Basques, venant ici. C’est une fois capitaine, qu’il est revenu pour la France comme explorateur.

L’après-midi avance et une soirée barbecue se prépare, invité à coucher chez Isabelle, je suis convié à la soirée. Nous prenons donc mon vélo et allons faire des courses. Une fois chez Isabelle, je me prends une douche et nous repartons pour chez Kim, là où la soirée est prévue.
La soirée se déroule bien et j’apprends encore de nombreuses choses sur le Québec. Ayant l’occasion d’avoir de la viande, je me prends deux steaks de 200g chaque et des morceaux de poulet. La soirée s’achève avec un petit feu, et je m’endors tranquillement sur ma chaise, à cause de la fatigue de la journée.
Nous rentrons chez Isabelle et retrouve mon sommeil rapidement, sur le canapé du salon.

St André - Trois Pistoles 72 km

Rivière du Loup

Cacouna

Fronton Basque

Le petit phare.

Ce matin bonne douche au réveil et pan cakes au sirop d’érable, il faut se faire des petits plaisirs parfois.
Les clés rendues je pars visiter le parc aux sculptures, la plupart son faites de bois, il faut vraiment que je m’essaie à cette pratique. La sculpture m’attire de plus en plus. Je me dis pourquoi pas le bois aussi, en plus de la soudure. Je quitte lentement le village, appréciant les jolies bâtisses. Sur la route menant à St Roch des Aulnaies, je regarde la région de Charlevoix, qui est de l’autre côté du fleuve. On y voit bien les Éboulements et l’île aux Courdres.
En sortant du village, une piste cyclable longe les marais salants, je passe un massif rocheux, puis suis en contre bas de la Pocatiére. Je viens de quitter les Chaudières-Appalaches pour le Bas du Saint Laurent, Je ne visite pas la ville, mais reste plus au fleuve, la piste continue encore le temps de rejoindre la 132, aux portes de Rivière-Ouelle. En m’arrêtant à une épicerie, je vois qu’ils font aussi café-internet; Je demande et le gérant me propose 2$ pour 15 minutes. Il me donne son portable et je m’installe. Je regarde alors mes mails de réponse à mon précédent mail de nouvelles. Puis écris un nouveau courriel, pour rendre compte de mes derniers jours, quand la connexion lâche, rien de grave, j’avais copié avant. L’ordinateur ne veut plus se connecter, j’appelle le gars et il m’avoue que je suis son premier client et que le système n’est pas encore au point. Finalement, il me fait la connexion gratuite, mais on n’arrive pas à régler le problème, il faut donc alors qu’il aille chercher son câble internet en rallonge pour que je puisse donner des nouvelles sans attendre que le sans fil se décide.

Ma bonne action de la journée étant faite en ayant rassuré mes proches, je continue, mais la route quitte le fleuve pour se retrouver en campagne, je roule vite pour me rendre de nouveau au bord de l’eau en arrivant à Kamouraska, je fais une sieste sur le quai, en écoutant le récit de mes voisins de banc, deux jeunes de la vingtaine, un gars, une fille, qui cette dernière revient fraichement de France et dont son principal souvenir est la facilité d’approvisionnement et les bons prix de l’alcool. Chaque anecdote est rattachée à une bouteille, un alcool différent avec l’insistance sur le prix modique pour la qualité tout de même présente.
Plus loin dans les méandres des petites rues j’arrive à la place de l’église et à une boulangerie, pain et brioche aux raisins, agrandissant mes provisions. Des montréalais me voient avec mon bardas et m’accostent, curieux de savoir où je vais, ils me conseillent un camping au village suivant, où tu peux te poser sur le bord du fleuve.
Je m’y rends donc et voilà que le camping est 20$ pour la nuit, c’est moins cher qu’un hôtel, mais dans un sens ça me fait chier de payer 20$ pour devoir poser ma tente et dormir dans mon sac de couchage. Je continue en me disant que je trouverai bien moi même une place au bord du fleuve. J’arrive alors à St-André, où un chemin mène à la batture. Encore une fois, je rencontre des montréalais, décidément un peu de soleil et un week-end prolongé et les voilà de sortie. Ils sont impressionnés par mon parcours, la femme essaie de soulever mon sac, mais il ne bouge pas du sol.
Au loin je vois un petit phare, je me rends jusque là et vois que c’est un faux, il sert juste à accueillir les gens pour observer les oiseaux, le coucher de soleil,…, table et chaises sont à disposition.
Je pense m’installer ici sur l’herbe un peu plus loin pour être un peu moins victime du vent.
Mais avant ça, je fais un tour de village à la recherche d’eau, des petits vieux faisant une vente de garage, me remplissent mes gourdes, je suis prêt à profiter de mon poste au bord du fleuve. La tente installée, je me poste au bout de la jetée pour profiter du silence des lieux et écrire un peu.
Le soleil se couchant, les gens arrivent, une famille s’installe dans le phare pour faire leur repas, mince je devrais trouver une autre place pour protéger mon réchaud du vent. Le soleil couché, je retourne à ma tente, en essayant d’allumer mon réchaud pour faire des pâtes et les saucisses achetées à la ferme, pas moyen, le vent souffle les flammes malgré mes protections, en faisant un brise vent avec mon matelas. Il y a une grange à côté, je m’y rends donc et vais faire ma cuisine. Ayant oublié ma lampe et ma faim me tiraillant, je bâcle un peu mes cuissons. De retour à ma tente, je mange donc mes pâtes et mes saucisses semi-cuites.

St Jean Port Joli - St André 75 km

St Jean Port Joli

St Roch des Aulnaies

La Pocatière

Kamouraska

St André