Archives mensuelles : mars 2010

« …Le plus grand artiste de l’Univers est Dieu car il a sculpté la femme. »

Depuis trois semaines, je n’avais pas fait de footing, préférant m’abstenir de peur de me faire une déchirure musculaire, ou autre chose avant mon départ, ayant déjà mal au bout de 10 minutes. J’ai alors fait essentiellement du vélo et les marches du Mont-Royal, qui est un exercice moins dur pour le bas des jambes.
Aujourd’hui, il pleut et je suis en congé, les marches sous la pluie ne m’inspirent pas trop, la glissade arrive vite, je décide donc de tenter la chance en faisant un footing, sachant que David est en congé aussi et qu’il veut arrêter la clope, je le sors au maximum lors de mes entraînements.
Nous voilà sous la pluie, après 30 minutes de footing et quelques sprints, nous rentrons.

Une heure plus tard, David frappe à ma porte et me propose d’aller voir Michel Binette, un ami qu’il veut me présenter.
Avant ça nous allons dans un magasin de sport, pour regarder les vélos, car David hésite toujours entre un vélo de route ou un cyclocross, je profite pour regarder ce qu’il me faut pour moi partir comme une couverture de survie, du produit moustique, un sac pour mettre à mon guidon, un kayak, … bon ok le dernier n’est pas indispensable pour le moment, mais je jure que je vais m’en prendre un à l’occasion, cela me manque de ne plus en faire, se laisser porter par l’eau, pouvoir aller sur des îles inaccessibles à pied, mais je vous avouerais que ce qu’il me manque le plus, sont les baignades avec les poissons morts de la Deûle.

Nous arrivons au studio de Michel, sculpteur et peintre, vivant de son art. Depuis que j’ai dit que j’aimerais m’essayer à la sculpture, David, pense à me présenter son ami.
Professionnel depuis plus de 40 ans, vendant ses œuvres au Québec et même sur le vieux-continent, c’est un honneur pour moi de me retrouver face à lui. Personne simple, n’ayant pas le melon de l’artiste, comme beaucoup dans le milieu, il parle sans gène du métier, de sa famille, de ses influences. Lors de rencontres comme ça, je ne suis plus homme, je suis comme Bob, une simple éponge.
Contrairement à beaucoup qui la culture c’est comme la confiture, moins on en a plus on l’étale, Michel a de la culture mais ne l’étale pas, en fin cuisinier que je suis, je compare sa façon de parler de l’art, à un mets de luxe, comme du foie gras que l’on n’étale pas, mais que l’on dispose délicatement pour le déguster avec plaisir.

Ses œuvres sont le fruit de travail et d’implication personnel dans chaque coup de pinceau, ou de mirettes, je vous laisse regarder son site:   http://www.michelbinette.com/ (qui pour l’instant est encore en construction mais gardez le lien ça faut le coup).
Saviez vous que la Joconde était peinte sur du bois? Saviez vous que le bronze peut être teinté par des acides?
Je conclurais cette visite en citant le bonhomme:  » Michel Ange est pour moi le meilleur sculpteur sur Terre. Le plus grand artiste de l’Univers est Dieu car il a sculpté la femme. »

Le reste de l’après-midi, nous allons voir un dernier magasin de vélos, où nous tombons sur un formidable conseiller, renforçant le doute de David, mais éclaircissant beaucoup de choses, nous sommes désormais des vrais pro en équipements et différences selon les modèles. J’y trouve mon sac, pile la taille qui me faut pour mon appareil photo et rentrant tout juste entre les cornes de mon guidon.

Le sommeil est difficile à trouver, je me laisse aller à écrire une lettre pour m’aider à me vider la tête de bien trop de questions qui se bousculent.

La goutte qui fait déborder le vase

Michel Binette

Vélo série "Paris-Roubaix"

2éme sortie…

L’entrainement continue toujours pour être fin prêt à me faire un mois de vélo avec 20kg sur le dos, si je ne veux pas revenir à l’Hexagone en pièces détachées, je dois bien me préparer à ce périple.
Nous montons un peu le palier, nous prévoyons un 70km, étant donné que David n’a pas eu le temps d’aller acheter un nouveau vélo, nous n’allons pas plus loin, car c’est réellement plus pénible en VTT qu’avec un vélo de route.
Direction l’île Bizard, … arrêtez un peu avec vos têtes de déterrés, je sais bien que j’ y suis allé il n’y a pas longtemps et que vous espérez découvrir de nouvelles contrées, et bin non perdu. Mais depuis la dernière fois le décor a beaucoup changé, je suis sûr, car les étangs sont dégelés, les oiseaux sont revenus, plein d’occasion de faire de belles photos et de s’en mettre plein les yeux.

Ce matin, grand soleil, aucun nuage, vent léger, les conditions idéales pour rouler sur l’ asphalte, à une exception près il fait -9°.

J’ai donc le plaisir de vous annoncer que la sortie est annulée. Je sais ce que vous vous dites, vous vous sentez trahis, que je vous mens depuis le début de mon article, je vous promets du rêve et finalement j’ai rien à vendre.
Comme lot de consolation, je vais tout de même vous raconter ma journée.

Étant réveillé de bonne heure, je termine mon bouquin de Nabokov, Lolita, petite perle stylistique au sujet controversé, faisant le récit de la relation d’un homme mûre avec une jeune nymphette de douze ans. Après ça je m’en vais voir David pour se dire d’un commun accord que la sortie est annulée, mais on pense se faire néanmoins le Mont-Royal et les marches dans l’après-midi. En attendant, je me fais une petite séance d’une heure de musculation. C’est dernier temps, mon objectif est essentiellement de me muscler les épaules et le dos en prévision du portage du sac, et aussi dans un futur plus sombre de devoir porter mon vélo, jusqu’à la prochaine ville pour le faire réparer.
L’effort physique est fait, je peux déjà rayer ça de ma liste à faire pour la journée, place à l’effort culturel, direction la bibliothèque, bon j’avoue que ce coup-ci je n’ai pris que des films et des B.D, pas de grande littérature, car je ne veux pas commencer un livre et ne pas pouvoir le finir avant que je ne parte, bon il me reste du temps, mais en ce moment je me documente pas mal pour mon trajet donc je n’ai pas beaucoup de temps pour lire sérieusement, et puis j’ai encore un livre de Louis-Ferdinand Céline en réserve.
En rentrant, une fille et sa mère passent faire une visite, en prévision de ma libération de l’appartement, le temps de prendre les vêtements traînant parterre et de les mettre sous la couette, elles sont déjà présentes. Aucun commentaire sur mon beau tag, pfff, rien que pour ça elle ne mérite pas de me remplacer.
Place maintenant à l’effort intellectuel, je me place devant mon ordinateur et commence à écrire cette article, je m’engage corps et âme dans ce combat mental, pour parvenir à un résultat appréciable, mais me voilà coupé dans mon élan par mon partenaire d’entraînement, le bien nommé monsieur usant du même prénom que le mien. Le temps d’enfiler ma tenue de sportif suant et puant et nous voilà partis pour  faire notre petite montée.

En cours de route, nous décidons de nous arrêter à un magasin de vélo pour checker ce qu’ils ont à proposer. En regardant mon destrier vieillissant par la vitrine comparativement aux jeunes étalons tout beaux tout neufs du magasin, avec leurs cadres en carbone, leurs dérailleurs tiagra, leurs jantes profilés, une pointe d’envie et de  jalousie s’empare de moi, un jour je l’aurai, un jour tu seras mien.
C’est pas tout ça mais bon une montée nous attend, enfin je dis une mais c’est plutôt quatre. Pour compenser le manque de kilométrage, nous avons enchaîné la dénivelée, en faisant la montée de Camilien, la montée du Belvédère, puis nous sommes descendus de l’autre bord, pour se la remonter de suite, pour finir par la montée du Mont-Royal, pour aller aux marches.
Il est déjà 15h donc forcément les touristes sont plus présents, qu’à 8h du matin, mais bon c’est pas trop pire, nous arrivons néanmoins à courir sans trop couper son rythme dans la montée.
En redescendant nous nous arrêtons à une place que connaît David, pour prendre un bon jus frais, puis allons voir un autre magasin de vélos, enfin deux mais bon l’un ne fait pas de vélos de route en dessous de 1600$ donc nous ne restons pas longtemps. Dans l’autre magasin, nous voyons un autre bon vélo, mais le premier reste pour moi qu’en même mieux. Je regarde aussi pour un sac indécrochable au guidon pour moi mettre mon appareil photo, se sera plus pratique quand je m’arrête pour les photos et puis ça me lestera d’un poids dans le sac à dos. Surtout que contrairement à un porte bagage, ce n’est pas un investissement perdu, car étant un sac je peux facilement le ramener avec mes bagages.
De retour au bercail, petit arrêt au marché Jean Talon, puis je reprends ma plume numérique pour finir cet article.
Dernière chose, petite balade avec Matéo (le chien), David et André, pour s’ouvrir l’appétit pour mon poulet au curry de ce soir.
Je vous promets de me reposer après ça, du moins jusque demain…

Westmount

1ère sortie

Comme je l’ai dit précédemment David pense faire les deux premiers jours de mon trip vélo, nous commençons l’entraînement aujourd’hui.
Pour se décrasser, je propose de faire le canal Lachine et revenir par le fleuve, histoire de se faire un petit 50km. Niveau distance ça n’est pas compliqué pour moi, mais je dois surtout m’entraîner aussi à faire de la montée, du coup au lieu de descendre directement au canal, je fais un petit détour par Camilien-Houde et la Montée du Belvédère de Westmount. Le temps est pas mal bouché, donc le panorama n’est pas au rendez-vous mais bon, c’est pas si grave, le plus chiant c’est que la température a pas mal chuté depuis la semaine dernière, on retombe à des zéros, il a même reneigé pendant la nuit, je suis content d’avoir mes gants.
Du Belvédère, nous descendons jusqu’au marché Atwater, pour traverser la passerelle du canal, et nous suivons la piste cyclable qui le longe. Le canal est l’ancienne artère industrielle de Montréal, de nos jours pratiquement toutes les usines sont réhabilitées, mais l’atmosphère ouvrière est encore là, les anciennes cheminées se tiennent toujours fièrement au garde à vous devant les nouveaux géants du Centre-ville, on trouve aussi vieilles grues portuaires et ponts mobiles rongés par le temps et les hivers, derniers témoins d’une époque révolue.
De faire des virées comme ça en vélo, ça me rappelle, les sorties avec la cousine. Finalement, nous arrivons déjà au Parc René-Lévesque, le point de retour marquant à peu-prés la moitié du parcours. Ça fait bien 10 ans que David ne s’est pas baladé dans le coin. C’est marrant mais à deux le temps passe plus vite, je ne pensais pas arriver si vite. Nous faisons une pause à la pointe du parc, David à les pieds gelés, il n’a pas prévu de grosses chaussettes, même moi avec mes grosses chaussettes  de randonnées c’est limite, mais vu que j’ai roulé pendant tout l’hiver déjà, j’ai gardé l’habitude de bouger mes orteils dans mes chaussures pour les réchauffer.
Nous reprenons la route, cette fois-ci le long du fleuve, en quittant la vue dégagée sur le Lac St-Louis, c’est la quatrième fois que je dois prendre cette route en vélo, elle est vraiment facile car la piste est bien faite et donc on roule bien vite. Mais David à un VTT donc il doit fournir plus d’ efforts pour garder le rythme, il pense acheter un meilleur vélo, pour faire des longues distances, un vélo de route ou un cyclotourisme, pour être plus performant. On ira voir ensemble à l’occasion en magasin pour comparer les choses qui se font et pour rêver en voyant les vélos à 15000$.
Je ne sais pas si les jantes sont en or à ce prix là, mais je préfère mettre cette somme dans autre chose.
De retour, sur le Centre il reste à remonter St-Laurent et nous voilà de retour chez nous, chacun se prend un bain chez soi pour se réchauffer.

Prochaine sortie, Samedi prochain.

Mont-Royal

Belvédère Westmount

Marché Atwater

Pédale min garçon, pédale…

J’ai l’impression de me trouver à Ikea avec leurs règles, qu’une fois en main, tu te rends compte que tout est mesurable. Avec le site que j’ai trouvé pour calculer les itinéraires je calcule toutes les sorties que j’ai pu faire en vélo depuis que je suis là, ce qui est bien en plus de voir les kilomètres tu as aussi le dénivelé.
Du coup aujourd’hui, après ma sortie sportive au Mont-Royal,  j’ai travaillé sur mes étapes pour le mois de mai, en calculant à peu-près 80km par jour, je réajusterai une fois sur la route, selon la fatigue et la dénivelée.. Je ne suis pas coureur de tour de France, je ne ferai pas 200km par jour,  je suis conscient que je vous déçois, je ne suis pas le surhomme que vous vous imaginiez.
Je ne saurais pas faire 200km, car tout d’abord je ne me dope pas, j’ai pas un vélo qui coûte 5000$ mais juste un de 50$ en occas chez Julio, je ne me rase pas les jambes et les bras donc je suis moins aérodynamique et dernière chose qui n’est pas négligeable je n’ai pas juste a porter un guidon, mais un sac de 20kg . N’ayant pas de podium avec la bise de jolie fille en récompense à ma performance, je prendrais le temps aussi de m’arrêter pour mes photos, je suis avant tout photographe avant d’être coureur.
J’ai déjà en vue les premières étapes, jusque 5 jours, pour le reste je continue à potasser les bouquins et les guides de la région pour savoir ce qui est le plus intéressant à voir.
J’ai fait un tracé, pas encore définitif de mes 30 jours et au total, je devrais faire 1800km si mon corps me porte encore, et la dénivelée est de 10000m, non je ne fais pas l’Himalaya, mais dans les cantons de l’ouest il y a les Appalaches, et sur la côte de Gaspésie (qui a elle seule fait déjà 800km) ça ne fait que descendre et monter. Le maximum que je devrais faire c’est un 290m d’une traite.
Une autre chose sympa, dont j’ai eu la nouvelle hier, c’est que David est prêt à m’accompagner, pas sur tout, mais au moins jusque Magog, donc on fera deux jours ensemble. C’est sa ville natale, on profitera pour aller voir ses parents, ça me fera un bon repas et un bon repos avant de vraiment commencer seul.
Ce qui est bien aussi c’est que durant le temps qu’ il me reste, on fera l’entraînement ensemble, ça permettra de partager des derniers moments sympa.

Camilien Houde

Depuis un moment je change mes habitudes sportives, le beau temps motive à d’autres activités. Fini de courir dans le labyrinthe de Ville Mont-Royal, il n’y a plus de neige, c’est donc plus plaisant d’aller faire du sport au Mont-Royal, avec l’université Mc Gill à côté il a plus de personnes agréables à regarder.
Au début je me faisais juste la montée du Mont-Royal par la voie Camilien Houde, un petit 15km avec 140m de dénivelé. Puis j’ai réussi à faire ça plus facilement donc j’ai continué et suis allé jusqu’au quartier Westmont où j’ai découvert un nouveau belvédère, un petit 20km avec deux montées de 120m chacune. David aimait faire du vélo au Mont-Royal aussi mais il n’a pas repris le sport depuis l’arrivée de l’hiver, je lui propose donc de venir avec moi, on se fait donc les 15km et les 140m, puis on va au belvédère pour se faire les marches en courant descendant/montant, 4 aller-retour pour une première pour moi, c’est pas si pire. Aujourd’hui je me fais la même chose tout seul puis je me fais 6 aller-retour maintenant. Je précise à titre informatif que l’escalier est de 252 marches.
Avec ça j’ai l’impression de plus travailler les jambes sans attraper de douleur à la jambe, comme les dernières fois où j’ai couru. Je crois que je vais adopter ce menu, jusqu’à mon départ pour être en forme pour me taper 1 mois de vélo.

Bizard, vous avez dit Bizard? Comme c’est bizarre.

La neige se fait rare sur les routes et les pistes cyclables, il est grand temps de reprendre les bonnes vieilles habitudes des jours de congé, l’exploration de Montréal & co.
363km² de superficie, je ne pense donc pas avoir fait tous les recoins de l’île, j’ai pu voir tous les arrondissements, mais il en a un que je n’ai fait qu’ effleurer, il y a de ça 8/9 mois quand j’ai fait le tour de l’île du côté Ouest, n’étant qu’au 1/4 de mon périple, je n’ai que traversé le pont, pour faire demi-tour aussitôt en voyant la grandeur de l’île.
Pour situer les choses, Montréal est une île au milieu du St-Laurent, à côté se trouve Laval qui est aussi une île pratiquement aussi grande, à côté de ça il existe de nombreux petits îlots, le plus gros est l’île-Bizard 23km².

Ile agricole et de villégiature pendant plus de 3 siècles, elle est maintenant constituée principalement de résidences secondaires, où les propriétaires jouent à qui aura la plus grosse propriété. Deux terrains de golfs on prit la place des terres agricoles et un parc nature de type marécageux, abrite une des faunes les plus riches de Montréal.

Après 20km sur Gouin, me voilà sur le pont menant à l’île, le vent souffle bien, je l’ai eu dans le dos pour venir, j’appréhende mon retour.
Je quitte tout de suite le gros axe pour prendre la rue Cherrier et faire le tour de l’île en longeant la côte, c’est rural, personne sur les routes, je suis la seule présence sur cette longue ligne droite toute cabossée qui sert de route. Les résidences commencent à fleurir sur le bord du Lac des Deux-Montagnes, un chemin tourne à droite menant sûrement au bord de l’eau, mais je le laisse de côté en me disant que de toute manière, les abords doivent tous être des terrains privés et donc je ne pourrai pas y accéder, je ne me fais plus d’illusions maintenant, j’ai compris que les seuls endroits où tu peux profiter de la nature sauvage du pays, sont dans les parcs nature, en dehors tout n’est que privatisation, chasse gardée par les riches propriétaires qui ne profitent de leur terrain que pour quelques semaines, l’an.

J’arrive alors au Parc du Boisé de L’île-Bizard, tout d’abord je me rends au bord du lac, où je trouve une place à l’abri du vent pour manger au soleil, avec vue sur cette étendue d’eau immense.  Je me rends vers le marais, quand je vois des oiseaux de couleurs magnifiques, des Jaseurs de boréales, je pense. Ils sont une petite dizaine à manger les baies restantes sur les arbres. Je reste à observer pendant bien 20 minutes, puis je reprends la route, me voilà dans les marais.
Le coin est riche en diversités d’espèces, mais les nuits sont encore froides ne permettant pas à l’eau de dégeler, les oiseaux ne sont pas encore de la partie. Le gros du boisé est un marais, un lieu humide où les oiseaux nichent, les grenouilles croassent, et les castors font des barrages. Les castors sont essentiels à l’équilibre du marais, leurs barrages irriguent l’eau, faisant monter l’eau, et créant ainsi des zones marécageuses, propices au développement d’autres espèces.
Le parc est encore enneigé, je dois donc tirer mon vélo dans la neige d’une main, avec mon appareil photo dans l’autre. En arrivant dans la zone marécageuse, je suis émerveillé, l’endroit est vraiment beau, c’est rempli de roseaux, et d’arbres morts, pris dans la glace et en bordure le bois du marais. L’endroit est vraiment coupé du monde, je n’ai rencontré personne depuis que je suis sur l’île donc je me sens comme dans un rêve en arrivant là sur cette passerelle surplombant ce tapis de glace à perte de vue. Des amoncellements de bois dépassent de l’eau, ceux sont les habitats des castors.
Il faut que je revienne au moment du dégel, les oiseaux doivent être nombreux en arrivant du Sud. Je retourne dans le marais, au milieu des arbres nus, dansant au gré du vent en se caressant à leurs voisins, produisant une mélodie macabre mais enchanteresse.
Le tirage de vélo devient vraiment pénible, et ne voyant pas d’oiseaux, je décide de sortir du parc, et revenir à la civilisation.
Je tombe sur la rue de l’Église et suis tout de suite proche du pont ramenant sur Montréal.
Comme prévu le vent est de face, cette fois, le voyage est plus pénible surtout que contrairement à ce matin, la route est plus fréquentée et les voitures me forcent à choisir entre passer sous leurs roues ou rester collé au bord m’obligeant à devant rouler dans les nids de poules. Que des routes de merde, j’en ai vraiment marre de devoir rouler sur ça!!! Plus loin la piste cyclable refait son apparition, je ne dois plus faire du slalom entre les trous, mais le vent est toujours là.
Après deux heures, et une embrouille avec un connard qui me klaxonne alors que les routes sont assez larges pour voir passer un paquebot en pleine ville, je peux me reposer.

C’est qu’en même dingue ça, les routes sont deux fois plus larges qu’en France, mais ça ne suffit pas encore, si je ne roule pas le coude collé aux voitures garées, le gars hésite à doubler. Alors il klaxonne, et moi je fais un fuck, et le gars ralenti et me fait la morale, je lui dit de continuer sa route et de me faire la morale quand lui connaîtra le gabarit de son tas de boue. Les scénario alors peuvent différer à partir de là, le gars s’arrête devant moi pour me barrer la route et discuter avec les poings, et moi je le double en tapant sur sa voiture ne déniant pas m’arrêter pour lui. Ou sinon le gars klaxonne par frustration, voulant tout de même affirmer sa virilité, et continuer sa route.
Quoi qu’il en soit dans les deux cas, la morale reste la même, il n’y a rien de plus con qu’un mec qui s’affirme avec un volant entre les mains. Ce n’est pas les chevaux de votre bolide, qui vous donneront un plus gros Q.I, malheureusement.

L'île Bizard

Bord du lac des Deux Montagnes

Jaseurs boréal

Boisé de l'île Bizard

Chez Mr Castor

Des semaines comme ça, je suis preneur.

Alors que la nature renaît, je me métamorphose, des ailes me poussent. Je n’ai pas de belles photos à vous partager, mais cela ne m’empêche pas de me sentir épanoui.

La semaine fut riche en moments forts, Lundi, en pleine évasion entrain de préparer mon parcours de dans deux mois, un coup discret mais ferme cogne sur ma porte, c’est David, pour que je l’aide sur son ordi, peu de temps après nous voilà avec André et Alain dans le salon en train de parler de chose et d’autre. Je réalise alors qu’il ne me reste plus beaucoup de temps avec eux, il me faut donc déguster chaque rencontre.

Mardi, je commençais à 12h, ne pouvant plus courir, je me suis donc dirigé vers le Mont-Royal pour une petite ascension en vélo, sur le retour je m’arrête à Renaud-Bray, il me faut un carnet, car je ne pourrai pas écrire mon blog quand je serai sur la route, je reviens à l’ancienne méthode.
Je me fais le Mont-Royal tous les matins depuis pour m’entraîner.
Au soir, promenade de Mathéo, le chien de David, nous voyons un raton laveur dans le parc.

Vendredi, je commence à 16h, je passe chez le fidèle André, avant 5h de tête à tête avec des imbéciles.

Samedi, une main caresse de nouveau ma porte, André, qui vient me ramener mon carnet, je lui avais laissé pour qu’il m’écrit un message. Il va à Jarry pour voir des oiseaux, je finis donc ce que j’avais à faire et le rejoins peu de temps après. Assis sur un banc il observe les allers et venues des rares oiseaux qui commencent à revenir du Sud. Il m’avoue qu’en écrivant dans mon carnet, il s’est rendu compte que je ne serais bientôt plus là. C’est vrai que je suis content de rentrer en France, pour retrouver des gens chers pour moi, mais ça me fait mal de laisser ces amis qui m’ont tant apporté cette année.
Le soir, je dîne chez lui, en écoutant de la bonne musique,en se confessant.

Depuis un moment, j’ai trouvé une source de soutien, de petit bonheur, qui me donne un second souffle pour que les heures glissent sans remord, ni amertume. Une personne, une rencontre, une promesse, plein d’espoirs, plein de rêves. Ah que c’est bon de se sentir vivant, je m’enflamme sûrement trop vite, mais peu importe, je boirai l’ eau de cette fontaine de béatitude.

Les bonnes rencontres sont comme des dominos se succédant l’un à l’autre, pour bien finir la semaine donc, je me fais inviter chez Azalia et Guillaume, une collègue, qui se marie en Juin, elle m’a demandé de faire ses photos, c’est avec plaisir que j’ai accepté et l’aide aussi à faire ses cartes d’invitations. Nous finalisons donc tout ça et discutons autour d’un bon rouge et un bon repas.

Des semaines comme ça, je suis preneur.

Le vengeur masqué

Vive les mariés

Comme un air de printemps

Le soleil brille de mille feux, rechargeant mes batteries après cette torpeur hivernale. Les trottoirs sont de nouveau visibles, la neige fondant transforme les allées des parcs en cours d’eau et laisse apparaître les ordures enfouies hibernant durant ces derniers mois. Les oiseaux font entendre leur chant, les bourgeons se dévoilent timidement, les Dairy Queen se préparent pour gaver les enfants de crèmes glacées.

L’hiver n’est pas encore fini, mais on sent le printemps venir, les gens ressortent de chez eux, les bancs des parcs se sentent moins seuls, les vélos reprennent leurs droits dans la circulation,…
Finies les grises mines, les doudounes cachant secrètement les courbes féminines et les parties de yo-yo avec les morves coulant du nez. Place à la joie de vivre, aux jupes et aux parties de billes dans les cours de récré.
Il ne fait pas encore bien chaud, mais pour encourager la température à monter, je laisse mon gros manteau dans le placard, au profit de ma petite veste et me prélasse avec un livre sur un banc.

Petit meurtre entre amis

Depuis Vendredi dernier, suite au départ de mon frère j’ai trouvé un nouveau colocataire. Je vous avouerais que je n’ai pas forcément cherché à en avoir, mais bon il s’est imposé de lui même. Ne voulant pas passer pour un hôte malhonnête, je ne l’ai pas foutu dehors, mais il a commencé à prendre des libertés, comme se servir dans mon riz, dans mes réserves de jus de fruit disposés dans mon placard, et puis comme si ce n’était pas assez abusé de mon hospitalité, il a commencé à déféquer là où ça lui plaisait.
Il m’est alors venu des envies de meurtre, ceux sont des petites choses vous allez me dire, de manger la nourriture des autres à leur insu et avoir des problèmes de contrôle de la sécrétion de ses selles, mais pour moi, elles avaient suffi à me pousser aux plus viles pensées et agissements envers lui pour écourter son funeste avenir.
N’ayant rien sous la main, il m’est seulement venu à l’idée de mettre de la javel sur le riz tant convoité, mais la javel c’est grossier et facilement détectable. Il me fallait plus subtile si je voulais arriver à mes fins, si je voulais arriver à sa fin.
Ne me sentant pas les épaules assez robustes pour porter la charge de mes actes, j’ai cherché à avoir un complice, je suis donc passé, chez David. Comprenant ma détresse et mon désarroi face au comportement de mon invité forcé, il me partage un extrait de poison de sa réserve. Il me confesse s’en être déjà servi lors d’une situation équivalente à la mienne, et où le poison qu’il me propose a fait sa fonction le plus admirablement possible.
C’est un poison subtil qui ne se détecte pas au goût ou à l’odeur au contraire il a tendance à attirer les vulgaires parasites tel que mon nouveau compagnon, il agit sur les Vitamines K, en annulant leur effet de coagulation sanguine, ainsi le sang qui n’est plus coagulé, provoque des hémorragies internes tuant à petit feu la victime.
C’est alors avec mon échantillon que je retourne dans mon appart, déposer discrètement ma petite gâterie.
La soirée du Vendredi s’achève sous une mélodie macabre de couinement de douleur de mon visiteur, je trouve alors le sommeil, sachant ma pulsion primitive de meurtre assouvie.

Le lendemain, l’esprit reposé je me prépare mon traditionnel bol de cheerios, quand une envie folle s’empare de moi, allez soyons fou, après tout c’est un jour de fête, je suis de nouveau seul chez moi, cela mérite bien un chocolat chaud et des tartines grillées tapissées d’une fine couche de beurre. Je travaille donc à mon festin matinal quand un bruit intrigant parvient à mes oreilles, un bruit de grignotage, et de pas précipités.
Je ne peux en croire mes oreilles, je l’ai pourtant entendu crier à la mort hier soir, se pourrait il qu’il ait faussé compagnie à la faucheuse, non je n’y crois pas, ou bien est-ce son fantôme qui hante désormais mon esprit et détourne mes sens? Il me faut en avoir le cœur net, je prends donc mon courage à deux mains, et ouvre la porte de mon placard sous l’évier.
Je n’en crois pas mes yeux, ce n’est pas un ectoplasme que je vois, mais bien un être de chair et de sang, c’est bien lui, mon fidèle et triste ami, je le reconnais avec son air de dédain. D’ailleurs il a pris la fuite à mon apparition surprise dans l’embrasure de la porte du placard, mais voyant que je ne le menace en rien, il se rapproche déjà, convoitant mon riz.
Son regard en dit long, il sent ma déception de le voir s’en être tiré de mon acte perfide. Je doute alors que c’est bien lui, mais il n’y a pas de doute, je reconnais bien sa robe grise et son museau. On serait pratiquement prêt à l’adopter, mais ne sachant pas d’où il vient, je ne prends pas le risque, qui sait si ce n’est pas l’enfant d’une triste lignée de rats d’égouts. Il a beau avoir l’air mignon, il n’est ni plus ni moins, un profiteur ayant ruiné mon nouveau sac de riz et mon pack de jus de pommes, je ne peux pas me permettre une cohabitation, ne sachant pas ce qu’il peut faire pendant mon absence, je le séquestre alors dans mon placard et vais demander à David une nouvelle dose de son poison pour me débarrasser au plus vite de ce rat.
Je paie un loyer dans lequel j’ai le droit à un placard sous l’évier je compte bien en profiter jusqu’à mon départ, il y a un poilu de trop dans cet appart.

Les jours se suivent et les doses de poison s’accumulent, voilà maintenant une semaine, que ce jeu du chat et de la souris continu. Il suffit que je mette du poison pour que dans les minutes qui suivent il n’y ait plus rien, j’ai nettoyé le placard pour qu’il ne reste plus de riz, plus de jus de fruit, pour qu’il fasse la fiesta sur mon ardoise. Le seul menu disponible reste le poison, et ça à l’air de lui plaire, il suffit que je propose du rab pour qu’il soit le premier dans la file pour en avoir. Je doute que ce soit toujours le même, mais toutes les fois que je l’aperçois en ouvrant le placard, suite au bruit qu’il fait lors de sa venue, je le trouve identique, a moins qu’il vienne d’une famille de quadruplés, je pense que c’est toujours lui.
Ce n’est pas possible avec toute la dose qu’il a pris il devrait être mort depuis belle lurette, est ce qu’il l’amène dans une réserve, à sa famille?Je n’en sais rien et je ne peux pas le savoir mais c’est frustrant tout de même.
Selon les indications sur la boite, le poison peut mettre dix jours pour agir, dix jours je veux bien mais bon quand le rat a vidé une boite entière en 5 jours je pense que l’effet doit être plus rapide non?
Surtout qu’en plus de ma ration chez moi, David a vu aussi que dans le garage il avait des traces de crottes sous une des grilles, et donc il met lui aussi une portion, et tous les jours il peut en mettre trois fois après chaque heure écoulée, il peut être sûr que l’assiette sera vide

Seulement ce matin, en me réveillant, la portion mise à 20h, la veille, est toujours là, le poison aurait- il fait effet finalement?

To be Continued…