Archives mensuelles : Mai 2010

Saint Jean Port Joli

Je me couche avec le coucher de soleil à la fenêtre et me réveille avec le lever. J’ai l’impression de partir de plus en plus tôt, ce matin à 7h je suis prêt.
Escale à St-Raphaël pour mon petit déjeuner sur le parvis de l’église; Le village a beaucoup de charme, en arrivant, j’ai pris le chemin de l’écureuil, délicat en voiture mais parfait en VTT. On passe dans un tunnel boisé, où se trouve des terrains de culture de sirop d’érable; C’est impressionnant d’ingéniosité les installations. La forêt n’est pas faite que d’arbres mais aussi d’un enchevêtrement de tubes, chaque tube à un embout à mettre au tronc de l’érable et chaque tube fait circuler ainsi le sirop, jusqu’à un tuyau plus large qui lui amène le sirop à la cabane où on le récolte. Après mon tour du village, je découvre un circuit cyclable qui longe le Sault. On prend le chemin du pouvoir et arrive à une place où l’on peut se poser à des rapides.
Le circuit fini je m’en vais dans les campagnes en direction de Montmagny. Des autres montagnes me regardent, mais celles-ci sont de l’autre bord du fleuve, les Laurentides. Je suis entièrement dans un autre décor, ici place aux champs avec vue sur les abords du fleuve. La route était pas mal fréquentée, je tourne à gauche pour me rendre directement au bord du fleuve à Berthier sur Mer. Là je déguste une pâtisserie, faite de pâte d’amandes avec une poire, un régal, je conseille de passer à la boulangerie « Le joyeux pétrin » sur la route principale. Le tour de la ville se termine par un petit tour au port avec vue sur l’île d’Orléans et j’arrive sur la route verte, piste cyclable qui va être mon fil d’Ariane jusqu’en Gaspésie. La route verte suit la 132, la plupart du temps mais la quitte par endroit et devrait prendre des routes plus pittoresques.
J’arrive assez vite à Montmagny, la route est plate ici, donc mon jeu de pédales est plus rapide. En l’espace de 500m, je me fais couper la chique 5 fois, par des gens ne respectant pas la piste cyclable. Je regrette alors mon calme des montagnes, mais la piste tombe dans un parc et me voilà de nouveau apaisé observant les canards.
La route 132 est parsemée de panneaux « Halte gourmande », le boulanger de Berthier, en faisait partie. Ici, j’arrive à une ferme avec ce panneau, vendant de la viande directement, je m’empresse d’y aller pour prendre des tranches de rumsteack et des saucisses pour demain soir. Les villages que je traverse ensuite, ne sont pas forcément bien attrayants. C’est le long de la 132, que je profite de la vue, des petites plages se dessinent par ci par là, au grè des marées, car déjà là les marées influencent le fleuve. Mon coup de cœur de la journée, c’est en arrivant à St Jean Port Joli. En rentrant dans la ville des escaliers, je ne peux pas m’empêcher d’y aller pour y voir une vue plus haute sur le fleuve.
Je fais la rencontre d’une grand-mère et son petit fils à qui je partage mon histoire. A côté se trouve une forge, en y passant , on entend le marteau frapper l’enclume, je rentre donc et je rencontre, Clermont, un ancien forestier, qui à la retraite a construit le bâtiment qui lui sert de forge et de magasin d’antiquités.
Pour ma part, je me fais le cadeau d’une vieille plaque d’immatriculation, ne trouvant pas de plaque de 84, je pris celle de 74, pourquoi? Juste par amour des couleurs.
Mon nouvel ami, me propose de coucher à l’hôtel-restaurant, car je viens de lui dire que je pense séjourner en hôtel, ce soir. Il me donne aussi une adresse pour faire le linge, je n’ai plus rien à me mettre.
En sortant je revois mamie et bout d’chou qui se trouvent être la femme et le petit fils de Clermont, ils habitent juste la maison à côté de la forge.
Je reprends alors ma route, avec hâte pour retrouver une bonne douche, le village est étendu sur des kilomètres, je pense toujours arriver mais en vain. Je croise la route de nombres sculpteurs, le village est un centre important pour la sculpture, essentiellement sur bois. Certains sont vraiment bons, d’autres plus simplement commercial. Finalement j’arrive à destination, je prends ma chambre et vide de suite mon sac pour le remplir à nouveau de mes vêtements uniquement. Je remonte la rue principale pour trouver le lavomatic. Une fois sur place, il n’y a pas de mini-dose en vente, je vais à l’épicerie, que des grosses bouteilles. Une femme fait son jardin, je vais donc la voir et lui demande un peu de lessive. Elle revient avec un pot rempli pour que je sois tranquille pour tout le voyage.
Je peux retourner aux machines, sur les lieux, je me dessape, gardant uniquement mon pantalon, et reste torse nu car je lave tout le reste.
En attendant le cycle, je rattrape mon retard d’écriture et ai seulement une visite. Je suis tout propre, tout du moins mon linge, prêt pour une autre semaine de camping. Sur le chemin du retour à l’hôtel, je fais mon petit tour dans le village et déboule par finir sur le quai.
Le coucher de soleil me laisse encore du répit pour aller au parc, quand je vois parmi les gens rassemblés sur le quai une silhouette faisant des grands signes, ne connaissant personne, je n’y prête pas attention, je continue à avancer et ai l’impression que cette silhouette me désigne, je me montre alors et me désigne moi même et la silhouette hoche de la tête. Je m’approche et vois que c’est mon forgeron de cet après-midi, avec le soleil dans les yeux, je ne l’avais pas reconnu.
Nous causons alors de voyage, lui en a fait pas mal sur le continent, des road-trips en moto avec sa BMW du Dakar. Terreneuve, Alaska, traversée du Canada, quelques parties des États-Unis ,…
Des amis à lui débarquent et le sujet part sur l’histoire du patelin, histoire maritime, culturelle,… J’apprends donc qu’il y a une rencontre internationale de sculptures tout les deux ans, le parc à côté est décoré par quelques unes.
Le débat change de nouveau puis part sur la nationalité Québécoise. J’apprends encore beaucoup de chose ce soir et pendant ce temps le soleil se couche, je prends quelques photos, en attachant mes oreilles à la conversation. La soirée se découle et la nuit tombe, il est temps pour mes compagnons de débat de rentrer chez eux. Comme il fait noir je remets ma visite du parc à demain.
A l’hôtel, je m’installe au restaurant en bas, et m’engouffre une poutine et une tarte à la rhubarbe, puis retrouve ma chambre. J’allume la télé pour mettre de la musique et tombe sur un concert de Queen à Montréal en 1981, je me laisse alors bercer par Freddy.

 

St Nérée - St Jean Port Joli 89 km

Bernache du Canada

St-Raphaël

 

Berthier sur Mer

Montmagny

 

Chez Clermont

 

St Jean Port Joli

 

Mon hôtel

 

 

Paysage enchanteur et vent désenchanteur.

Je me réveille courbaturé de ma nuit dans le sillage d’une roue. Cela me permet de partir tôt et d’être sur la route un peu avant 8h. Je continue donc ma belle route forestière. Au bout de celle-ci, je change de chemin pour une autre belle route un peu avant 8h. Je continue donc ma belle route forestière. Au bout de celle-ci je change de chemin pour une autre belle route et je me rends compte que je suis sur un circuit cycliste « le montagnard », pas très significatif car c’est pas mal plat à part l’habituelle série de 6 km de bosses il n’y a rien de montagnard. Il faudrait plutôt faire attention aux chasseurs, qu’aux montagnes, car de partout on voit les panneaux « chasseurs à l’affût » et en voyant l’état de certains panneaux routiers, même là sur la route, je suis à moité rassuré. J’arrive à St-Cyprien, où j’achète mon petit lait chocolaté pour mes céréales, je pense continuer ma route jusqu’au bout, mais la caissière m’affirme que la route arrive en terre assez vite. Je tourne donc à gauche vers St-Justine.
En chemin, je m’arrête pour mon bol et rêve déjà du St-Laurent car ici, ce n’est toujours pas intéressant comme paysage. Forêts à perte de vue et faible vallonnement, je me demande pourquoi les Appalaches, de « Chaudiére-Appalaches ». En arrivant à St-Justine, je jubile une côte, je peux profiter de mes bonnes vitesses, là haut, à la place de l’église, on a vue sur l’horizon. Derrière moi forêt plate et devant moi monts vallonnés s’entremêlant. Je ne suis pas forcément sado-maso, mais bon je préfère ce que je vois devant, car même si c’est plus dur, il y a des chances d’avoir de meilleurs paysages.
Je médite allongé sur mon herbe à écrire et profiter de la vue. Il est temps de gravir ces montées. Je découvre une autre partie de la région et me voici plus enchanté. On retrouve les forêts, mais les lacets des monts, laissent mystérieusement leur trésor, pour cela, il faut user de coup de pédales, c’est là que l’on découvre alors un petit marais, une zone lunaire du Québec, des prairies et leurs toiles de fond sur les vallons alentours. C’est ici que je rencontre Claude, qui se dit être gérant et profite de son temps à voyager par télé interposée, étant à sec, il remplit mes gourdes et je le quitte pour repartir vers St Luc. J’ai l’impression de parler toujours de pause et de bouffe mais vu que je n’ai pas beaucoup de stock de réserve, je m’arrête souvent chez les dépanneurs, ici je prends un petit pâté et du pain pour le manger un peu plus haut.
Les villages sont pas mal isolés, un seul chemin qui y mène est asphalté, le reste est de la terre alors me voilà reparti pour un chemin de terre. 20 km de terre avant le prochain village, c’est bien désertique et soudain au milieu de nulle part, un groupe de mobile-home avec un petit jardin se trouve là, surement des chasseurs qui viennent s’installer pour les saisons car ce n’est vraiment pas pratique. Plus loin un petit cours d’eau permettant de se rafraichir crée une sorte de gorge de 3m sur 500m de long, ainsi une cuvette d’eau reste là. Les gamins de la maison d’à côté doivent assurément s’y baigner en été. Me voilà au sommet de la montagne, au loin des monts du Canton que j’ai passé déjà il y a deux-trois jours. Le temps passe vite et les kilomètres passés me rapproche de la Gaspésie, jour après jour.
Ce qui monte doit descendre, je m’exécute alors et me trouve maintenant à monter les Appalaches, avant les aplats du bord du fleuve. Il se trouve aussi que la montée est trop abrupte et en cailloux, je patine sur place, voir même je recule. Je monte alors à pied et même comme cela c’est pénible, je mets bien 20 minutes à finir tout ça, sans exagérer, je pense bien que c’est un 18% d’inclinaison. Tous les 100 m je reprends mon souffle. Arrivé en haut mes bras me brûlent, heureusement que je n’ai pas seulement entraîné mes jambes, sinon je serais resté en bas.
Au sommet, un animal attend ma venue, au milieu de la route sans bouger, il s’agit d’une couleuvre, je passe à côté sans l’énerver, j’ai déjà assez de piqures avec les mouches noires. Je descends ainsi jusque St Damien, comme hier ma journée est déjà longue, mais je continue pour encore un village autrement dit une quinzaine de kilomètres. Les montagnes sont finies, mais il persiste des côtes et avec la fatigue, je commence à râler tout seul, surtout que mon moral s’était préparé à autre chose quand un gars à St-Damien m’a dit «  Ohhhhhh pas de problème, tu verras ça descend jusqu’au fleuve maintenant » Comme quoi, il n’y a pas mieux que le vélo pour ressentir le relief d’un pays.

Je coupe une piste cyclable, qui ne peut pas m’être utile pour où je me rends, mais néanmoins je profite d’un toilette chimique qui s’y trouve. Car pouvoir profiter d’un siège, sans devoir enterrer mes besoins est devenu un luxe que j’apprécie. En sortant, une voiture s’arrête à niveau de la piste, les deux jeunes couillons s’amusent à faire des départs arrêtés sur la route en me regardant et pour finir, passent sur la piste avec leur voiture pour rouler comme des dingues. Je prie pour eux qu’ils ne rencontrent personne.

J’arrive enfin à St Nérée, où je m’arrête au dépanneur, pour un petit melon, des chips et une bière. Repas de fête pour un jour de fête, cela fait déjà une semaine que je suis parti. En sortant de la ville, je m’installe dans un pré à côté des installations sportives pour une fois j’ai une vue dégagée plein Ouest, je profite alors du coucher de soleil en festoyant.

Ravignan - St-Nérée 75 km

Chasseur à l'affut

St-Justine

Couleuvre

Vue de ma fenêtre

Fin des Cantons, place à la Chaudière.

La rivière qui me berçait dans son lit se fait nommer la Chaudière, pas pour sa température, mais juste pour faire parler les curieux. En commençant ma journée, je fais route avec elle, me voilà avec un nouveau compagnon de route. Large comme un de nos fleuves, elle serpente entre les terres agricoles. Elle m’emmène à St Ludger, où je me rends au dépanneur pour prendre du lait chocolaté, je descends la ville pour arriver au pont et déjeuner avec ma compagne.
Depuis St Ignace, le bol de céréales avec banane et lait chocolaté, sont devenus un rituel pour moi. De quoi bien commencer la journée. C’est donc plein comme une oie que je peine à remonter la ville. La route défile et se ressemble, le paysage est plus plat, je quitte les Cantons de l’Est pour rentrer dans les Chaudières-Appalaches.
Enfin plat est une façon de parler, le paysage est dénué de grandes montagnes, mais les côtes sont toujours abondantes. Je remplis mes gourdes à un camping que je croise. C’est fou, j’ai l’impression que les campings sont toujours réservés aux caravanes et autres logements mobiles, à part dans les parcs, je ne vois jamais de campement de tentes. Oups je suis bête à quoi servirait le gros 4*4, si c’est juste pour porter une tente pour dormir dehors au camping.
Je suis toujours à me faire porter par le courant de la rivière qui me mène à St-Gédéon. Je traverse le village et contrairement aux Cantons, je ne trouve pas beaucoup de charme, trop de choses à l’abandon, de tas de débarras dehors. En quittant le village, je dois aussi prendre congé de ma guide car nos routes se séparent. La rupture est dure à surmonter jusqu’à ce que mon chemin arrête de monter. Je domine le décor qui m’entoure les derniers hautes montagnes sont déjà fort loin.

Je m’arrête au bord de la route pour prendre une ferme, quand le propriétaire sort de celle-ci. Gaspard, il a repris cette ferme, il y a 27ans et depuis tout va, il fait du biologique. C’est pas contraignant m’explique t-il et tu vends mieux, donc ce n’est que des avantages pour lui. J’apprends tout des réformes agricoles du Québec. Je lui demande quelque chose sur la carte mais il m’explique qu’il est illettré. Pour l’administration de la ferme, c’est son frère qui s’en occupe, il est du village d’à côté. Justement son frère arrive pour manger, je les laisse et repars à ma virée.
Arrivant à St-Théophile, je prends ma pause dîner. Je suis à quelques mètres de la frontière américaine. En repartant cela est flagrant, car il n’est pas rare de voir des vendus, faisant flotter la bannière étoilée, plutôt que les fleurs de lys du Québec. La route que je dois prendre pour aller à St Côme Linière est un petit 20km de terre. Tout du long, je découvre le Québec profond, voir plutôt l’Amérique profonde, carcasses de voitures, taudis, dés qu’une voiture ou un autobus d’école passe je ne vois plus rien, la route n’est pas de terre, elle est de poussière et de roche. Plus loin les habitations laissent place à la forêt sur 10 km, donc 6 km fait de bosses continues. Je désespérais mais arrive tout de même à St Côme.
Le village avait pratiquement entièrement brûlé en 1926, par un incident. Par la bravoure des habitants, la ville a été reconstruite dans sa quasi entièreté avant l’hiver.
Mon étape aurait du finir ici, mais pour rattraper mon retard je pense me rendre plus loin. Prochaine étape St Prosper, je carbure assez vite et ne prête plus trop d’attention au paysage, je ne trouve pas le coin agréable, il faut que je me rende le plus loin possible pour aujourd’hui. Arrivé à St Prosper, je traverse la ville sans pause et continue dans ma lancée, je suis de nouveau sur des terrains forestiers, mais la route est fraichement refaite, il est bientôt 19h, si je veux manger avant la nuit, il est sage d’arrêter. J’avais vu des bonnes places avant mais maintenant, je n’ai que de la forêt touffue. Je m’essaie à rentrer dans certain sentier, mais en voyant que le sol n’est plat à aucun endroit, je fais demi-tour même au bord des trois cours d’eau que je passe les berges ne sont pas assez larges. C’est à la dernière traversée de pont que je vois une petit trouée dans les arbres, je ne fais plus le difficile je m’y installe, ma place pour dormir est dans une tranchée de roue mais je ferai avec. A peine le temps de déguster mais pâtes sauce tomate, que le ciel est déjà couleur violacé-rosé.
Dommage que je n’ai pas de recul, je profiterais des couchers de soleil en Gaspésie.

Audet - Ravignan 90km

Saint-Ludger

St-Théophile

St Côme - Linière

Mont et Lac Mégantic

Je finis de me préparer quand Doris me demande combien je prends d’œufs. Nous prenons alors le petit déjeuner, en profitant de la vue. Le parc ouvre à 9h alors nous partons pour le Mont Mégantic. Pour éviter du kilométrage pour le plaisir nous mettons mes bagages et mon nouveau vélo dans la voiture, puis nous partons pour un des plus hauts sommets du Québec. Nous arrivons en avance, alors nous faisons un tour et Doris m’explique ce que l’on peut voir au centre d’astronomie du parc. Nous échangeons nos théories sur l’après ère de l’espace parasitaire du genre humain que nous sommes. Nous sommes d’accord que la terre arrivera à se défendre contre nous, avant que nous détruisons notre espace vital. Il y a eu un avant nous, il y aura sans aucun doute un après nous, l’espèce humaine ne compte que pour un coup de cil dans la création de l’univers, au prochain clin d’œil nous risquons de ne plus être là, si l’on continue dans la voie où nous avançons depuis déjà trop longtemps.
Le parc ouvre et nous montons donc après avoir payé l’accès. Sa fille a eu un accident grave dans la descente du mont, en voiture avec des amis, depuis elle se trouve handicapée, une erreur de jeunesse comme dit Doris. Sur le Mont Mégantic, se trouve l’observatoire du Québec, le site est protégé comme meilleur ciel étoilé. De là haut nous voyons à des kilomètres à la ronde, l’envie de retourner à la montagne devient prégnante. De l’autre bord, il y a le Mont St-Joseph, où nous allons aussi.
Le mont est un lieu de pèlerinage pour St-Joseph, à l’époque la région était propice aux ouragans, alors les villageois de Val-Racine ont érigé une croix et les tempêtes furent plus clémentes. Dés lors une chapelle a été installée et les ascensions du mont sont courantes pour les messes d’été. Du mont St-Joseph, nous voyons davantage le Lac Mégantic à 40km qui paraît à côté, il faut que je retrouve cette sensation de plénitude après l’ascension d’une montagne, ce dépassement de soi pour avoir comme cadeau une vue imprenable sur le monde et nous remettre à notre place comme petite chose que nous sommes. L’horloge tourne et il est temps que je recommence à pédaler, il est alors temps de dire au revoir à ma rencontre bénite. Pour bien reprendre les choses où je les avais laissées je reprends un chemin de terre.

Je râlais le premier jour mais au final c’est là que l’on découvre le mieux le Québec profond. J’arrive à Val-Racine j’ai l’impression d’être la seule âme vivante du patelin pas un chien qui aboie, pas une tondeuse qui marche, pas d’enfants qui jouent, rien. Je fais quelques photos quand je distingue au loin deux silhouettes. Une belle femme brune marche au milieu de la route, une petite blonde sur un tricycle, sa fille, l’accompagne. Les deux me saluent avec un grand sourire et continuent leur balade dans cette rue inhabiteé. Je fais de même mais dans la direction opposée et grimpe les côtes qui se suivent dans ma progression. Le vélo fonctionne parfaitement, j’arrive à rester sur mon vélo tout le temps; Mes cuisses brûlent plus qu’en marchant mais la satisfaction est plus grande. 14 km plus loin et de nombreux arrêts photos, j’arrive à Piopolis, qui est en plein travaux, sur son artère principale. Je me rends compte alors que mes gardes boues seront regrettés à la prochaine pluie, déjà là d’avoir roulé sur 500m sur de la boue j’en ai plein ma gueule et mon porte bagage.
Je bifurque sur le chemin du grenier car d’après Doris on y a une vue imprenable sur le lac Mégantic, en effet tout le long du chemin, on longe la côte, découvrant à chaque tournant, un nouveau point de vue. Le chemin fini en cul de sac, je tourne alors avant pour revenir sur la 263, mais me pose avant dans un pré pour manger et profiter de la vue.

De retour sur la grande route je me rends à Marston, nous sommes plus loin du lac, donc les arbres nous le cache, mais une fois dans la ville, je peux reprendre un chemin qui longe de nouveau le lac, j’en profite alors. Le chemin amène à un parc, avec une plage, je fais une halte et vais remplir mes gourdes dans les vestiaires. Il y a des douches, si je n’avais pas été chez Doris, elles auraient pu être utiles.
Plusieurs groupes de jeunes sont là à jouer au beach volley, parler, flirter et boire de la Budweiser. C’est une bonne place pour trainer surtout l’été quand le lac est bien chaud.
Ma route ne s’arrête pas là et continue jusqu’au Lac Mégantic, plus seulement le lac, mais la ville. Je trouve un Métro, alors je fais mes provisions pour le soir et le lendemain. Après ça je vais voir le quai. J’ai bien fait de passer par le chemin du grenier, car ici la vue n’est pas si bien que ça.
Ayant pris du retard avec mon ostie d’ancien vélo, je vais plus loin encore en prenant le chemin du barrage, le chemin débute bien, mais devient en terre après ça, j’aime les chemins de terre, plutôt que les gros axes, mais en fin de journée faire des montées descentes dans des caillasses ça achève vite le moral. Il est temps que je trouve une place.
Je suis bientôt au bout du chemin, quand une rivière se fait entendre à ma droite, slalomant avec la route, j’arrive à un champ, le traverse et arrive en surplomb de la rivière. Je laisse mon vélo caché dans les arbres au bout du champ et descends mes affaires, pour installer ma tente en bordure de l’eau.
Je décide de m’y baigner, mais j’ai bien du mal à immerger plus que mes jambes, je prends une dernière respiration et me laisse tomber. L’eau est glaciale, je fais quelques brasses et reviens quand je vois que le courant m’emporte facilement comme il le ferait d’un tronc mort. Je me lave donc rapidement et ressors me sécher avant que la température baisse avec le coucher du soleil. Je prépare mes habits chauds et vais faire des clichés de rapides, puis finis par écrire quelques lignes sur mon carnet.
Le soleil se couche et ne voulant pas me faire surprendre par la nuit, je prépare déjà mon souper. Pour ma première journée de vélo sans stress mécanique, je m’endors paisiblement.

Mont Mégantic - Audet 60 km

Mont Mégantic

Mont St-Joseph

Val-Racine

Piopolis

Lac Mégantic

La Chaudière

Un mal pour un bien.

La température a bien chuté pendant la nuit, en sortant de ma tente, je vois du givre dessus. Je rallume un feu pour me réchauffer après ma toilette. Je trouve mon idée, d’avoir traversé la rivière, idiote, car l’eau est glaciale ce matin et je dois faire trois aller-retour pour retourner sur l’autre rive avec l’ensemble de mes affaires.
Il est 8h, le village dort encore, un bus scolaire fait son passage, il n’y a qu’un seul enfant qui l’attend.
C’est de pire en pire, chaque montée je dois descendre de mon vélo pour avancer, mes étapes vont en prendre un coup, c’est impossible de faire mes 80km comme ça. 1 h que j’ai commencé, ma journée et je suis à St-Malo, seulement 9km de fait. Au carrefour du village, je croise l’ancien maire, il me dit que le village est le plus haut du Québec, 580m et que sa petite fille a fait partie, des finalistes de Star Académie et qu’elle prépare un clip. Monsieur le Maire me dit aussi que je dois aller à la tour du village pour avoir vue sur tous les environs. C’est donc avec toute ces informations primordiales, que je monte le village et arrive à la tour, je m’imaginais un donjon, mais c’est une tour d’observation. De la haut en effet on voit tout, le New Hamsphire, le Mont Oxford, le Mont Mégantic,…
Je médite perché ainsi, en réenvisageant mon projet. J’enfourche mon boulet et descends jusque St-Isidore, toute la route est en descente, si bien que j’arrive à bon port sans devoir pousser mon vélo. Je n’ai pas encore déjeuner, je m’arrête donc chez un dépanneur pour y acheter, banane, cheerios et lait chocolaté. M’installant sur le banc devant le magasin, je me fais mon festin, portion glouton.
Je continue par un chemin de terre, me disant, que quitte à devoir rouler tranquille autant rouler sans trop de circulation. Les vues sont magnifiques des forêts à perte de vue et la ligne frontalière. Les vaches sont les seuls témoins de mon passage. Enfin non; il y a aussi cet idiot de chien aboyant pour rien, qui me tape sur le système.
Une pente de 15% sur bien 2-3km se déroule devant moi, je fonce tout en étant vigilant aux cailloux et crevasses tapissant le parcours. En face une pente de la même catégorie mais dans l’inclinaison inverse m’attend. J’arrive à monter 1/5 de la pente mais dois tirer mon vélo sur le reste. Cela peut paraître reposant de marcher à côté de son vélo, mais quand celui-ci fait plus de 25kg, il faut oublier toute notion de repos.
J’arrive à St-Mathias, en suivant la 210, je fais une pause avant de repartir pour des chemins de terre. J’ai bien envie de faire du pouce. Je me lance qu’en même, la première descente arrive je peux enfin rouler. Je pédale à fond pour rattraper du temps. J’ai l’impression de jouer à un jeu de voiture où tu dois éviter les autres voitures. Je slalom entre trous et cailloux pour avoir le meilleur revêtement, j’évite un gros cailloux quand tout de suite après un creux arrive, coup de guidon à droite et je l’évite, pour tomber sur un autre avec en bordure des graviers. Je me dis que si je vais dans le graviers à cette vitesse je risque de déraper. Trop tard je n’ai plus de question à me poser, je viens de prendre la crevasse. Sacrée secousse, ma roue arrière frotte sur le cadre, mais finie la descente. En bas, ma roue s’arrête toute seule, la roue est voilée et est collée à mon cadre à cause du choc.
Au même moment, une voiture arrive, je mets mon pouce et le gars m’embarque. Guy, il s’appelle, un gars de Chartierville et qui fait des aller-retour depuis ce matin car il déménage à St-Malo. 46 ans qu’il était à Chartierville, il est né ici, nous passons devant la maison de ses parents. Puis il me dépose au carrefour du village. Je suis content d’avoir fait du stop car la route était atroce, même le camion avait du mal dans certaines montées.
J’ai le choix, soit je vais au Sud et passe la frontière à 2km, soit je vais au Nord, pour la Patrie. Je vais au Nord et m’arrête à l’église pour regarder ma roue, cause désespérée, acte désespéré, je démonte ma roue et essaie avec mes pieds de redresser la roue. Évidemment rien ne bouge; Je me trouve alors avec mon vélo et mon pouce tendu, 5 minutes, d’attente et des gars me prennent. Des bucherons, ils s’arrêtent à la Patrie, donc ils m’y déposent. De là j’essaie de me renseigner sur l’éventualité d’un magasin de vélo dans le secteur. On me dit qu’il n’y a rien, il faut me rendre à Lac Mégantic, à 45km. Satané vélo de merde, je me trouve à m’interroger sur son sort finalement la décision est prise je l’abandonne.
Il fallait bien se dire que je n’allais pas faire toute la route comme ça. Je cumule les problèmes, dérailleur merdique, roue voilée et frein gauche cassé. Tu as rempli la part de contrat comme tu as pu mon fidèle destrier. Je récupère ma fixation de sac guidon, mon porte bagage puis aussi la selle qui est bonne.
Maintenant il me faut trouver une voiture et me faire conduire au Lac Mégantic, là bas je trouverais une nouvelle bécane. Pour me remettre de mes émotions, je vais prendre une bière, au bar du coin. Je demande une bière, le gars me donne une 75cl, parfait je vais prendre le temps d’écrire. Mes camarades de comptoir m’interrompent dans mon écriture, interpellés par ce drôle de touriste, chargé comme un baudet? Je raconte alors mon histoire à mes camarades, le patron me donne la publicité de Canada Tire, Je pourrais m’y trouver un vélo pour 200-300$. C’est pas le tip-top mais le mien ne l’était pas non plus du moment que les vitesses tiennent un mois ça me suffit.
Ma bière est finie, je quitte donc mes compères, pour m’en aller faire du pouce. Le temps de faire 50m,  une voiture s’arrête. La dame m’avoue que chargé comme je suis, elle ne pensait pas prendre de risque en s’arrêtant. Elle habite Notre-Dame des Bois, le village voisin, ça me permet déjà de m’avancer. Le temps d’arriver, je refais le récit de ma journée et avoue mon ambition d’acheter un vélo. Elle se souvient alors avoir un vélo dont elle ne se sert pas et me propose de passer voir ce qu’il en est. Nous voilà chez elle, nous sortons le bicycle et tout à l’air d’aller, je gonfle les pneus et vais le tester. Parfait, les vitesses passent toutes et il y a même un petit plateau, utile pour les côtes du secteur. C’est un VTT, un vélo plus lourd que le mien, mais bon lui au moins il roule. Adjugé, je le prends, mon ange gardien me l’offre, m’avouant l’avoir eu en cadeau. Nous fêtons notre rencontre providentielle sur la terrasse avec une petite bière. La vue est fascinante, les lignes frontalières sont devant nous. La maison est isolée et bien située. La discussion en vient sur le Mont Mégantic, je me tâtais d’y aller car il faut le monter. Elle me propose alors d’y aller, ma gêne, ne fait rien et nous voilà partis. Malheureusement le parc est déjà fermé.
Nous revenons à la maison et ma bienfaitrice me propose de rester pour la nuit et me dit même qu’elle me conduira demain au Mont Mégantic. Je ne sais trop quoi dire devant tant de gentillesse et finalement je n’ai rien à dire, nous sommes déjà de nouveau chez elle.
En rentrant, je bosse sur le vélo pour remettre mon attache au guidon et mon porte bagage, je change la selle, car la mienne et plus souple. Nous mangeons et parlons longtemps avant de nous séparer. Mon hôte, Doris, nous avons seulement fait les présentations en rentrant à la maison, me prépare un lit, des serviettes et me laisse l’étage, elle, prend l’étage du bas. J’ai aussi la possibilité d’aller sur le net, j’envoie donc un mail à mon entourage pour rassurer sur mon état de santé. Après une bonne douche et une séance d’écriture je me couche en profitant du confort.

St Venant de Paquette - Notre-Dame des Bois 86 km

St Malo

Chez Doris

Gorges profondes

Je paresse dans les draps du lit douillé, où je suis. Mon aventure en solo commence aujourd’hui, il est l’heure d’écrire mon histoire. Pour cela rien de mieux qu’un bon petit déjeuner, car aucune grande histoire ne s’écrit le ventre vide.
Je suis fin prêt, une dernière photo pour la postérité, les accolades et me voilà parti, pour m’arrêter au bas de la rue, pour aller faire un tour au marais avant de partir pour de bon.
Tout commence par la 141, qui est fort agréable à rouler, surtout lors des descentes. Au niveau du lac Wasiwippi, je profite d’un poste d’embarcadère pour regarder cette grande flaque.
Ayer’s Cliff est juste après ça, je me pose au carrefour central pour profiter des bâtiment typiques qui l’ornent.
Un groupe de motards reprend la route, je décide de les suivre, mais n’ayant pas mon casque et ma veste de cuir, je les laisse aller en avant et vais à mon rythme. Si bien qu’une côte plus loin, je me retrouve à pied à côté de mon vélo. Mon dérailleur a sauté, en plein milieu de l’ascension, coupé de l’élan, je ne peux plus monter en vélo, je fais donc le reste à pied. En arrivant en haut, un pseudo pro-cycliste, s’arrête à mon niveau, alors que je pédale de nouveau, il regarde d’un drôle d’air mon vélo et fait une remarque sur mon chargement excessif. Je le regarde alors à mon tour et je fais face à un tout gris, en tenue du Tour de France, avec le vélo qui va bien. Un GPS habille son guidon, à côté de son compteur. Il me demande où je pense aller comme ça et sans attendre ma réponse il me dit que lui se prépare à faire un 60km pour la journée, idée qui lui est venue en se réveillant, il aime bien se donner des défis sportifs. Quand il a fini son discours, je peux alors répondre à sa question et lui dit que moi en me réveillant ce matin, j’ai pensé aller en Gaspésie et que mon étape d’aujourd’hui est un 80km. Il me sourit et croyant que je m’amuse de lui, il donne des grands coups de pédales pour me laisser en arrière, le vélo le plus léger des deux prend de l’avance et c’est ainsi que nos chemins se séparent.
Je me sépare aussi de ma route actuelle, pour m’en aller dans un chemin à gauche, qui me permet d’être plus tranquille. Je me trouve de nouveau sur des chemins de terre. De temps sec, ce n’est pas si pire et il faut dire que le paysage est superbe. Derrière le Mont Oxford, à ma gauche la frontière Américaine, à ma droite des autres montagnes et tout autour des champs.
Je suis au pays des Télétubbies, partout des couleurs éclatantes, du jaune pissenlit, du bleu ciel, du vert feuille et du blanc paroissial. Le chemin est pas mal corsé, je passe autant de temps à pied que sur mon bicycle. Je me demande si je ne l’abandonnerais pas déjà ici, mais mon opinion change radicalement lorsqu’une descente se signale.
Petit bonhomme de chemin se faisant, j’arrive après beaucoup de peine et d’enchantement à Coaticoock. Ville réputée pour plusieurs choses, tout d’abord, il y a son pont couvert, construit, déconstruit et reconstruit, il y a aussi les gorges de la rivière Coaticoock, avec la passerelle la plus longue au monde 150m de long pour 50 m de haut, ce record est validé par le Guiness des records.
Mon arrivée commence par une entrée fracassante à fière allure dans la descente, vers le pont couvert. Premier pont couvert que je vois, mes impressions? Bin, c’est un pont, enfin je veux dire que c’est un pont couvert évidemment.
Ce type de pont à beaucoup de charme, c’est sans doute le rouge passion qui lui sert de parure qui me fait cet effet là. D’ailleurs les bâtiments typiques : pont, grange, ferme, sont souvent de ce rouge là, serait -ce possible alors que mon affection du pays ne tienne seulement qu’à cette couleur? Que ce passerait-il si les fermes étaient rouge en France?
En étant au pont couvert, je me trouve à l’entrée du Parc de la Gorge, je prends donc mon destrier par la main et nous suivons le sentier menant au pont suspendu. Longeant la rivière nous pouvons voir les rapides, les anciennes usines, les anciens ponts et les sentiers abruptes. Je dois prendre mon ami par dessus l’épaule, pour arriver à la passerelle, car la pente est raide. Du pont nous voyons les gorges d’au dessus, le niveau d’eau n’est pas énorme n’ayant pas eu de grosses pluies ces derniers jours. Je m’installe pour manger à côté du pont pour admirer les gorges avec mon sandwich et ma salade Cunnigham.
Il est grand temps de reprendre la route. En quittant la ville je prends le rang 9, j’avais peur que ce soit de la terre tout du long jusque Saint Hereford, mais par chance la route est bien asphaltée et par malchance la côte bien pentue, je continue avec mon manège entre vélo et marche. Chaque descente, je carbure pour prendre un maximum de vitesse pour grimper le plus loin la côte qui me nargue déjà en face de moi. Il est 17h passé, je viens de m’arrêter, à une ferme pour faire remplir mes gourdes, quand je retourne sur la route, une voiture me double. Peu de temps après une autre me fait face, cela doit bientôt faire deux heures que j’ai débuté sur cette route et je n’ai croisé que 5 voitures. Et là en l’espace de 10 minutes, certainement beaucoup moins, j’en vois deux. Celle-ci se met sur le bas côté devant moi, je marche en contre-sens de la circulation, je peste intérieurement à l’idée que je vais devoir contourner son gros 4*4 pour passer. A mon approche, il s’écarte et une tête féminine canine sort de la fenêtre accompagnée de celle de sa propriétaire. Cette dernière me demande ma destination, étant la même que la leur, elle me propose de monter. Il s’agit de la voiture qui m’a doublé après la ferme et qui à fait demi-tour plus haut pour revenir m’aider. Le mari m’aide à mettre le vélo dans le coffre avec mes bagages. Et nous voilà partis, le paysage défile soudain plus rapidement que pendant mes dernières heures. Mes bienfaiteurs sont des gens de Terrebonne, en visite dans le coin pour chasser le dindon sauvage. Ils ont une roulotte pas loin de St-Venant de Paquette, je dis que c’est là que je pensais finir ma journée, ne devant pas faire un grand détour, il m’y dépose directement.
Je pense avoir un magnétisme avec les gens qui ont tendance à voyager. Car eux partent en Autriche dans une semaine, à la suite de ça en Juillet, ils vont dans les Rocheuses. Je suis à destination, je descends pour me retrouver au bord de la rivière, que je traverse pour une place agréable que je vois sur l’autre bord.
Ainsi installé, je repars dans le village avec mon appareil photo, et fais le tour du village. Censé être un village de sculpteurs, il y a un peu partout des œuvres, mais j’ai l’impression qu’un seul sculpteur en est le responsable, par contre il y a des panneaux, en référence à nombreux poètes québécois. Je m’engage dans la « Balade des Poètes » et m’instruit de la poésie québécoise. Le soleil se couchant, je retourne à mon campement. Je regroupe du petit bois et du plus gros pour faire un feu. Au menu ce soir, pâtes à l’eau accompagnées du fromage des moines. La nuit est fraîche, je me rends dans la tente après avoir laissé mourir mon feu, pendant que je mettais sur papier mes aventures.

Magog - St Venant de Paquette 81 km

Marais de Magog

Ayer's Cliff


Coaticook

St Venant de Paquette

Le fromage des moines.

Des gouttes glissent sur le tissu tendu de ma tente, je me réveille difficilement, les yeux collants, il est sage de me recoucher, il n’est que 5h30.

Plus d’une heure,s’est écoulée mais la situation est la même, pluie et yeux collants. Je teste une approche, en levant la voix pour savoir si David est debout, il l’est, depuis une heure.
Une accalmie se découvre, nous profitons pour faire une sortie, au menu du petit déjeuner, chocolat chaud. Nous nous dépêchons de plier toutes les affaires, mais la pluie reprend avant que nous ayons fini. Il faut se faire à l’idée que de toute manière, ilva faire ce temps là tout la journée.
Nous sortons de notre paradis et commençons à rouler comme nous pouvons dans la mélasse faite par la pluie tombant depuis les heures tardives. Le chemin est pénible, mon poids fait une tranchée dans la terre, que ma roue arrière a du mal à suivre. Heureusement à côté de ça le paysage est magnifique. Au point de se dire que le pays a de bons arguments pour nous faire rester Mais l’heure n’est pas à l’installation, mais au voyage.
Nous arrivons au lac Brome par une route asphaltée pendant les derniers kilomètres. Nous nous rendons compte sur cette dernière, de la chance que nous avons lorsque l’on perd son petit confort, pour se retrouver malmené par l’inconfort de la route terreuse. Rien de mieux qu’une bonne route asphaltée pour se sentir mieux, roulant pleinement et librement, laisser nos pneus glisser sur la route.
Nous longeons les bords du lac, mais comme à l’accoutumé les côtes sont asservies de terrains privés. Le centre ville a bien du charme, le style d’antan est préservé dans les enseignes et plusieurs boutiques s’attachent à vendre des vieilleries pour certains et des objets riches en histoire pour d’autres.
Installés dans le square de la bibliothèque, je fais mon tour des bâtiments, tout en surveillant les vélos laissés seuls, pendant que l’autre moi cherche où prendre un café et un thé à emporter.
De retour avec les breuvages, David se remémore des souvenirs d’enfance, où il venait avec ses amis sur la ville. Je laisse mon tour de garde pour aller faire des photos, il y a une plage plus loin sur le lac, mais je laisse tomber vu le temps, je me contente d’aller au bassin du parc qui donne un bon point de vue sur le clocher de la commune.

Finie la récréation, la route nous appelle et c’est vers Bronston que nous avançons. Le chemin est de nouveau un chemin de terre et le temps retourne à la pluie. David me parle de chutes à Bronston, où l’on peut passer derrière l’eau, il me faut une escale. En arrivant nous nous rendons compte qu’une nouvelle fois, le droit à la propriété à mis la main sur l’accès aux chutes. Un spa s’est étalé sur les abords de la rivière et réserve le spectacle de la chute à ses clients.
Toujours plus haut, toujours plus mouillé, c’est à Austin que nous nous rendons. David prend les devant me laissant me mouiller à mon rythme, ralenti par la dénivelé.
D’Austin, nous tournons à droite pour St Benoit du Lac, une abbaye de Bénédictins, priant le Seigneur, tout puissant, miséricorde Dieu et aussi faisant du fromage. Pour ma part la deuxième activité est plus aguicheuse. Je suis curieux de goûter du bon fromage au pays du fromage Kraft.
Assis dehors pour manger, nous nous relayons pour visiter l’abbaye et surtout le magasin, où se trouve le bon fromage, je me prends la moitié d’une tome. Je sais que pendant deux jours, mon coupe faim sera du fromage.
Avant de partir, je prends la bénédiction de St Benoît, en me servant d’une des médailles bénies offertes aux visiteurs. Je suis maintenant le messager de la parole divine.

Prochain arrêt Magog, enfin pas tout à fait, à vrai dire, nous nous arrêtons avant, au bord du lac Méphrémagog pour profiter du paysage, puis nous partons à l’arrivée d’un pécheur, péchant devant un panneau interdisant la pêche. J’ai bien envie de jeter les clés de ce pécheur braconnier, risquant de mettre des hameçons sur le terrain de jeu d’été des enfants se jetant dans le lac, mais ma conscience me rappelle à l’ordre et je laisse les clés sur le pneu là où le pécheur les a cachées.

Prochain arrêt Magog, enfin pas tout à fait, à vrai dire, il serait plus précis de dire arrêt sur un belvédère délivrant une vue sur le lac et ses alentours.

Prochain arrêt Magog, il serait même plus juste de préciser, arrêt chez les parents de David. L’accueil est chaleureux comme la dernière fois. Pendant que le repas se prépare, je répare comme je peux mon dérailleur . Ce qui est fatiguant autant physiquement, que moralement, car je me trouve coupé dans mon élan dans les montées.
Nous avons droit à un bon repas à l’accoutumé de la mère Cunnigham. La fatigue et la digestion m’assaillent, à 21h30, je suis au lit.

Bromont-Magog 63 km

Lac-Brome

St Benoît du Lac

Austin

David

Sur les traces du Chaman

Le grand moment est arrivé, fini les préparatifs, place à l’action.
Nous sommes le 14 Mai et mon périple commence aujourd’hui. Jour de départ en vélo, mais aussi départ de mon appartement. Après 11mois en ces lieux, je laisse les clés et vide, jette, donne, ce qui a fait mon décor.
C’est le jour de mon départ, mais aussi celui de David. Il m’accompagne pour 2 étapes jusque Magog, là où ses parents habitent. Réveil à 7h, je déjeune, me prépare et finalise mon déménagement pour le grand air. 8h30, j’ai bientôt fini, il me reste à confier mes affaires que je laisse ici, à André. Nous nous étions dit départ à 8h30, donc je vais voir où en est David. Bagages pas prêts, chien pas promené,…
10h30, nous sommes fin prêt, les vélos sont sortis, sellés et chargés, une dernière photo par André et nous roulons vers notre histoire. Enfin vers notre histoire, pas tout à fait, nous roulons avant tout vers le marché Jean-Talon, pour faire le plein de fruits.
Je traverse des routes sans doute pour la dernière fois de mon séjour. Nous nous acclimatons à la nature en coupant par le Parc Lafontaine, il ne faudrait pas brûler nos poumons avec un excès d’air faible en carbone en sortant directement de la ville, à la campagne.
La liberté nous ouvre les bras en nous offrant son tapis rouge, fait de métal et de boulons, je présente le pont Jacques-Cartier, nom du célèbre explorateur. Montréal est derrière moi.

Notre route est alors identique à la plupart de mes grosses sorties précédentes, suivre la route verte jusque Chambly. A travers plaine, la route est belle et nous amène à bon port avec rapidité. A partir d’ici,je vais vers l’inconnu passé Chambly, je prends la 212, grosse route munie d’un gros bas côté permettant de rouler à la sécurité des véhicules motorisés. Nous sommes à Marieville, il est déjà l’heure de manger, nous nous installons sur une table d’une station service en sortant de la 212. Je prends mes premiers clichés avec le 5D. Il n’y a rien d’exceptionnel à cette ville, nous nous dépêchons de prendre la 104, pour arriver à Farnham.
Ville qui a vu grandir le petit Brazeau, dit le Chaman222. Le Brazeau y a eu maintes expériences, jouant dans la rivière étant jeune, il joue au train étant plus grand comme conducteur de locomotive. Il a aussi laissé sa trace en tant qu’artiste car on y trouve deux de ses œuvres, c’est d’ailleurs la raison de mon étape dans la ville.
« Célastre » (septembre 1985), montrant la vengeance prochaine de la nature sur l’homme, est un arbre en métal que l’on scie à l’aide d’une tronçonneuse avec des branches se matérialisant en flèches. André sera content un oiseau y a fait son nid. L’autre œuvre est aussi un arbre, culture québécoise oblige. « Hommage posthume à Rouville Beaudin » (mai 1977) est comme un arbre généalogique de l’histoire québécoise, retranscrit pas ses symboles.

Nous traversons la Yamaska et suivons le chemin Magenta. Jusque Adamsville, tout va bien, mais en sortant du village le revêtement change et l’asphalte cède la place à la terre et aux cailloux. Comme nous sommes partis, il n’y a pas d’échappatoire, nous avançons donc tant bien que mal avec nos vélos qui ne sont pas dans leur terrain de prédilection. Nous avançons tranquillement, surtout moi qui ai du mal avec ma charge qui s’enfonce dans les cailloux, créant ainsi un sillon. Sur la carte la fin est proche, mais les kilomètres défilent au ralenti.
Enfin nous arrivons sur la 241, cela fait du bien de rouler sur la bonne route même si c’est pour une montée et pour la quitter rapidement pour le chemin Bull Pond. Lui aussi est de terre mais ce n’est pas gênant car c’est ici que j’ai prévu notre arrêt.
Un plan d’eau se trouve au bord de la route, il est écrit propriété privée. Je propose à David de nous installer là car on ne trouvera pas de meilleure place. Après insistance David oublie le fait que c’est une propriété privée et décide de suivre mon point de vue, nous montons alors dans le bois, pour ne pas être aux regards des promeneurs.
Finalement, nous trouvons le lac Émeraude, le site rêvé pour camper. J’ai bien envie de me baigner mais sans feu pour me réchauffer c’est risqué, car la nuit tombe déjà. Je monte ma tente facilement et aide David à monter la sienne qui est celle que mon visiteur avait laissé, après sa tentative laborieusement de camping. Après persévérance nous arrivons à la maintenir debout. Nous testons mon réchaud, qui est lui aussi celui de mon visiteur, nous préparons de l’eau pour un bon thé avant de nous coucher. Une fois dans ma tente, je commence mon carnet mais après deux pages, je m’endors.

Sur la route, je me suis arrêté à une maison, pour demander de l’eau à des gens faisant un barbecue. Ces braves gens remplissent alors mes gourdes et me tienne au courant des dernières nouvelles, en me mettant en garde. Un groupe de six cyclistes, s’est fait percuter par un chauffeur d’une camionnette. Résultat tragique, 3 cyclistes décédés sur le coup, 2 grièvement blessés. Des vies à jamais changées par l’irresponsabilité d’un homme s’endormant au volant.
Je quitte donc mes ravitailleurs, avec un goût amer dans la bouche et une appréhension pour ma sécurité sur la route.

Montréal-Bromont 95 km

Les David

Célastre

Hommage posthume à Rouville Beaudin

Périple d’un mois

Salut fidèles lecteurs,
Me voilà de retour de New-York, 5 jours de découvertes et de plaisir. Même si il y a eu des mauvaises surprises à mon arrivée, je ne regrette pas le voyage.
Je repars déjà, après deux jours de repos et de préparation à Montréal, je pars enfin demain, pour mon périple d’un mois en vélo, dans les Cantons de l’Est, le Nouveau-Brunswick et la Gaspésie.
Un mois de liberté, de souffrance, de nuits à la belle étoile, de paysages magnifique, …

Je mettrais à jour mon blog à mon retour dans l’Hexagone, pour vous inonder d’articles et de photos.

Au plaisir, votre serviteur.

Porte 28

J’ai juste à me lever pour voir à la fenêtre l’heure qu’il est, 6h39, je me recouche.

8h, je me réveille et me prends une troisième douche pour le plaisir. Je profite du confort avant ma dernière journée, car mon départ en vélo approche et je n’ai plus beaucoup de nuit en literie qui m’attend.
Je pars enfin et découvre les derniers recoins des villages. Je redécouvre Washington Square que j’ai découvert de nuit et me trouve moins seul désormais. Occupés par des librairies, des antiquaires, Westmount à l’air plus culturel que le reste des quartiers.
De Gunsevoort, je prends le High Line, une ancienne ligne de métro aérienne reconvertie en balade piétonne. Nous surplombons les rues en marchant au milieu de la végétation qui se trouve perchée ici.
Le projet n’est pas encore fini, il s ‘arrête à la 20th pour l’instant mais devrait aller jusqu’à la 30th. Je suis maintenant dans Chelsea, plus précisément dans l’Art Gallery District, un ensemble de galeries, dans une zone de 3 avenues de large et 10 blocs de long. Il y a pas mal de galeries, où l’on peut trouver différents styles d’art. Je me fais ainsi 4 rues mais je sature par l’abondance d’œuvres et la trop médiocre qualité à mon sens.
Je reprends la 23th pour retrouver mon cher Flatiron Building, je m’arrête en cours de route au Chelsea Hôtel, célèbre pour ses visiteurs amoureux d’écritures.
Assis sur une table devant mon building fétiche, je teste mon appareil avec mon ancien objectif, un joueur des Metz est sur la place, pour signer des autographes, je me contente d’une photo comme preuve, sans demander sa griffe qui ne représente rien pour moi. Je laisse alors passer ma chance de faire fortune avec un fan mais tant pis, je préfère me plonger dans mon écriture avant que mes souvenirs s’évaporent.
D’étranges statues se logent sur les toits des immeubles voisins, il faut que je me renseigne sur l’auteur en rentrant.
Il est 15h, il ne me reste alors plus que huit heures dans la cité, je fais un rapide check-up des lieux non visités et non payants, car il me reste juste de quoi payer l’ascension au Rockfeller Center, où l’on a une vue imprenable sur la ville.

La bibliothèque, m’est encore inconnue, je me rends donc alors dans les salles d’études où on lit davantage sur ordinateur que sur les livres à disposition.
A chaque lieu que je visite, mon sac attire les curiosités pour les fouilleurs à l’entrée, mais au final ils ne regardent même pas en voyant mes chaussettes odorantes essayant de se faire la malle. Je repasse à la cathédrale, pour y entrer cette fois et je suis déjà au Rockfeller Center. Je pensais faire des photos de jour, du coucher de soleil et de la nuit, mais vu le temps couvert, je ne peux pas espérer grand chose. Je pense tout de même le faire la nuit avant de rentrer à Montréal.
C’est la journée de fin d’année à l’Université de New-York, alors les élèves tournent dans toute la ville, avec leur famille et se photographient avec n’importe quel fond New-Yorkais.
La pluie commence  à faire des siennes, me forçant à revoir mes projets, tant pis, j’ai déjà passé assez de temps dans la ville et je remets donc à une prochaine visite ma vision sur les toits de la ville. Je me fais un bon repas pour compenser, un repas bien calorique et bien ricains, hamburger, frites, milkshake.
18h40, je viens de louper un départ pour Montréal, je prendrais donc celui de 21h. En arrivant à la gare routière, je me sens comme un enfant cherchant ses parents, perdu dans un grand magasin, je ne trouve aucune indication, les postes d’informations sont fermés, je cours à droite et à gauche sans trouver la moindre information sur où je peux trouver mon bus. En retournant à l’entrée, je trouve enfin un gars qui me dit que c’est en porte 28. Il ne me reste plus qu’à trouver la porte dans le labyrinthe. J’arrive deux heures avant le départ du bus, je me pose alors et écris le reste de mes légendes New-Yorkaises.

20h20, je pose le point final de l’histoire et aspire à ma prochaine aventure.

Washington Square

Closed

High Line

Flatiron Building

Bibliothéque Municipale