Les côtes de Gaspé

Réveil aux aurores, je m’installe sur la table à côté du phare, pour prendre mon petit déjeuner de tartines au nutella. Je fais mes hommages au phare et pars pour ma journée.
Le décor est plat le long de la berge, sauf pour arriver au village, mais dans le fond rien de bien insurmontable. Je roule alors à ma plus haute vitesse et les distances se réduisent à tout allure.
J’arrive à Mont St-Pierre en 2h, avec mon arrêt à Rivière -Claude et mes ralentissement pour regarder les chutes et les reliefs des pierres. Je dois bien faire du 25-30km/h.
A Rivière-Claude, Dominique promenant son chien, qui reste à ma table de pique-nique pendant que je mange mon pamplemousse, me propose de remplir mes gourdes chez lui, car elles sont toutes les trois vides.
Je continue ma course folle, jusqu’à des travaux qui me bloquent à Saint-Maxime. J’ai rencontré plusieurs chantiers et à chaque fois les gars me laissent passer sans attendre mon tour de passage. Cette fois-ci, je tombe sur un couillon qui me bloque la route, j’ai beau lui expliquer que c’est idiot de devoir attendre car de toute manière le temps que je traverse, il y aura de nouveau de la circulation en contre-sens de moi, donc autant que je passe n’importe quand. Mais bon rien à faire la logique ne le marque pas et il me fait attendre devant son panneau arrêt pendant un bon 5 minutes. J’attends alors debout à côté du bicycle et le sac à dos parterre.
Je peux enfin repartir et j’arrive à 13h à St Madeleine. Ici nous ne sommes plus sur les berges du fleuve. Les montées se font plus présentes et cassent ma belle allure. Plus loin, je m’installe au cap à côté du phare. Il y a des fers à cheval et des tiges, je m’amuse alors un temps au lancer de fer. Je n’ai pas loupé ma carrière de lanceur de fer internationale en tout cas, car mes résultats sont déplorables.
Pendant que je mangeais, j’observe où la route s’insinue dans le décor et ce que je vois me fait peur. Il m’attend une méchante côte pour digérer.
C’est parti je prends mon élan et me rends vers Grandes Vallées, distance 18 kilomètres. Descendant au village, la sortie monte un peu et s’enfonce dans les bois, quand après un virage, une pente vertigineuse s’impose devant moi, voilà la côte que je voyais en partie du phare. Je prends de la vitesse, mais rien à faire dans la pente, je suis obligé de descendre à la plus petite vitesse. J’avance donc lentement mais surement vers le haut, la pente est si dure, que je me mets en danseuse et même sur la plus petite vitesse, j’ai de la résistance. Je fixe la ligne blanche pour ne pas regarder le bout et me décourager. Cette pente est interminable, j’arrive au virage et ça continue encore et encore. Mes cuisses me brûlent, je me rassis mais là ceux sont les épaules qui trinquent, tout le poids va en arrière. Je me relève alors et prends mon mal en patience en ne regardant que ma roue et la ligne blanche. Je vois perler une à une les gouttes de mon front laissant derrière moi une trainée comme un escargot. Je relève la tête et vois le bout, mes bras sont luisants comme si j’avais mis de l’huile. J’y suis, je l’ai fait, je me réhydrate et pose un pied sur le sol.
La route descends pour se perdre dans un virage. Étant à bout, je ne pédale pas du tout pendant la descente et en arrivant en bas de celle-ci mes jambes sont sciées en voyant une autre montée se prononcer devant. Découragé, je monte cette dernière à pied, n’arrivant pas à tirer mon vélo. A la suite de ça d’autres montées au nombre de 4, s’enchainent. Ceux sont les 20 kilomètres les plus longs depuis le début, ce ne sont plus mes jambes qui me portent, mais la rage et mon obstination, car en voyant les pentes se succéder, ma raison me perd, mes muscles me tirent de partout, mais je pédale machinalement, en pestant le village Grande-Vallée qui se veut aussi impénétrable. C’est une fois plus une goutte à suer et les genoux craquants, que j’arrive enfin à un panneau indiquant « Bienvenue à Grande-Vallée ». Il faut dire que j’ai déjà connu meilleur accueil.
Dans la descente d’arrivée au village, une aire de repos, je m’y repose alors et vois sur le panneau d’information que c’est à ce village que se trouve le fameux rocher du « Gisant ». Il suffit de descendre de l’aire du repos, à la plage. Je cache mon vélo et prends juste mon appareil et mon sac et commence la descente par le sentier. Celui-ci mène à des escaliers, 233 marches et nous voilà sur la plage, plus que quelques mètres pour arriver à un rocher baigné dans les flots. Malheureusement pour moi, le profil du Gisant, qui se trouve être une pierre représentant un visage, se voit du côté de la mer en marée basse. Je remonte donc bredouille à mon vélo, après avoir profité de la plage de galets.
Je suis fin prêt à descendre au village et passe au pont couvert de la ville, cela fera le deuxième de mon parcours. A la sortie du village, je croise Réjean, profitant de sa terrasse. Je lui demande de l’eau et il m’invite chez lui prendre du thé. Il me montre ses créations, Réjean est sculpteur artisan, autodidacte. Mal entendant, il a toujours eu du mal depuis la naissance dans les études, mais c’est réfugié dans la sculpture. L’étage de sa maison est rempli de ses œuvres, il me fait cadeau d’un bateau. Il me propose l’hébergement, mais je décidede continuer encore car il est tôt.
Si j’avais su, je me serais posé là car en sortant, je retombe sur des côtes, mais je me rends tout de même une vingtaine de kilomètres plus loin, après Cloridorme, au grand étang.
Je m’arrête dans une halte routière fermée, où je profite de cette étendue d’eau douce pour me laver abondamment et rapidement, vu la fraicheur des eaux. Dommage de pas être en été, je pourrais profiter davantage des plans d’eau, mais au moins maintenant, je ne suis pas gêné par le touriste.
Pour me redonner des forces, je me prépare une plâtrée de pâtes aux champignons, sauce tomate, que je recommande aux routards, surtout après plus de 100km.

La Martre - Grand Etang 120 km

La Martre

L'Anse Pleureuse

Phare de Rivière la Madeleine

Grande-Vallée

Réjean Bernier

La platrée du guerrier

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