Paysage enchanteur et vent désenchanteur.

Je me réveille courbaturé de ma nuit dans le sillage d’une roue. Cela me permet de partir tôt et d’être sur la route un peu avant 8h. Je continue donc ma belle route forestière. Au bout de celle-ci, je change de chemin pour une autre belle route un peu avant 8h. Je continue donc ma belle route forestière. Au bout de celle-ci je change de chemin pour une autre belle route et je me rends compte que je suis sur un circuit cycliste « le montagnard », pas très significatif car c’est pas mal plat à part l’habituelle série de 6 km de bosses il n’y a rien de montagnard. Il faudrait plutôt faire attention aux chasseurs, qu’aux montagnes, car de partout on voit les panneaux « chasseurs à l’affût » et en voyant l’état de certains panneaux routiers, même là sur la route, je suis à moité rassuré. J’arrive à St-Cyprien, où j’achète mon petit lait chocolaté pour mes céréales, je pense continuer ma route jusqu’au bout, mais la caissière m’affirme que la route arrive en terre assez vite. Je tourne donc à gauche vers St-Justine.
En chemin, je m’arrête pour mon bol et rêve déjà du St-Laurent car ici, ce n’est toujours pas intéressant comme paysage. Forêts à perte de vue et faible vallonnement, je me demande pourquoi les Appalaches, de « Chaudiére-Appalaches ». En arrivant à St-Justine, je jubile une côte, je peux profiter de mes bonnes vitesses, là haut, à la place de l’église, on a vue sur l’horizon. Derrière moi forêt plate et devant moi monts vallonnés s’entremêlant. Je ne suis pas forcément sado-maso, mais bon je préfère ce que je vois devant, car même si c’est plus dur, il y a des chances d’avoir de meilleurs paysages.
Je médite allongé sur mon herbe à écrire et profiter de la vue. Il est temps de gravir ces montées. Je découvre une autre partie de la région et me voici plus enchanté. On retrouve les forêts, mais les lacets des monts, laissent mystérieusement leur trésor, pour cela, il faut user de coup de pédales, c’est là que l’on découvre alors un petit marais, une zone lunaire du Québec, des prairies et leurs toiles de fond sur les vallons alentours. C’est ici que je rencontre Claude, qui se dit être gérant et profite de son temps à voyager par télé interposée, étant à sec, il remplit mes gourdes et je le quitte pour repartir vers St Luc. J’ai l’impression de parler toujours de pause et de bouffe mais vu que je n’ai pas beaucoup de stock de réserve, je m’arrête souvent chez les dépanneurs, ici je prends un petit pâté et du pain pour le manger un peu plus haut.
Les villages sont pas mal isolés, un seul chemin qui y mène est asphalté, le reste est de la terre alors me voilà reparti pour un chemin de terre. 20 km de terre avant le prochain village, c’est bien désertique et soudain au milieu de nulle part, un groupe de mobile-home avec un petit jardin se trouve là, surement des chasseurs qui viennent s’installer pour les saisons car ce n’est vraiment pas pratique. Plus loin un petit cours d’eau permettant de se rafraichir crée une sorte de gorge de 3m sur 500m de long, ainsi une cuvette d’eau reste là. Les gamins de la maison d’à côté doivent assurément s’y baigner en été. Me voilà au sommet de la montagne, au loin des monts du Canton que j’ai passé déjà il y a deux-trois jours. Le temps passe vite et les kilomètres passés me rapproche de la Gaspésie, jour après jour.
Ce qui monte doit descendre, je m’exécute alors et me trouve maintenant à monter les Appalaches, avant les aplats du bord du fleuve. Il se trouve aussi que la montée est trop abrupte et en cailloux, je patine sur place, voir même je recule. Je monte alors à pied et même comme cela c’est pénible, je mets bien 20 minutes à finir tout ça, sans exagérer, je pense bien que c’est un 18% d’inclinaison. Tous les 100 m je reprends mon souffle. Arrivé en haut mes bras me brûlent, heureusement que je n’ai pas seulement entraîné mes jambes, sinon je serais resté en bas.
Au sommet, un animal attend ma venue, au milieu de la route sans bouger, il s’agit d’une couleuvre, je passe à côté sans l’énerver, j’ai déjà assez de piqures avec les mouches noires. Je descends ainsi jusque St Damien, comme hier ma journée est déjà longue, mais je continue pour encore un village autrement dit une quinzaine de kilomètres. Les montagnes sont finies, mais il persiste des côtes et avec la fatigue, je commence à râler tout seul, surtout que mon moral s’était préparé à autre chose quand un gars à St-Damien m’a dit «  Ohhhhhh pas de problème, tu verras ça descend jusqu’au fleuve maintenant » Comme quoi, il n’y a pas mieux que le vélo pour ressentir le relief d’un pays.

Je coupe une piste cyclable, qui ne peut pas m’être utile pour où je me rends, mais néanmoins je profite d’un toilette chimique qui s’y trouve. Car pouvoir profiter d’un siège, sans devoir enterrer mes besoins est devenu un luxe que j’apprécie. En sortant, une voiture s’arrête à niveau de la piste, les deux jeunes couillons s’amusent à faire des départs arrêtés sur la route en me regardant et pour finir, passent sur la piste avec leur voiture pour rouler comme des dingues. Je prie pour eux qu’ils ne rencontrent personne.

J’arrive enfin à St Nérée, où je m’arrête au dépanneur, pour un petit melon, des chips et une bière. Repas de fête pour un jour de fête, cela fait déjà une semaine que je suis parti. En sortant de la ville, je m’installe dans un pré à côté des installations sportives pour une fois j’ai une vue dégagée plein Ouest, je profite alors du coucher de soleil en festoyant.

Ravignan - St-Nérée 75 km

Chasseur à l'affut

St-Justine

Couleuvre

Vue de ma fenêtre

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