Un mal pour un bien.

La température a bien chuté pendant la nuit, en sortant de ma tente, je vois du givre dessus. Je rallume un feu pour me réchauffer après ma toilette. Je trouve mon idée, d’avoir traversé la rivière, idiote, car l’eau est glaciale ce matin et je dois faire trois aller-retour pour retourner sur l’autre rive avec l’ensemble de mes affaires.
Il est 8h, le village dort encore, un bus scolaire fait son passage, il n’y a qu’un seul enfant qui l’attend.
C’est de pire en pire, chaque montée je dois descendre de mon vélo pour avancer, mes étapes vont en prendre un coup, c’est impossible de faire mes 80km comme ça. 1 h que j’ai commencé, ma journée et je suis à St-Malo, seulement 9km de fait. Au carrefour du village, je croise l’ancien maire, il me dit que le village est le plus haut du Québec, 580m et que sa petite fille a fait partie, des finalistes de Star Académie et qu’elle prépare un clip. Monsieur le Maire me dit aussi que je dois aller à la tour du village pour avoir vue sur tous les environs. C’est donc avec toute ces informations primordiales, que je monte le village et arrive à la tour, je m’imaginais un donjon, mais c’est une tour d’observation. De la haut en effet on voit tout, le New Hamsphire, le Mont Oxford, le Mont Mégantic,…
Je médite perché ainsi, en réenvisageant mon projet. J’enfourche mon boulet et descends jusque St-Isidore, toute la route est en descente, si bien que j’arrive à bon port sans devoir pousser mon vélo. Je n’ai pas encore déjeuner, je m’arrête donc chez un dépanneur pour y acheter, banane, cheerios et lait chocolaté. M’installant sur le banc devant le magasin, je me fais mon festin, portion glouton.
Je continue par un chemin de terre, me disant, que quitte à devoir rouler tranquille autant rouler sans trop de circulation. Les vues sont magnifiques des forêts à perte de vue et la ligne frontalière. Les vaches sont les seuls témoins de mon passage. Enfin non; il y a aussi cet idiot de chien aboyant pour rien, qui me tape sur le système.
Une pente de 15% sur bien 2-3km se déroule devant moi, je fonce tout en étant vigilant aux cailloux et crevasses tapissant le parcours. En face une pente de la même catégorie mais dans l’inclinaison inverse m’attend. J’arrive à monter 1/5 de la pente mais dois tirer mon vélo sur le reste. Cela peut paraître reposant de marcher à côté de son vélo, mais quand celui-ci fait plus de 25kg, il faut oublier toute notion de repos.
J’arrive à St-Mathias, en suivant la 210, je fais une pause avant de repartir pour des chemins de terre. J’ai bien envie de faire du pouce. Je me lance qu’en même, la première descente arrive je peux enfin rouler. Je pédale à fond pour rattraper du temps. J’ai l’impression de jouer à un jeu de voiture où tu dois éviter les autres voitures. Je slalom entre trous et cailloux pour avoir le meilleur revêtement, j’évite un gros cailloux quand tout de suite après un creux arrive, coup de guidon à droite et je l’évite, pour tomber sur un autre avec en bordure des graviers. Je me dis que si je vais dans le graviers à cette vitesse je risque de déraper. Trop tard je n’ai plus de question à me poser, je viens de prendre la crevasse. Sacrée secousse, ma roue arrière frotte sur le cadre, mais finie la descente. En bas, ma roue s’arrête toute seule, la roue est voilée et est collée à mon cadre à cause du choc.
Au même moment, une voiture arrive, je mets mon pouce et le gars m’embarque. Guy, il s’appelle, un gars de Chartierville et qui fait des aller-retour depuis ce matin car il déménage à St-Malo. 46 ans qu’il était à Chartierville, il est né ici, nous passons devant la maison de ses parents. Puis il me dépose au carrefour du village. Je suis content d’avoir fait du stop car la route était atroce, même le camion avait du mal dans certaines montées.
J’ai le choix, soit je vais au Sud et passe la frontière à 2km, soit je vais au Nord, pour la Patrie. Je vais au Nord et m’arrête à l’église pour regarder ma roue, cause désespérée, acte désespéré, je démonte ma roue et essaie avec mes pieds de redresser la roue. Évidemment rien ne bouge; Je me trouve alors avec mon vélo et mon pouce tendu, 5 minutes, d’attente et des gars me prennent. Des bucherons, ils s’arrêtent à la Patrie, donc ils m’y déposent. De là j’essaie de me renseigner sur l’éventualité d’un magasin de vélo dans le secteur. On me dit qu’il n’y a rien, il faut me rendre à Lac Mégantic, à 45km. Satané vélo de merde, je me trouve à m’interroger sur son sort finalement la décision est prise je l’abandonne.
Il fallait bien se dire que je n’allais pas faire toute la route comme ça. Je cumule les problèmes, dérailleur merdique, roue voilée et frein gauche cassé. Tu as rempli la part de contrat comme tu as pu mon fidèle destrier. Je récupère ma fixation de sac guidon, mon porte bagage puis aussi la selle qui est bonne.
Maintenant il me faut trouver une voiture et me faire conduire au Lac Mégantic, là bas je trouverais une nouvelle bécane. Pour me remettre de mes émotions, je vais prendre une bière, au bar du coin. Je demande une bière, le gars me donne une 75cl, parfait je vais prendre le temps d’écrire. Mes camarades de comptoir m’interrompent dans mon écriture, interpellés par ce drôle de touriste, chargé comme un baudet? Je raconte alors mon histoire à mes camarades, le patron me donne la publicité de Canada Tire, Je pourrais m’y trouver un vélo pour 200-300$. C’est pas le tip-top mais le mien ne l’était pas non plus du moment que les vitesses tiennent un mois ça me suffit.
Ma bière est finie, je quitte donc mes compères, pour m’en aller faire du pouce. Le temps de faire 50m,  une voiture s’arrête. La dame m’avoue que chargé comme je suis, elle ne pensait pas prendre de risque en s’arrêtant. Elle habite Notre-Dame des Bois, le village voisin, ça me permet déjà de m’avancer. Le temps d’arriver, je refais le récit de ma journée et avoue mon ambition d’acheter un vélo. Elle se souvient alors avoir un vélo dont elle ne se sert pas et me propose de passer voir ce qu’il en est. Nous voilà chez elle, nous sortons le bicycle et tout à l’air d’aller, je gonfle les pneus et vais le tester. Parfait, les vitesses passent toutes et il y a même un petit plateau, utile pour les côtes du secteur. C’est un VTT, un vélo plus lourd que le mien, mais bon lui au moins il roule. Adjugé, je le prends, mon ange gardien me l’offre, m’avouant l’avoir eu en cadeau. Nous fêtons notre rencontre providentielle sur la terrasse avec une petite bière. La vue est fascinante, les lignes frontalières sont devant nous. La maison est isolée et bien située. La discussion en vient sur le Mont Mégantic, je me tâtais d’y aller car il faut le monter. Elle me propose alors d’y aller, ma gêne, ne fait rien et nous voilà partis. Malheureusement le parc est déjà fermé.
Nous revenons à la maison et ma bienfaitrice me propose de rester pour la nuit et me dit même qu’elle me conduira demain au Mont Mégantic. Je ne sais trop quoi dire devant tant de gentillesse et finalement je n’ai rien à dire, nous sommes déjà de nouveau chez elle.
En rentrant, je bosse sur le vélo pour remettre mon attache au guidon et mon porte bagage, je change la selle, car la mienne et plus souple. Nous mangeons et parlons longtemps avant de nous séparer. Mon hôte, Doris, nous avons seulement fait les présentations en rentrant à la maison, me prépare un lit, des serviettes et me laisse l’étage, elle, prend l’étage du bas. J’ai aussi la possibilité d’aller sur le net, j’envoie donc un mail à mon entourage pour rassurer sur mon état de santé. Après une bonne douche et une séance d’écriture je me couche en profitant du confort.

St Venant de Paquette - Notre-Dame des Bois 86 km

St Malo

Chez Doris

Laisser un commentaire