DO NOT ENTER.

Avant de partir me ressourcer dans la nature, je fais me prendre un grand bain de pollution, d’agressivité et le pire de tout, une cure d’anglais. Tout ça pour dire que je prends la route vers New York.
Je profite de l’occasion pour faire un investissement de choix, je me fais plaisir, il est temps que je change mon vieil appareil qui a déjà fait un bon boulot durant ces 5 années de service. (5ans dans l’ère du numérique, c’est la préhistoire). Je casse mon cochon pour m’acheter un 5D.
Il était convenu que je pouvais payer par le net et le prendre au magasin, pour me faciliter les transactions en limitant les conflits de langages. Finalement changement de plan, je ne peux plus, je suis à 6h de mon départ et je n’arrive pas à arranger, l’histoire du payement. David me sert d’interprète pour l’opération et finalement on arrive après une bonne journée de stress. Rien de mieux que de perdre son temps avec des affaires de même, quand on doit déjà s’occuper de vider de son appartement. Car le jour de départ à New-York est synonyme aussi du départ de mon appartement. Heureusement, pour bien conclure, la soirée se fait avec les amis devant une petite game de hockey. 4éme partie de la série Montréal/Pittsburgh. Les Canadiens remportent la victoire et voilà qu’il est l’heure pour moi de partir pour les États-Unis d’Amérique.
En arrivant à la gare routière, une queue immense attend pour New-York, je fais alors l’ignorant en passant sur le côté, le contrôleur demande mon ticket et je passe ainsi devant tout le monde. Cela évite d’attendre 1/2h le prochain bus. Mais finalement, le bus n’est même pas plein au départ, donc je n’ai pas de regret de ma fourberie.
En 1h nous arrivons à la Douane, moment que j’appréhende avec mon niveau médiocre dans la langue de John Wayne, j’arrive tout de même à me faire comprendre et entre dans le pays que Dieu protège.
Pour le reste de la route, le sommeil s’en charge plutôt bien, je me réveille à 40km de New-York, le décor est beau, cela m’étonne je ne pensais pas voir des montagnes. Avec le lever du soleil, le vert ressort davantage.

Nous arrivons par New Jersey et les buildings se dessinent au loin. Avant de prendre le tunnel menant à Manhattan, vue panoramique décrit l’ensemble des grattes ciels de la ville. De l’autre côté du tunnel, nous sommes pratiquement à la gare routière. Je dépose alors mon premier pied sur cette pomme tant convoitée. Un petit pas pour l’humanité, un grand pas pour moi, car en effet la dernière marche de l’autobus est assez haute.
Je suis mon instinct et prends les rues au pif, pour arriver sur la côte Ouest de l’île, juste à l’endroit, où se trouve le porte avion, USS Intrepid, ancien navire de la marine réhabilité en musée consacré à la marine et à l’aviation.
Je longe alors la rive et arrive à auteur de la 33th Avenue, là où se trouve BH Photo, magasin de photo où j’ai commandé mon appareil. Ils ne sont pas encore ouvert, je continue donc ma route vers l’autre rive pour mieux me rendre compte de la largeur de l’île. Je passe à côté du Madison Center, de l’ Empire State Building,… Je m’arrête faire des provisions à un des nombreux marchands ambulant de fruits, en plus des vendeurs de hot dogs, on trouve des vendeurs de pain et de pâtisseries et d’autre comme le mien de fruits. Je me prends donc des réserves de pommes, bananes, oranges.
Arrivé à l’autre rive, j’ai vue sur tout Brooklyn, avec les ponts Williamsburg à droite et celui de Manhattan et de Brooklyn à gauche. Je reste sur la jetée un moment et décide de la quitter pour visiter les rues aux alentours. Par la suite, j’arrive à Madison Square Garden, avec vue sur le fer à repasser, Flatiron Building. Je voyage de film en film, King Kong, Spiderman, Manhattan,…
L’heure tourne et on arrive à l’ouverture de BH. Je vais donc récupérer mon appareil. Le magasin est immense, avec des chaînes de tri traversant la boutique de toute part, pour ramener le matériel en caisse. Voilà, je me trouve en possession du petit prodige, malheureusement je ne peux pas jouer avec tout de suite, il faut recharger la batterie.
Mon auberge se situe à côté, je décide alors de m’y rendre maintenant et y déposer mes affaires. Après trois blocks, j’y suis, je suis devant une porte fermée avec des tas d’indications en anglais. En gros, la ville de New-York a décidé de fermer l’auberge pour cause d’insalubrité… La journée commence, j’ai le sentiment que je vais me souvenir longtemps de ce voyage. Vu que c’était réservé, je n’ai pas pris la peine de noter les autres que j’avais vu. Résultat je me trouve à la rue, sans savoir où aller. Je continue ma balade, en me disant que je verrais bien des autres places sur mon chemin. Je retrouve quelques auberges, mais elles sont toutes pleines pour le week-end. Je croise de nombreux hôtels mais le budget prévu pour 4 nuits à l’auberge passe en une nuit chez eux.
J’ai déjà bien bougé à cause de ça, mais mon logement me préoccupe de plus en plus et je suis donc moins attentif à des sujets photos. Même dans Chinatown, les hôtels sont aussi chers, je pensais pouvoir trouver une petite chambre, faux espoir.
Les prix étaient moins chers sur Brooklyn, d’après mes souvenirs, je me dirige donc vers le pont de Brooklyn. Le pont est rempli c’est pas agréable, mais bon c’est ça de venir dans une ville touristique comme celle-ci.
Après des miles de traversées me voilà sur l’autre bord. Je ne sais pas du tout où chercher. Je suis encore mon instinct et erre au petit bonheur la chance. Je ne trouve aucune carte de Brooklyn et encore moins des adresses.
Je suis tanné, mon dos et mes pieds me font mal, je fais une pause et profite pour demander aux gens que je croise. Chacun me donne une adresse différente, mais les tarifs sont tous aussi chers qu’à Manhattan. Je ne comprends vraiment rien, tu as le train à ta fenêtre et tu es dans un coin miteux et ça revient au même prix que si j’étais au coin de Madison Garden. Ah c’est bon j’ai compris il y a la télé couleur avec le câble et les chaînes porno, je me disais bien.
Au fur et à mesure des nouvelles adresses je m’enfonce davantage dans Brooklyn, étant à la limite du Queens, je me fais une pause au Highlands Square et apprécie un match de baseball.
Je suis bien mais je suis toujours à la rue, donc je repars et trouve un YMCA, il est plein et il faut réserver avant, mais j’arrive à avoir une liste des autres YMCA sans réservation. Le plus prêt se trouve néanmoins à l’autre bout de Brooklyn, je rentre dans le métro pour voir une carte du coin et suis mon chemin, ne me demandez pas pourquoi j’ai pas pris le métro, je le regrette encore, mais bon je me dis que je verrai plus de chose que sous terre.
Résultat je marche encore une heure de plus, en suivant Broadway, mais pas celle des théâtres, non à cette hauteur c’est surtout le rap U.S que l’on écoute plutôt que les comédies musicales. Ce n’est pas le Bronx, mais je me dis déjà que c’est fou la différence entre Manhattan et ici.
Exténué, je peine à avancer j’ai des cloques en série aux pieds, c’est ma première journée et me voilà déjà à ne plus pouvoir avancer. 99 Meselara Street, le YMCA devrait se trouver ici mais je me trouve devant une porte de derrière sans moyens de l’ouvrir. C’est quoi cette poisse qui me suit?
Je croise un policier et lui demande alors si il sait où je peux trouver, ce maudit YMCA, il me dit alors que ce n’est pas Meselara Street mais Meselara Avenue se trouvant à au moins dix blocks.
J’en ai marre et me rends plutôt vers Manhattan, j’ai assez fait de Brooklyn à mon goût. Je découvre un parc où je m’installe un peu et le sommeil, commence à me gagner. Je m’attache à mon sac, mais un groupe de jeunes se met à traîner dans le parc aussi je préfère partir. Je prends le pont Williamsburgh pour retrouver Manhattan, le pont est long et sans banc, je me fais donc une pause. A chaque arrêt , j’ai de plus en plus mal quand il faut repartir.
En arrivant en bas, je me fais une pizza, chez un champion du monde, d’acrobatie avec la pâte à pizza. Je prends une heure la dedans pour écrire un peu sur mon carnet mes aventures.

Je déclare alors officiellement que je pense me faire une nuit blanche, car pour un hôtel c’est peine perdue. J’en ai marre de courir partout. Je quitte ma pizzeria, pour monter vers le Nord et tombe sur des résidences privées, avec un grand parc. Je m’y installe, m’allongeant sur un banc à sommeiller avec les chaussures enlevées pour faire respirer mes cloques. Un garde passe et après lui avoir expliqué mes péripéties, il me laisse là, je peux alors m’endormir en toute quiétude sous la protection des vigiles.

USS Intrepid

Empire State Building

Flatiron Building

Mon auberge

Pont de Manhattan

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