Baptême des Cantons de l’Est

Ils s’en vont dans la montagne en bicycle, ils s’en vont dans la montagne en bicycle, ils s’en vont dans la montagne, ils s’en vont dans la montagne, ils s’en vont dans la montagne en bicycle.

Il est un peu plus de 9h, après un bon petit déjeuner, nous partons de bon matin à bicyclette. Longeant le lac Memphrémagog, nous suivons le tracé de la 247, en direction de Georgeville, village constitué de 1000 têtes, avec un magasin général, un port, un golf, une église, un centre de la culture, une auberge, et trois autres maisons constituant le centre. Nous voilà dans le Québec profond, celui que je tenais tant à voir, pour me changer de la jungle montréalaise. Nous profitons de la vue sur le lac, et sur l’abbaye St Benoît du Lac, pour reprendre nos esprits, des montées successives qui se sont dressées sur notre route, et aussi pour celles qui nous attendent à la sortie de la ville.
C’est drôle comme la pesanteur nous semble plus forte pendant les ascensions. C’est comme si un poids me tirait en arrière, sans doute est ce les quelques kilos sur mon porte bagages et dans mon sac à dos.
Après cette première grosse pente, nous arrivons sur un plateau, avec une une vue dégagée sur les massifs aux alentours, une vue dégagée en temps ordinaire, car aujourd’hui le temps est fort couvert, les montagnes sont dans la brume, et quelques gouttes se mettent à tomber. Pardon, ce n’est pas la pluie, c’est juste les gouttes perlant de mon front.
Je suis aux anges, j’ai hâte de pouvoir profiter de ces paysages tous les jours durant mon voyage.

La montagne est faite de montées, mais comme le disait Newton,  » Tout corps s’attirent avec une force centripète inversement proportionnelle au carré de la distance qui les sépare », donc je traduis, tout corps qui monte, est appelé à descendre, et nous descendons donc de notre montagne vers Fitch Bay, à la modique vitesse de 63km/h. Le village n’est pas beaucoup plus grand que Georgeville, une épicerie, une maison hantée et voilà les principales attractions du patelin sont énumérées.
Nous continuons sur le chemin de Fitch Bay, avec pour voisin sur notre gauche le lac Lovering, nous pensions prendre le chemin du bunker, mais vu qu’il s’agit d’un chemin de terre, nous continuons jusque la 141.
Une chose attire mon regard, une grande silhouette se détache sur la droite, en m’approchant je vois que cette chose est disposée sur une table, constituée de 4 pattes et d’une parure de poils bicolores, cette chose se trouve être une chèvre. Une chèvre immobile, je pense alors que c’est une fausse, une décoration kitch, mais oh surprise, cette statue à mon passage devant elle, me suit du regard. C’est donc une chèvre Mona Lisa, qui suit du regard le spectateur qui l’admire. Je déclare donc cette chèvre vivante et bien réelle.

Après avoir passé l’autoroute 55, nous arrivons de nouveau, à un lac, le Massawippi. Nous faisons une pause au bord de celui-ci avec l’envie de s’y baigner, et de laisser couler les 100km de prévus, mais bon notre discipline nous rappelle à l’ordre, et nous reprenons la route, sous des gouttes commençant à tomber, celles-ci ne sont plus seulement les miennes, mais bel et bien de la pluie. Cette pause m’a fait plus de mal, qu’autre chose, j’ai des difficultés à reprendre le rythme, surtout que nous commençons de nouveau par une pente. David prend de l’avance, se transformant en point noir à l’horizon, la pluie bat son plein, je suis seule sur la route, quand une belle femelle se jette devant moi. Je suis émerveillé, sa robe mouillée dessinant les formes de ses muscles, ce spectacle ne dure que trois secondes, la voilà déjà qui repart de l’autre bord agilement en se cachant dans les bois. Je viens de voir un Cerf de Virginie pour la deuxième fois de mon séjour, la magie reste intacte.
Nous voilà maintenant à St Catherine de Hatley, nous nous abritons sous un préau d’une école, le temps d’enfiler les panchos et mettre leurs capotes à mes différents sacs. Nous reprenons la route sous la pluie, en direction North Hatley, surplombant le lac, nous avons un point de vue magnifique. Il est l’heure de manger, nous prenons alors place sur le ponton de la ville, la pluie a cessé, et le soleil a repris sa place, la route peut reprendre son cours.
Nous sommes sur la 108, quand notre chemin continue à droite, une impressionnante pente se dresse devant nous, je prends alors de la vitesse pour me permettre de gravir ce mur, mais il n’y a rien à faire, j’ai monté 20m mais désormais, mon vélo ne veut plus bouger davantage, je descends donc de mon vélo, pour monter cette pente à pied, en le poussant ainsi je me rends mieux compte du poids que je dois tirer et je ne suis pas surpris que je ne peux pas me permettre des montées aussi pentues. Un peu plus loin, l’inclinaison s’adoucit, je peux alors remonter sur mon vélo, pour réussir à perdre 2l de sueur et par la même occasion arriver au sommet de cette foutue route. Un petit 200m de dénivelé sur un grand 2km.
Nous approchons de Sheerbrooke, il est grand temps de faire la route du retour, nous allons donc vers Deauville, le vent commence à se lever, et des bonnes rafales fouettent notre visage, le menu pour cette fin de journée, 20km avec le vent de face, avec des rafales de 60km/h, pour bien nous achever, encore une fois, je vois David partir loin, loin, loin devant, jusqu’au moment où je ne le vois même plus. Si il y a bien une chose qui me détruit, c’est le vent, je ne supporte pas me prendre des rafales dans la face, je descends alors mes vitesses, ça sert à rien de me fatiguer pour rien. Criant comme un damné, je maudis Eole, je n’avance plus, j’ai l’impression que si je ne pédale plus, je vais aller à reculons, avec mon sac sur le dos, je suis une proie facile pour la prise de vent. Si il s’agissait d’une sortie sans aller-retour, il est certain que j’arrêterais dès maintenant et poserais ma tente, seulement là il faut retourner à Magog, pour profiter d’une bonne douche et d’un bon repas chaud. L’idée du festin qui m’attend, ne me donne aucune motivation, si la nourriture ne peut plus me motiver, je suis décidément au bout du rouleau.

C’est complètement lessivé que j’arrive à bon port, Bienvenue à Magog, jamais un panneau routier ne m’a fait autant plaisir. Il ne reste plus qu’à profiter de la douche, du repas et il est déjà l’heure de reprendre la route de Montréal.
Bye Cunnigham’s family, nous serons de retour dans deux semaines.

Parcours dans les Cantons de l'Est

Lac Memphrémagog, Georgeville

La chévre Mona Lisa

Lac Massawippi

Retour pour Montréal

Laisser un commentaire