Silo n°5

Depuis le temps que je suis sur Montréal, un bâtiment m’hypnotise à chaque fois que je passe devant, je ne l’ai jamais pris en photo, car je me suis dit que je devais attendre d’aller le voir de plus prêt pour faire des images, je ne voulais pas le montrer de loin, comme la plupart des photos que l’on trouve sur lui, non il fallait que je rentre dans son enceinte pour communier avec lui, pour sentir son passé, son histoire et prendre plaisir à le photographier.

En 1923, Montréal devient le principal port céréalier au monde, pour répondre à la forte expansion du marché, le port à investi dans des importants silos, pouvant gérer l’exportation et l’importation céréalière, ils sont composés d’un grand espace de stockage, de convoyeurs, d’élévateurs, de grues,… Les silos deviennent des structures imposantes, mais fonctionnelles. Si bien que le Corbusier (l’architecte), fait l’éloge de cette architecture, en parfait équilibre face à sa fonction. De ces silos seulement trois ont survécu, et un seul est encore en activité, c’est le silo n°4.

Pour ma part, je vais aller voir le silo n°5, classé dans le patrimoine de la ville et désaffecté depuis 1996. Il est une propriété de l’administration du port de Montréal, et donc sur un terrain privé, mais bon le temps qu’ils se décident à l’ouvrir au public (divers projets de réhabilitation, musée, siège de l’ONU,…) je prends un peu d’avance car je ne serai sûrement plus là quand il sera accessible. Je passe donc au dessus de la grille pour me retrouver au pied de celui-ci.

Je longe le bâtiment et tout semble fermé, comme dans l’usine que j’avais visitée il y a quelques temps, néanmoins je trouve une entrée. Me voilà dans le sous sol du bâtiment heureusement j’ai prévu la lampe de poche, car il fait aussi noir que dans le trou du cul d’un noir, suivant les convoyeurs, j’arrive au bout du bâtiment, quand un faisceau de lumière s’échappe de derrière des machines, je les contourne et découvre un trou dans le mur, je m’y faufile, car c’est le seul passage que j’ai pu voir. Me voilà dans la tour, une cage d’ascenseur vide et des escaliers montant les 20 étages se dressent devant moi. Je prends donc mon souffle et grimpe ces escaliers, qui continuent à perte de vue. Mes cuisses se font plus lourdes quand j’arrive à un palier, une porte est condamnée, soudée par des tiges en métal, mais un trou se trouve sur sa gauche, je jette un œil, et vois une grande salle avec deux convoyeurs dans toute la longueur de la pièce. Je ne m’arrête pas tout de suite, et décide d’aller au plus haut du bâtiment, après encore 5 étages, j’arrive au sommet. Là encore une porte est condamnée, mais un trou fait à la masse, permet d’accéder à la pièce. En plus de prendre mon matos photos, et ma lampe, il faudrait que je pense à prendre une masse, la prochaine fois, c’est vrai que ça peut être utile.

Le vide se dresse devant moi par une porte servant à monter le matériel, à l’aide de la poulie, qui se trouve au plafond, je m’approche un peu et suis en plein émerveillement. Je vous l’accorde il y a mieux comme paysage, c’est juste une succession de constructions faites de béton, d’acier et de verre, mais néanmoins, c’est impressionnant, c’est la meilleure vue que l’on peut avoir sur Montréal. Par sécurité, je me recule et vais regarder ce panorama, par la fenêtre à côté, je risque moins d’être happé, par la hauteur. Je fais le tour de la pièce, et reste une bonne heure à regarder de chaque côté, au Nord Montréal, le Centre-Ville, le Mont-Royal, … à L’Est, le Vieux-Port, le Pont Jacques-Cartier, le St Laurent,… au Sud, la Rive Sud, avec au loin les montagnes St-Bruno, St-Hilaire,… à l’Ouest, Lachine, Montréal Ouest,…

Il est temps que je continue la visite, je redescends, donc au fur et à mesure les étages et franchis chaque trou, je peux voir toutes les machines permettant de trier et de dispatcher les céréales dans les différents silos, formant ainsi un véritable labyrinthe de tuyauterie , pour arriver au convoyeur juste au dessus des silos, et permettre le dernier tri. De cet étage, une porte mène sur le toit des silos, mais vu la vétusté des lieux, je ne tente pas la chance, l’idée de passer à travers et faire une chute de plusieurs mètres dans le noir, pour finir avec la nuque brisée, ne m’attire pas plus que ça. Je redescends alors mes innombrables marches pour revenir dans le sous sol, finalement, ne trouvant pas d’autre accès communiquant avec l’autre bâtiment, je sors de celui-ci.
Me voilà de retour à l’air libre, je fais le tour, pour trouver une entrée dans l’annexe mais mes recherches restent nulles. Je me contente donc de prendre des photos à l’extérieur en me cachant le visage comme je peux, aux yeux des caméras de surveillance, qui sillonnent le secteur. Finalement en continuant j’arrive sur le début du port, je suis tenté de continuer mais de peur de me faire repérer et que l’on me demande d’effacer mes images, je préfère rebrousser chemin et me satisfaire de ce que j’ai déjà pu voir.

Une fois, de retour à l’extérieur du site, et après avoir aperçu un faucon, ma soif de photo n’étant pas encore assouvie, je me balade dans les rues du Vieux-Port, qui se trouvent proche d’où je suis. Finalement il est 14h, ma carte est pleine, mon ventre est vide et ça fait 6h que je me balade, je rentre donc pour regarder le travail d’aujourd’hui.

Exceptionnellement cette fois-ci j’ai mis les photos en noir et blanc, car cette sortie m’a rappelé mes débuts, quand je partais avec mes pellicules noir et blanc et mon appareil photo argentique Olympus OM 1, ou plutôt celui de mon père que je me suis approprié, pour faire des photos d’usines dans mon quartier, que je développais ensuite au laboratoire dont j’avais accès.
Cet article est aussi mon 101ème article, donc c’est une manière de marquer le coup.

Vieux-Port

Silo n°5

Rive Sud

Port

Centre-Ville

Faucon

Ruelle de la vieille ville

Une réponse à “Silo n°5

  1. tu n’as vraiment peur de rien, tu fais des choses interdites et tu t’en fou complétement 🙂 j’adore ! tes photos sont géniales !

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